L'indignation est le signe parfait de la prise de conscience à travers laquelle tout être humain réalise qu'il existe. « Je pense donc je suis » a déjà affirmé René Descartes, voilà plus de trois siècles. C'est aussi en réalisant qu'il existe que tout être humain s'indigne contre une certaine situation où il, se sent opprimé, lié, ou pris au piège. Ce livre de Stéphane Hessel, n'est pas du tout un cri de détresse. C'est au contraire un appel à la lutte contre toute forme d'oppression ou de domination, pour un avenir meilleur. L'espoir de l'être humain réside dans son indignation qui le mène à s'engager à œuvrer constamment à affronter les difficultés quelles qu'elles soient et surmonter les obstacles qui l'empêchent à aspirer à un monde meilleur. Agé actuellement de 93 ans, Stéphane Hessel, homme plein de qualités et d'expérience, a commencé à s'indigner dès sa tendre jeunesse, contre toute forme d'injustice. D'origine juive il a subi les pires exactions dans les camps de concentration nazis et a échappé à la mort par miracle. C'est grâce à sa conscience d'homme opprimé, à cause de ses origines, qu'il a pu maintenir, vivace, cette ferme volonté de ne jamais rester indifférent, de surmonter les obstacles et échapper ainsi à la mort après plusieurs évasions, pour retrouver de nouveau les siens. A la libération, et après avoir rejoint Charles De Gaulle, il devient le diplomate le plus actif dans le domaine des droits de l'Homme. Secrétaire de la commission des droits de l'Homme aux Nations Unies, il fut parmi ceux qui ont contribué à la rédaction de la déclaration des droits de l'Homme, adoptée le 10 décembre 1948 par les Nations Unies. Il rappelle dans son livre que ce sont les années de résistance qui « ont servi de socle à son engagement politique. Cependant, il nous appartient dit-il de veiller « tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers ». Pour lui cette société, est celle des immigrés sans-papiers, et des sans travail. Elle concerne aussi la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie. Cette société dont nous devons être fiers est celle de tous les opprimés ; c'est une société universelle, qui incitera à s'indigner, et c'est cette indignation qui permettra à aspirer à un monde meilleur. A propos de Gaza l'auteur fait part de son indignation par ces mots : « Gaza c'est une prison à ciel ouvert pour un million et demi de Palestiniens. Une prison où ils s'organisent pour survivre…..Nous avons été impressionnés par leur ingénieuse maniére de faire face à toutes les pénuries qui leur sont imposées…. » A propos de ce qui est appelé « terrorisme palestinien » il explique que c'est une forme d'exaspération. Cependant appelant à la non violence, l'auteur incite plutôt à l'espérance plutôt qu'à l'exaspération. « L'exaspération est un déni de l'espoir » dit-il. Il termine son livre par ces mots magnifiques qui redonnent espoir, tout en gardant cette volonté de combattre et de s'indigner, par ce qu'il appelle « la résurrection pacifique » : « Créer, c'est résister, résister c'est créer ». C'est par cette équation, qu'on peut aspirer à un monde meilleur, sans pour autant rester indifférent. La Révolution nous a permis de briser les tabous et de rompre les liens de l'oppression et des injustices. Il nous importe actuellement d'aller de l'avant par cette résurrection pacifique, à laquelle appelle l'auteur. Celui-ci, à l'automne de sa vie reste encore plein d'espoir, et surtout toujours prêt à s'indigner. Ahmed NEMLAGHI *Editions Indigène, France 2011.