C'est depuis l'âge de cinq ans que Craig Adams joue du piano et chante, nous dit-on. Et tout cela se voit et ne nous étonne donc pas! Quel talent et quelle présence scénique que nous avons eu la chance d'apprécier avec délectation et même avec une folle joie, mardi dernier, au musée de Carthage. Depuis sa tendre enfance, ce chanteur est considéré comme une figure emblématique des églises noires de la Nouvelle Orléans, berceau du blues. Suivant les traces de son parent Fats Domino, il est aujourd'hui l'un des plus talentueux pianistes et organistes de la Crescent City. Partageant les scènes dans de nombreux festivals, dont ceux français, avec les grands noms du jazz, du funk et du blues, il fut, entre autres, au festival «Jazz à Vienne», aux côtés de Liz Mac Comb, au «Strasbourg Jazz Festival» en compagnie de la chanteuse Ayo que nous avons accueillie récemment dans ces «Nuits de Carthage», mais aussi (tenez-vous bien!) en compagnie de la mythique Joan Baez lors du festival «Jazz à Nice». Le retard de 30 minutes, devenu maintenant la marque de cette édition (dans la même veine que les précédentes, faut-il le dire!) en valait la chandelle, cette fois. C'est en compagnie d'un batteur, un guitariste et quatre charmants choristes que le chanteur rejoint la scène. Nous souhaitant de passer un bon moment de musique en sa compagnie, il entame son concert avec de petites notes de piano, le temps de présenter les membres de son groupe. «Longue vie et paix», nous dit-il avant d'augmenter la cadence, une manière de réchauffer un public encore timide. Entre morceaux soul et d'autres plus détonants, l'artiste enflamme l'audience, en invitant (vers le quatrième morceau) le public à se mettre debout et à danser devant la scène. Le gospel aux origines africaines, ce chant religieux chrétien, n'est-il pas, avant tout, synonyme de joie? Une joie qu'on se transmet en chantant et en dansant. Et ce fut le cas, ce soir-là, car tout le monde s'est déchaîné, tout le monde s'est déhanché sur les notes crépitantes du piano. On ne peut passer sous silence le charme et la gestuelle des trois choristes femmes, ainsi que la sympathie et l'incroyable timbre de leur partenaire masculin. Grâce à leurs possibilités vocales et à leur attitude particulière sur scène, ils ont ajouté, à juste dose, ce plus qui fait le charme des spectacles de gospel. Et comme Craig Adams a réservé le meilleur pour la fin, comme l'on dit, il le fit avec le célèbre titre «Oh happy day». «Quelle belle journée, quand Jésus m'a lavé…m'a lavé de mes péchés… Quelle belle journée...», nous a chanté l'artiste, avant de disparaître avec les choristes dans le noir de l'arrière-scène, pour réapparaître (surprise!) en bas, parmi le public qui n'a pas manqué d'exprimer sa joie, noyant les artistes américains sous les applaudissements. Et Adams de convier tout le monde à danser et à partager ces purs moments de bonheur où on s'est plu à se laisser aller, à ne songer qu'à l'immédiat, à l'instant présent. De retour sur scène, le chanteur nous offre un dernier morceau pas moins entraînant que les précédents. Pas de fausses notes, ni de demi-mesure, Craig Adams a été généreux et en forme jusqu'au bout! Bravo l'artiste.