Par Fathia KHEMIS * Lundi 4 juillet 2011, l'élection du doyen de la faculté de Médecine dentaire de Monastir a eu lieu. Cette faculté a été de tout temps le fief des ténors du RCD déchu. Ces derniers ont continué à manœuvrer avec effronterie en faisant fi de tous les acquis de la révolution tunisienne. Pour l'occasion, le clan s'est reconstitué et il est animé par quelques membres influents de la cellule destourienne de l'enseignement supérieur ou faisant partie d'autres cellules locales. Durant la campagne électorale pour le décanat, ils n'ont cessé d'intimider leurs collègues, notamment ceux du collège B (les assistants) dont l'avancement dans le grade dépend de ces maîtres douteux. Quand ils ont constaté que les résultats des élections des chefs des quatre départements leur avaient échappé, ils ont mis le paquet pour conquérir les élections du conseil scientifique. De ce fait, ils n'ont pas hésité à faire appel aux anciennes pratiques RCD, c'est-à-dire la carotte et le bâton. Quelques jours avant la procédure de l'élection du doyen, dont le déroulement va se faire en présence du président de l'Université de Monastir, les ténors sont passés à la vitesse supérieure dans le matraquage des votants. Leur candidat de proue n'a cessé d'investir les réunions du collège B en leur conseillant vivement de faire «le bon choix», il s'agit de menaces à peine voilées. Quand le président de l'université est arrivé, une note a été lue devant l'assistance en début de séance par moi-même au nom du groupe indépendant pour mentionner les abus des candidats RCDistes, et rappeler au président que le conseil supérieur de la révolution a légiféré qu'il est interdit à tout ancien responsable à n'importe quel niveau des instances du RCD déchu de se présenter à une quelconque responsabilité dans les institutions de l'Etat tunisien. Aussi une professeur, chef de département, a témoigné publiquement qu'elle avait fait l'objet de pressions et d'intimidation de la part du candidat proclamé du clan RCDiste, en la menaçant d'annihiler toute activité au sein de son département. La réponse du président de l'Université de Monastir était évasive et il s'est contenté de dire qu'il n'y avait pas de texte qui interdise aux anciens RCD de se présenter aux postes de direction dans les institutions universitaires ! En guise de protestation, le candidat des indépendants a quitté les lieux; dans la foulée, les chefs des département ont fait de même. Ainsi donc le chef de file du RCD s'est trouvé seul candidat. Le recteur par sa passivité bienveillante a facilité le retour des ténors du RCD pour occuper les postes de décision dans les institutions de l'enseignement supérieur. Le ministre de tutelle devrait pouvoir remédier à ce dérapage dangereux — contraire aux objectifs de la révolution — ce avant l'intronisation de ce nouveau doyen le 1er août 2011. F.K. *(Professeur de physiologie à la faculté de Médecine dentaire de Monastir)