Le rythme du trafic routier à Ras Jedir s'accentue de jour en jour. Hier matin, des files de voitures faisaient la queue et des milliers de ressortissants s'apprêtaient à pénétrer dans le territoire tunisien. «Les combats font rage près des grandes villes et les morts se comptent par dizaines dans les deux camps. Les denrées alimentaires et les médicaments manquent dans plusieurs endroits, le carburant aussi», nous dit Jilani N., qui accompagne sa mère vers une clinique, à Sfax. Des véhicules chargés de marchandises vont aussi dans l'autre sens. Le contrôle du poste de l'autre côté de la frontière est assuré par les forces pro-Gueddafi. Contrairement au poste de Dhehiba qui est toujours aux mains des rebelles. A travers le port d'El Ketef à Ben Guerdane et quelques pistes sahariennes arrivent également, de temps à autre, des dissidents fuyant les combats et se livrant aux forces tunisiennes. Dans les camps dressés à Choucha, environ 4500 réfugiés y vivent à l'heure actuelle. Les uns attendent impatiemment d'être rapatriés vers leurs pays d'origine avec l'intervention de l'Unhcr et l'OMI ; alors que d'autres, essentiellement des Irakiens, des Palestiniens,des Somaliens et des Erythréens attendent qu'on leur trouve un pays d'asile... Les uns et les autres manifestant parfois, pacifiquement, pour faire entendre leur voix. Toujours dans la localité de Choucha, «on a commencé à installer une autre structure sanitaire qui remplacera l'hôpital marocain transféré à Zarzis», affirme M. Mongi Ben Slim, directeur du Croissant-Rouge dans le gouvernorat de Médenine. Du côté de Dhehiba, « les derniers combats ont permis aux insurgés de chasser les milices de Gueddafi d'El-Galaâ,Nalout, Yefren, Ryayna, Wazen, Jadou et Bir Ayène», selon docteur M'hiri, qui est rentré vendredi à Zarzis, après avoir achevé sa mission à l'hôpital de Zentène. « En effet, les mercenaires et les pro-Gueddafi ont battu en retraite ces derniers jours à Jebel E-Gharbi», déclare un chauffeur libyen (S.B.M), avant de continuer : «Les attaques se poursuivent, actuellement, de loin et visent les villages de Ghzaya, Tiji, Tkout, Kikla, Bir-Ghnène». Il était impossible aux milices de prendre le dessus et de s'emparer du poste frontalier de Wazen-Dhehiba. Elles se sont repliées, alors, vers la plaine de Jefra pour barrer la route aux insurgés vers la capitale, Tripoli. Hier matin, nombreux étaient les Libyens qui se dirigeaient vers les villages libérés par les rebelles. M. Jomaâ B., originaire d'El-Galaâ, qui portait un drapeau de l'indépendance sur le pare-brise de sa voiture, déclare : « C'est un retour triomphal. Je vais rejoindre mon grand fils et mon gendre et je vais inspecter les lieux. Ma femme et mes enfants sont encore à Zarzis». Dhaou MAâtoug