«Le train : sûreté, confiance, ponctualité, confort. Avec le train, on voyage en toute quiétude» : tel est le slogan que s'est choisi la Sncft pour promouvoir ses services de transport ferroviaire de longue distance. Seulement, les voyageurs de la ligne Béja-Jendouba-Ghardimaou sont loin de goûter au confort et de jouir de la ponctualité des trains qui les mènent régulièrement à leurs destinations. Les retards sont de plus en plus fréquents, voire aberrants, puisqu'ils atteignent parfois les cinq heures. Les machines utilisées pour cette ligne sont obsolètes. Elles tombent souvent en panne. C'est l'un des principaux motifs des retards. Les voyageurs ne cessent de réclamer une solution à ces problèmes, comme nous le confirme notre interlocuteur, un employé de la Sncft, gare de Béja, qui a préféré garder l'anonymat. Il commence par nous montrer le cahier des réclamations, où toutes les pages sont remplies et signées par des voyageurs mécontents et contestataires, qui demandent le simple droit d'arriver à l'heure, dans de bonnes conditions. «Même après le 14 janvier, la région est délaissée. Les promesses d'un nouveau parc tardent à se concrétiser alors que les autres régions ont déjà le leur, et ce, depuis longtemps», explique-t-il. Plus précisément, les locomotives sont tellement vieilles que leurs pièces de rechange n'existent plus. Et malgré la saison estivale, la plupart des climatiseurs à l'intérieur des wagons sont en panne. De plus, la ligne Béja-Jendouba-Ghardimaou souffre souvent de surcharge. Le nombre d'allers et de retours ne suffit pas à couvrir les besoins du trafic quotidien, surtout en périodes de pic (fêtes, vacances…). La gare de Béja, qui est l'une des principales gares de cette ligne, ne permet plus de croisements de trains depuis plus de quatre mois. La raison en est que la table de contrôle optique, installée en 1981, est uniquement valable pour vingt ans. Une panne dans cette table a condamné l'une des deux voies de la gare à être fonctionnelle uniquement dans une seule position. Résultat, plus de croisements possibles à son niveau et beaucoup plus de retards qu'avant, les trains étant obligés d'effectuer le croisement dans d'autres gares. Et l'administration dans tout ça ? L'employé de la gare affirme que les réclamations n'ont pas eu de réponse de la part de la direction, malgré des réunions avec les syndicats des travailleurs de chemin de fer et le port de brassards rouges pendant tout un week-end pour attirer l'attention sur leur cas. «C'est un secteur sensible et nous ne pouvons être complètement en grève», ajoute-t-il. A leur tour, les employés ont des revendications pour l'amélioration de leurs conditions de travail, qui influent directement sur la qualité des services fournis par la compagnie. Parmi les propositions, la modernisation du parc et des méthodes de travail en général, assurer le confort autant des voyageurs que des employés (climatisation des gares et des guichets, conditions de sécurité, etc.). Ces derniers ont aussi besoin de régularisation de leurs situations, de prise en compte des heures supplémentaires et des déplacements, régis par d'anciennes lois qui ne répondent plus à la réalité et aux circonstances de leur travail. Enfin, le problème de la ligne Béja-Jendouba-Ghardimaou est aussi un problème de mentalité et de respect des droits et des devoirs de tout un chacun. Car le voyageur doit assumer sa part de responsabilité. Quand on ne respecte pas la classification des wagons, entre première et deuxième classes et classe confort, et quand on essaye par tous les moyens de resquiller, entravant le bon déroulement du voyage et le travail des contrôleurs, il est clair que l'on contribue à ce que la situation ne s'améliore pas. N'est-ce pas ?