Le derby nord-africain va honorer ce soir les deux révolutions tunisienne et égyptienne, avec pour enjeu la suprématie d'une des deux équipes dans cette Champion's League. C'est une très vieille connaissance que rencontre tout à l'heure (21h30) le détenteur du doublé national 2011 sur la pelouse de Radès, à huis clos. Deux doyens seront à l'épreuve continentale:l'Espérance de Tunis, fondée en 1919, et Al Ahly du Caire, dont la création remonte à 1907. Le palmarès fabuleux des «Sang et Or» est très connu. Celui du champion d'Egypte 2011 n'est pas moins étourdissant : les Diables rouges comptent dans leur galerie de nombreux trophées : 36 championnats, 35 coupes nationales, 6 Ligues africaines des champions (ou son ancienne version, la coupe d'Afrique des clubs champions ), 4 coupes d'Afrique des vainqueurs de coupe, 4 supercoupes d'Afrique, une coupe afro-asiatique, 1 Ligue des champions arabes, une coupe arabe des vainqueurs de coupe, 2 supercoupes arabes... Un palmarès long comme une nuit d'hiver. Comme cette soirée du 17 octobre 2010 qui a enseveli les espoirs des hommes du — déjà ! — légendaire technicien portugais, Manuel José. Débarqués à Radès chercher la qualification en finale de la C1 après leur succès du Caire (2-1), ils allaient céder sur un but du rusé Nigérian Michael Eneramo. Et pas n'importe quel but, l'attaquant espérantiste s'aidant de la main, ou plutôt smashant tel un volleyeur le cuir à la réception d'un corner de Msakni sans que l'arbitre ghanéen Lamptey s'en aperçoive. On jouait la première minute. Les Tunisois, conduits par Faouzi Benzarti, allaient dès lors s'arcbouter sur leurs bases en défense suite au but de Darragi inscrit au Caire et qui compte double. Ils ruminent leur revanche Les copains de Aboutrika, qui n'avaient plus disputé la finale de la LCA depuis 2008, ruminent, depuis, leur revanche. Ils espèrent que le Sénégalais Badara Diatta, l'arbitre de ce soir, sera meilleur que le Ghanéen Lamptey. L'enjeu est certes moins important qu'il y a un an, puisque, en phase de poules, il y a toujours une possibilité de rachat. L'ambiance, aussi, n'aura rien à voir avec celle, électrique, de l'automne dernier étant donné que le huis clos est décrété ce soir. Mais la rivalité n'en perdra pas pour autant en âpreté. Mohamed Baraket, le vieux routier, manquera à l'appel, et du coup, les équilibres au milieu s'en trouvent affectés. Manuel José espère pouvoir récupérer, même pour un emploi en cours de jeu, son véloce attaquant sénégalais Dominique Da Silva, vieille connaissance du public du Club Sfaxien, rétabli, mais pas complètement compétitif. Pourtant, les cadres historiques seront de la partie‑: le mythique Mohamed Aboutrika, qui n'a néanmoins plus son rayonnement d'antan (l'âge est assassin!), Waël Jomaâ le solide défenseur à l'expérience consommée et la paire d'attaque Nagy Geddo-Imed Motaâb, un tandem, dont on n'est pas certain qu'il sera associé aujourd'hui. Equilibres tactiques obligent ! Al Ahly a trouvé un second souffle dans la deuxième moitié de la saison, ce qui lui a permis de remonter un retard de sept points sur le frère ennemi Ezzamalek. Pourtant, il reste sur une petite performance (un nul 3-3 au stade de l'Académie militaire contre les Marocains du Wydad), pour son baptême du feu en phase de poules. Signe d'un début d'essoufflement?