C'est dit, il faut sortir de la nuit. Ce sont des verbes mis à l'impératif qui nous remettent sur pied et nous réveillent. «Indignez-vous», c'est le cri d'un vieux résistant qui a senti que toutes nos valeurs étaient foulées aux pieds, avec des années de vacuité, des années de plomb. C'est le cri de Stéphane Hessel qui vaut pour toutes sortes de situations dans lesquelles le psychique et l'étatique ont été liés au point de nous plonger dans le coma. Cueillir le fruit de la révolte «Indignez-vous», entendons-le comme une incitation à se réveiller. En nous montait la graine de la révolte et le fruit est mûr. Ne pas le laisser pourrir par manque d'énergie à le cueillir. Oui, il y a de beaux fruits de dignité et de liberté, rouge, bleu turquoise, rose indien, arc-en-ciel. L'esprit était ankylosé comme le corps — mais la différence c'est que ça pense en nous, «ça travaille». La rébellion, c'est plus fort de jour en jour et ça éclate quand on n'en peut plus et même quand on n'attend plus… Pourquoi s'arrêter ? On doit bien reconnaître que l'énergie de l'indignation est certes un grand moteur mais il tombe souvent en panne devant l'ampleur des dégâts sur le monde. Personne — aucune personne — ne peut entamer à la pelleteuse ce travail de démolition du mur de l'ignorance et de l'injustice et cette reconstruction. C'est pourquoi il faut s'unir à un groupe, à une structure. Le verbe à l'impératif est justement au pluriel. Hessel s'est rendu compte que ça tournait mal, qu'il n'accomplirait pas son rêve, alors il lance le cri de ralliement et la révolution qu'il opère c'est qu'il ne centre pas sur lui : «Suivez-moi». Non il nous incite seulement à faire comme lui, à prendre le flambeau. Quel beau geste. Nous sommes autonomes, à nous de choisir notre angle d'attaque mais ne pas renoncer. Aller de l'avant Il n'y a plus de masque à les inquiéter. On ne peut plus invoquer le progrès indifini — car il y a des désastres — On ne peut plus invoquer «l'Etat Providence» car il a été vidé de sa force. Mais l'Etat, oui, bien des serviteurs de cette instance savent qu'il est nécessaire au bien commun. En anglais, on dit Welfare, l'Etat de bien commun. Il faut en appeler à tous ceux qui ont des valeurs généreuses et voient un peu loin. Il s'agit de réagir et ne pas dormir pendant un été si important. Avant tout il s agit de s 'indigner contre l'injustice et promouvoir la liberté et la dignité. A côté d'un contre il y a toujours un pour.