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Mère au boulot, père souvent absorbé par tout et rien: Où « crèche » l'éducation des petits ?
SOCIETE
Publié dans Le Temps le 24 - 11 - 2008

La famille, l'école, la société, ce sont les trois instances par lesquelles passe dans l'ordre l'être humain pour se forger une personnalité, se doter d'un caractère. En dépit du rôle très important que jouent ces dernières, celui de la première reste de loin le plus déterminant.
C'est l'institution de base sur laquelle se bâtit tout l'édifice. Elle est le premier monde pour le nouveau-né, c'est là qu'il s'initie à la vie, qu'il apprend à devenir homme. Le moment le plus délicat, selon les psychologues, est celui qui se situe entre l'âge de bébé et l'enfance, de la naissance jusqu'à trois ans, car c'est la période où s'accomplit sa formation affective et intellectuelle, ce qui veut dire que la présence de la mère à ses côtés est indispensable, elle est la source de cette affection. Voilà pourquoi, et toujours suivant les spécialistes, on ne devrait pas mettre un enfant en garde, ni dans une école maternelle avant cet âge.
Avec les contraintes matérielles de la vie moderne, la mère tunisienne, comme toutes les mères du monde entier, a quitté le foyer et pris le chemin du travail. Cette nouvelle réalité l'a obligée à abandonner ses enfants, à les confier, si ces derniers ont de la chance, à la grand-mère ou bien, et c'est le cas le plus fréquent, à ce nouvel organisme appelé crèche. Cette séparation n'est pas sans perturber profondément l'enfant en laissant des séquelles dans sa psychologie, des traces indélébiles qui apparaissent ultérieurement dans son comportement, car cette remplaçante est incapable de suppléer la mère. C'est la manière d'entretenir les enfants dans cet endroit qui nous laisse si affirmatif. Asma, une employée dans une crèche, nous dit que « nos tâches consistent à s'occuper de leur nourriture, de leur sommeil, à les aider à faire leurs besoins naturels dans les toilettes, à les amuser avec des jouets et des jeux ». Comme on peut le constater, dans cette liste de besoins il en manque un, le plus important, celui d'être dorloté. L'enfant doit savoir qu'on l'aime, et pour lui exprimer cet amour, il faut le blottir, le bercer, lui parler, lui chanter des chansons. Et ce n'est pas dans une crèche qu'on va offrir ce contact physique affectueux, ce besoin nécessaire pour l'épanouissement de l'enfant, les conditions n'y sont pas favorables. « Nous avons beaucoup d'enfants, on n'a pas le temps pour les dorloter, c'est à peine qu'on parvient à satisfaire leurs besoins essentiels, nous répondit l'employée de la crèche. Et sincèrement, ce n'est pas pour un salaire misérable de 200 dinars que je vais me tuer, passer onze heures à la file, depuis 7 heures jusqu'à 18 heures, avec des mômes qui pleurent presque tout le temps et dont les besoins n'arrêtent pas est très épuisant. Quand je rentre chez moi le soir, j'ai la tête qui tourbillonne à cause de leurs cris, conclut-elle ». Voilà comment raisonne et se comporte une soi-disant nourrice censée donner ses soins à l'enfant dont elle a la garde, dorloter pour elle n'est pas un besoin essentiel. On ne peut pas la blâmer, car elle n'est ni qualifiée pour jouer ce rôle, étant donné qu'elle n'a pas reçu la formation escomptée, ni bien rémunérée.
Une nourrice et non pas une baby-sitting
Dans une crèche, l'enfant est supposé trouver une vraie nourrice dont le métier c'est de l'aider à rendre moins douloureuse la séparation affective de la mère et non pas une baby-sitting s'occupant seulement du besoin de manger, de celui de dormir, de celui d'uriner et d'aller à la selle. Dans la plupart de nos crèches, le personnel n'est pas qualifié, et dans certaines d'entre elles, même la patronne ne l'est pas, puisqu'on peut en louer une. Saloua, une propriétaire d'une crèche, s'explique sur cette question. « Faire venir de vraies nourrices est très coûteux, elles sont diplômées et exigent donc un salaire plus important, cela m'obligerait à augmenter le tarif, à la place de 70 dinars, il serait au moins de 100 dinars, ce qui n'arrangerait pas les parents qui peinent déjà à payer le tarif actuel, on sait les difficultés de la vie. Sincèrement, depuis l'année dernière, j'ai décidé de ne plus prendre des enfants de moins de trois ans, comme ça je peux bien m'occuper d'eux, c'est un âge très difficile, la plupart des enfants que j'ai en ce moment sont plus grands, ils sont beaucoup plus faciles que les autres, affirma notre interlocutrice ».
Les confidences de cette professionnelle confirment la grande importance de cette période dans la vie de l'enfant et dévoilent la réalité d'un bon nombre de crèches. Soukaïna, étaye cette vérité par son expérience et nous indique une nouvelle adresse. « La crèche n'a été bénéfique ni pour ma fille aînée ni pour mon fils cadet , nous confia-t-elle. Celui-ci qui n'est pas encore en âge d'aller à l'école, il a deux ans et demi, je viens de le placer chez une nourrice qui est beaucoup moins chère que la crèche, il va beaucoup mieux maintenant, il pleure moins, avant, il ne voulait pas aller à celle-ci, parfois quand j'allais le chercher en fin d'après midi je le trouvais tout en pleurs, il disait qu'on l'a grondé ou frappé, là, il ne se plaint plus comme autrefois, il est bien entouré par cette dame qui prend soin de lui et des trois autres enfants à sa charge qui ont le même âge que lui, ajouta-t-elle ». Ce témoignage également met l'accent sur l'importance des conditions dans lesquelles se trouve l'enfant pour l'aider à mieux supporter l'absence de sa mère. Le nombre très élevé des enfants dans une crèche conjugué au manque de formation du personnel les accueillant n'est pas un facteur favorable à leur épanouissement. C'est précisément le nombre limité des enfants à garder qui permet à la nourrice à domicile de réussir sa tâche relativement à la crèche trop chargée. Elle trouve le temps de les dorloter, de leur prodiguer un peu de tendresse.
Toutefois, quelque soit sa bonne volonté, quels que soient sa disponibilité et son savoir faire, une nourrice est incapable de remplacer la mère. Cela se remarque à la fin de la journée lorsque celle-ci vient récupérer son enfant qui manifeste une joie intense en la voyant, c'est comme s'il ne l'avait pas vue pendant des jours. Une chose est sûre, c'est qu'un enfant qui jusqu'à trois ans a vécu chez des étrangers souffrira d'un déficit affectif et intellectuel, et quand la première phase n'est pas vécue normalement, les autres s'en ressentent. Cela expliquerait la timidité des uns et l'agressivité des autres. Mais lorsque cette phase est bien réussie, quand l'enfant de trois ans, qui s'apprête à quitter sa mère pour intégrer le monde des autres enfants de son âge dans la maternelle, est équilibré, tranquille et psychologiquement en bonne santé, il ne ressent « l'angoisse de séparation » que peu de temps.

Des solutions à envisager
Le congé de maternité de deux mois est trop insuffisant, le bébé a besoin d'une présence plus prolongée de sa mère. Quand ces vacances sont soldées, celle-ci se trouve obligée de recourir à des subterfuges tels que le certificat médical de complaisance pour rester le plus longtemps possible près de son enfant, parce que les deux heures accordées pour l'allaitement ne suffisent pas. Jouda, une fonctionnaire, nous dit « j'ai beaucoup peiné lorsque mes enfants étaient bébés, je trairais le lait de ma poitrine et le mets dans le biberon que je laisse à la crèche, car le lieu du travail se trouvait loin de chez moi. Avec le temps, il s'est formé comme des cailloux autour de mes mamelles à force de presser fort et j'ai craint d'attraper le cancer des seins, nous confia-t-elle ».
Remédier à la situation ne relève pas de l'impossible, il suffit qu'il y ait de la bonne volonté, car plusieurs solutions sont envisageables. On peut, par exemple, accorder à la femme le travail à mi-temps pendant les trois premières années de l'enfance, ou bien faire bénéficier le père aussi d'un congé pour s'occuper de son enfant à l'instar de ce qui se passe dans certains pays européens. Cela est dicté par les changements considérables qu'a connu le rôle aussi bien social que familial de l'homme et de la femme partout dans le monde. Les organisations féministes sont les symptômes de ces grands bouleversements des sociétés humaines.
Conscients de l'importance de la question relative à l'éducation des enfants, certains pays européens ont installé des crèches sur les lieux du travail pour permettre à la mère d'être proche de son bébé. On les a même équipées de caméras de surveillance reliées au système GPRS pour que les parents puissent se rassurer que leurs enfants sont bien pris en charge. S'ils y ont pensé et pris ces mesures c'est que la chose mérite toute cette attention, ce n'est pas de l'expérimentation ce qu'ils sont en train de faire, ces gens n'agissent qu'après avoir effectué des études approfondies. Nos communes, nos entreprises publiques, notre ministère de l'enfance, toutes ces institutions sont invitées à y réfléchir, elles devraient contribuer à créer un cadre harmonieux pour le développement et l'épanouissement de l'enfant pour bien le préparer aux étapes suivantes. Pourquoi n'emboîtent-ils pas le pas à leurs homologues européens? Ne sont-ils pas notre modèle à suivre dans d'autres domaines ? Alors pourquoi pas dans celui-ci ? Il y va de l'homme, de la société de demain, les investissements à consentir en valent la chandelle.


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