Après une légère baisse dans le flux des ressortissants libyens, durant la semaine écoulée, le point de passage de Ras Jedir était de nouveau pris d'assaut par des familles libyennes et plus précisément des femmes et des enfants qui transitent par Ben Guerdane et rejoignent leurs proches installés à Zarzis et Djerba. «Nous arrivons de Zaouia. Mon mari et mon beau-frère sont restés seuls, là-bas. L'électricité est coupée. Il n'y a plus de quoi rafraîchir une goutte d'eau. Nous nous rendons chez des amis à Djerba», nous confie Zakia S. qui accompagne ses petits. Le nombre de ces ressortissants a atteint 7.063, le mardi, et encore plus mercredi. Le port d'El Ketf de Ben Guerdane accueille aussi, de temps à autre, des dissidents qui arrivent par voie maritime, mais en nombre restreint. A noter que le nombre considérable des réfugiés libyens et quelques Africains, au début de cette semaine, qui a augmenté avec cette température excessive, a eu des impacts négatifs sur la zone : une pénurie de sucre et de lait à Ben Guerdane. Des problèmes de logement à Zarzis dus à la récupération des maisons offertes à des familles libyennes par leurs propriétaires rentrés de l'étranger en période de vacances. La canicule qui sévit ces derniers jours a rendu la vie infernale et insupportable et le risque de déshydratation assez grand pour les personnes âgées et les nourrissons du camp Echoucha. L'hôpital marocain installé devant la caserne de Zarzis est submergé par les patients. Il assure plus de 200 consultations par jour entre Libyens et autres. Les 20 lits pour l'hospitalisation et les 2 de la réanimation sont toujours occupés. Heureusement que l'armée tunisienne, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Unicef (service de psychiatrie) apportent leur concours à cette noble institution gérée par 70 personnes entre médecins et infirmiers. Dans l'autre sens, des dizaines de poids lourds acheminent des vivres destinés au marché libyen, en provenance de la Russie, puis transférés du port commercial de Zarzis aux zones sinistrées libyennes, ainsi que plusieurs autres voitures chargées de denrées alimentaires. Des Libyens résidant dans le gouvernorat de Médenine, surtout, vont de temps à autre contrôler leurs demeures dans les villes de Zouara, El Khoms, Ragdaline, El Ajilet, Boukamèche… nous dit-on, à Ras Jedir. Des jeunes de Ben Guerdane font également la navette, transportant du carburant et d'autres produits de première nécessité vers les villes proches de la frontière.