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Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 06 - 2011


Par Khaled BELLAGI*
Les révolutions, révoltes, marches et sit-in observés depuis quelques mois de par le monde portent témoignage de la mondialisation des mécontentements populaires. Ils débordent leurs aires habituelles, celles des pays dits en voie de développement, aires classiques des inégalités sociales criantes et des libertés muselées, pour concerner aujourd'hui de nombreux pays d'Europe frappés de plein fouet par les crises financières qui les rendent incapables de présever le bien-être de leurs populations.
Ces mouvements de mécontentement sont l'autre face de la mondialisation de l'économie. Phénomènes prévisibles, ils confirment les hypothèses pessimistes des mouvements altermondialistes où de certains économistes célèbres tel Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie.
Depuis les années 80, l'Occident, l'Amérique en tête, a organisé, imposé, faudrait-il dire, la liberté de circulation des biens, des services et des investissements avec la conviction d'en être les premiers bénéficiaires, tout en excluant opportunément du champ d'application de ce principe la liberté de circulation des personnes. Les grandes institutions (FMI, Banque mondiale, OMC), aux mains des pays riches, orchestrèrent cette mondialisation et imposèrent aux pays pauvres des traités commerciaux en apparence équilibrés, mais en vérité traités asymétriques mettant face à face sur la balance, des kilos face à des grammes, des économies avancées en phase post-industrielle face à des pays émergents qui avaient encore à construire leur outil industriel, à former leurs élites scientifiques et techniques et à maîtriser les instruments de l'innovation de la compétition commerciale internationale.
Cette injustice plonge ses racines dans la période coloniale quand les rapports de force d'antan orientaient les flux des richesses des pays dominés vers les pays dominants et garantissaient en retour à ces derniers des marchés captifs. Les décolonisasions ne changèrent pas fondamentalement les termes de l'échange : l'ancien colonisateur fut simplement relayé localement par les colonisateurs de l'intérieur que furent les despotes indigènes vendus à leurs anciens maîtres.
Plus proche de nous, les Etats-Unis d'Amérique, acteurs dominants de l'économie mondiale, ont mis en œuvre leur politique de déréglementation des marchés financiers et de libre-échange. Dès lors, la mondialisation n'était plus portée par les armes des Etats.
Elle se trouvait dorénavant propulsée par des firmes transnationales dont la seule loi est financière, celle du profit à tout prix, au mépris des droits de ceux qui travaillent et génèrent ces richesses, et cela tout en restant étroitement liées aux intérêts commerciaux et financiers des Etats riches.
Dans les pays émergents, sauf exceptions notables où une bonne gouvernance et/ou un puissant nationalisme économique permit de préserver les intérêts nationaux et de soutenir un développement endogène rapide (Inde, Chine, Brésil, Malaisie, Vietnam), dans la plupart des autres pays, la mondialisation n'a pas apporté beaucoup de bienfaits : inégalités sociales aggravées, élargissant le fossé entre riches et pauvres. Le taux de pauvreté ne diminue pas : 40% de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour et par personne. Parallèlement à l'affaiblissement des Etats, la mondialisation et la crise financière dont elle accoucha sont responsables de la fragilisation des sociétés avec leurs conséquences dramatiques : montée du chômage, austérité économique (touchant tous les secteurs : éducation, santé, protection sociale, développement régional), débouchant sur les crises sociales et politiques que nous vivons aujourd'hui.
Les peuples arabes ignorés par leur classe politique
Les premiers bouleversements politiques observés d'abord en Tunisie puis en Egypte ne sont pas fortuits. Ils ont éclaté dans des pays où les tensions sociales étaient à leur paroxysme, amplifiées par l'exécration de régimes corrompus et mafieux. Depuis les années cinquante, les peuples arabes ont été ignorés par leur propre classe politique, d'abord au nom de leur sous-développement structurel, ensuite au nom de la lutte contre le sionisme et l'intégrisme. Passée la première décennie vertueuse et pionnière des post-indépendance, les castes dirigeantes de tous ces régimes totalitaires se livrèrent, toute honte bue, au pillage des ressources de leurs pays avec la complicité agissante de leurs partenaires étrangers.
La situation est peu ou prou similaire dans tous les pays arabes. Les sciences physiques enseignent que les mêmes causes génèrent les mêmes effets, faut-il alors s'attendre à un effet domino? Il faut l'espérer mais rien n'est moins sûr ! Ici et là, comme en Algérie, des prodromes sous forme d'émeutes de quartiers ont annoncé depuis des années cette évolution inéluctable vers des soulèvements populaires généralisés. Cependant, ceux-ci peinent à se transformer en révolution. Cela est vrai en Libye, au Yémen et en Syrie où les despotes en place ont vite appris des révolutions tunisienne et égyptienne et s'organisent pour se maintenir en place en ayant recours à la terreur contre leurs populations civiles. C'est également vrai pour les pays du Golfe comme Bahreïn et Oman, qui étouffent le mécontentement populaire par les pétrodollars et par la coercition militaire. Même s'ils s'en défendent, les régimes occidentaux, qui ont salué avec un retard certain la chute des régimes de Ben Ali et de Moubarak, doivent se dire aujourd'hui qu'il convient d'arrêter les frais, de maîtriser la vitesse du changement pour pouvoir peser dessus et éviter une contagion qui pourrait demain les concerner. Cette attitude ambiguë le sera de moins en moins, au fur et à mesure que les crises migreront vers le Proche-Orient, qu'elles se rapprocheront des champs de pétrole et qu'elles risqueront un jour ou l'autre de toucher aux intérêts vitaux de leur protégé prioritaire : Israël. C'est ainsi qu'il convient d'interpréter la passivité de la communauté internationale face aux massacres en cours en Syrie et au Yémen et la proposition récente de la France et des Etats-Unis de réactiver d'urgence les négociations israélo-palestiniennes (propositions en apparence convergentes mais en fait recouvrant des nuances importantes dans le non-dit qui les sous-tend).
Les peuples arabes asservis n'ont pas attendu le mot d'ordre de Stéphane Hessel pour s'indigner et se révolter. L'humiliation nourrit l'indignation qui engendre les révoltes populaires. Ce cycle hard trouve un écho soft dans d'autres pays du monde; mais on peut prédire sans risque que l'Europe est mûre pour une radicalisation des mouvements. La redistribution des cartes économiques mondiales du fait de l'émergence des géants à la croissance à deux chiffres comme la Chine, l'Inde, le Brésil, voire de pays de moyenne taille comme la Turquie et le Vietnam, imposera à court terme aux anciens pays industriels un rééquilibrage douloureux. La crise financière mondiale de 2008 à de surcroît dévoilé l'ampleur de l'hypocrisie d'un système capitaliste débridé. Le système bancaire a été remis en selle par l'élite politique pourtant élue par ceux-là mêmes que la crise a désarçonnés, leur faisant perdre emploi, logement et protection sociale. Les promesses des dirigeants occidentaux de moraliser le monde de la finance sont et resteront des vœux pieux. Ils ne seront jamais mis en œuvre car cela est contraire à leurs propres intérêts compradore. Le monde politique fraye avec le monde de la finance.
Alors qu'attendre de lui pour lutter contre la spéculation sur les matières premières, les denrées agricoles, la fuite des capitaux dans les paradis fiscaux, etc. ? Alors que la banqueroute touche plusieurs pays d'Europe et se propage à d'autres régions du monde, rien n'a été fait pour réformer la gouvernance mondiale. Les classes populaires les plus défavorisées sont toujours en première ligne, comme à la guerre, pour affronter les ratés du système. Le «contra social» entre les citoyens et l'Etat a été rompu. L'équité, à la base de ce contrat, s'est transformée en injustice sociale. En Espagne, en Grèce et ailleurs, les indignés se soulèvent en masse.
Il faut transformer le sentiment d'indignation en action politique efficace pour aboutir à la mise en place, non pas seulement d'Etats de droit mais surtout d'Etats justes ou du moins équitables car si le droit est l'instrument et la référence, la justice ou l'équité en sont la seule vraie finalité. Des associations nationales «d'indignés» doivent se mettre en place et s'internationaliser grâce aux réseaux sociaux et au Net. L'indignation politique doit se fixer l'objectif de réformer au plus vite la gouvernance mondiale et le modèle économique qui a failli, modèle qui, aujourd'hui, détruit l'homme, son environnement, la terre qui le porte et la nature qui le nourrit.
La lutte séculaire du pauvre contre le riche, de l'opprimé contre le prévaricateur, inscrite depuis l'aube de la civilisation dans le code d'Hammourabi, doit se mondialiser.
Le «printemps arabe» a montré le chemin. La pression ne doit pas se relâcher, car des forces occultes travaillent dans l'ombre, utilisant des chevaux de Troie.
Indignés de tous les pays, unissez-vous!


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