En cette période de remise des notes aux élèves, nous avons-nous aussi choisi d'évaluer les « aptitudes » de nos routes et de nos voies ferrées. Mais comme les notes sont généralement attribuées selon des critères comparatifs, il faut donc savoir à qui on veut être comparé concernant l'état et l'évolution de nos réseaux routier et ferroviaire : par rapport aux pays développés, nous sommes ici et là en dessous de la moyenne ; peut-être aurions-nous des chances de bénéficier du « rachat » pour l'état de nos routes. Si par contre, la comparaison se faisait avec les pays en développement ou franchement sous-développés, nous pouvons être sûrs de figurer sur la liste des « bons élèves » ! C'est là une appréciation d'ensemble dont les termes métaphoriques sont empruntés au lexique des écoles, mais si l'on empruntait le langage des hôpitaux, nous dirions que nos routes sont convalescentes tandis que l'état de santé de nos voies ferrées reste tout de même inquiétant malgré les efforts soutenus qui visent à réanimer le secteur. En tout cas, la guérison totale doit impérativement passer par une opération chirurgicale de grande envergure qui risque de durer longtemps et de coûter très cher au budget de l'Etat ! En attendant donc que nos deux « réseaux » atteignent la pleine forme, nous livrerons dans ce modeste bilan, quelques remarques sur l'état présent de quelques voies routières et de certaines lignes de transport ferroviaire.
Autoroutes satisfaisantes mais... Commençons par les autoroutes déjà opérationnelles : dans l'ensemble, leur état général est satisfaisant ; l'entretien y est régulier mais attention aux dégradations de plus en plus fréquentes des revêtements de la voie qui font que la circulation sur certains tronçons oblige à des ralentissements parfois inadmissibles : tout récemment la réfection de la route au niveau de Turki imposa aux automobilistes de rouler à 10 à l'heure sur une dizaine de kilomètres. Les travaux engagés devant les guichets de péage ont également occasionné des embouteillages fréquents bien qu'évitables. Pour ce qui est de la sécurité, elle est quasi permanente mais le contrôle de la vitesse au radar est, paraît-il, un petit conte merveilleux qu'on raconte aux enfants pour leur faire peur ! Il n'empêche que sur nos autoroutes, le nombre des accidents s'est considérablement réduit. Ce qui suscite quelques autres interrogations, c'est d'abord cette relative lenteur constatée au niveau de l'achèvement des deux grandes lignes qui relient la Tunisie à la Libye et à l'Algérie. On procède encore par tronçons (d'abord Tunis-Msaken, puis Msaken- Sfax ; Tunis-Oued Zarga et dans on ne sait combien de temps Boussalem-Oued Zarga etc), si bien que le feuilleton finira par ressembler un peu trop aux séries mexicaines !
La plaie qui ne se cicatrise pas Sur les routes nationales, il y a beaucoup à dire et à redire par exemple au sujet de la RN 1 qui s'étend sur 580 kms et traverse pratiquement tout le pays depuis le Nord jusqu'aux confins du Sud. Bien que le trafic y ait été allégé par la construction de l'autoroute, elle demeure une route à risque, notamment entre Sousse et Sfax. Cette voie très sollicitée par les gros véhicules est trop étroite et le doublage y représente à tout moment une opération suicidaire. A quand donc une révision de la largeur de la route en particulier sur les tronçons les plus dangereux. Remarquons à ce propos qu'entre Sfax et Gabès, on a l'impression de rouler sur une double voie tant la route est large, ce qui malheureusement n'est pas le cas en direction de Médenine et Tataouine ! La RN 7 qui relie la capitale à Tabarka, c'est depuis des décennies maintenant la voie que l'on refait et re-refait le plus souvent sur le territoire tunisien sans jamais s'arrêter de le faire un jour. Les plus importantes dégradations se produisent fréquemment entre Mateur et Sejnane ; il fut un temps (et nous pensons que cela continue aujourd'hui encore) où des panneaux vous signalaient sur cette route, des dégradations en série à des endroits si rapprochés les uns des autres qu'à la fin vous vous demandez s'il existe un seul tronçon de la voie épargné par les défectuosités. On répare certes de temps en temps mais d'une manière si sporadique et si légère, qu'en quelques jours les trous réapparaissent dans des dimensions plus effrayantes. Et ça cahote et cahote sur près de 200 kms ; en autocar, le voyage vers Tabarka par la RN 7 s'apparente tout simplement à l'odyssée d'Ulysse !
Que de tronçons dégradés ! Entre Béja et Nefza, le voyage est toujours des moins confortables tout comme sur la route reliant Béja à Mateur. C'est encore pire sur la RN 12, entre Sousse et Sers, notamment sur le tronçon qui passe par Chebika, Haffouz, Kesra et Makthar. A certains endroits, il vous semble participer à un rallye périlleux sur cet itinéraire qui présente en effet trop de parties dégradées et risquées. Idem pour la route qui relie Ennfidha à Zaghouan : c'est une voie trop étroite pour un seul véhicule ! Et puis que de dégradations à répétition ! Même remarque au sujet de la partie de route entre Fahs et Medjez-el Bab. Pour la RN 6 qui relie Tunis et Ghardimaou, son état est de plus en plus satisfaisant, surtout depuis qu'on a complètement réaménagé et agrandi le tronçon appelé Rhayett, à une vingtaine de kilomètres de Béja. Cependant, à l'entrée de la ville des cigognes, on déplore d'incessants travaux apparemment sans réelle efficacité. Entre Jendouba et Aïn-Draham, les défectuosités apparaissent régulièrement sur les hauteurs et chaque année les mêmes endroits donnent lieu à de nouveaux chantiers. A propos d'Aïn-Draham, il y a lieu de remarquer que le raccourci (appelé route des 7 cheikhas) entre cette ville et Béja fait gagner beaucoup de temps à ceux qui l'empruntent, encore faut-il sécuriser la voie surtout que la région par laquelle elle passe est presque inhabitée ! De plus, les conducteurs se plaignent d'un manque flagrant de signalisations appropriées à cette route aux nombreuses sinuosités et aux fréquents changements de hauteur !
A remettre sur les...rails En ce qui concerne le réseau ferroviaire, le principal des lignes est hérité de l'époque coloniale. Dans les trois dernières décennies, le réseau ne s'est agrandi que de quelque 200 kilomètres et s'est équipé de seulement 25 nouveaux trains. Les rénovations entreprises sur beaucoup de lignes et de gares, l'effort d'électrification de certaines voies, le renforcement de l'équipement en passages à niveaux modernisés, l'intérêt accru pour la maintenance du matériel et des véhicules, tout cela est manifeste et mérite d'être encouragé ; mais sur d'autres plans, la SNCFT a du pain sur la planche : il y a d'abord à répartir équitablement entre les régions cet effort d'amélioration dans le transport ferroviaire. La ligne entre Tunis et Ghardimaou mérite davantage d'égards de la part des responsables de la compagnie et de ceux du Ministère des transports. Depuis le temps que les voyageurs se plaignent des mauvais services et de l'équipement médiocre mis à leur disposition, la réaction de l'administration aurait pu, si celle-ci l'avait voulu, réaliser de nombreuses améliorations sur ladite ligne et aurait fait taire les « mauvaises langues » qui se déchaînent par moments et s'acharnent sur tout le monde sans distinction ! Le nombre des gares rénovées ou construites à la place des anciennes reste très limité, tout comme celui des doubles voies créées et des voies électrifiées. D'autre part, et vu les manques enregistrés au niveau du parc trains et des voies praticables, est-il urgent de rénover la gare de la capitale ? D'autres gares vraiment vétustes et inadaptées méritent d'être détruites et remplacées par des bâtiments plus dignes d'un pays indépendant et aspirant au développement continu et durable ! Dépensons l'argent que rapportent les 40 millions de voyageurs chaque année dans les projets de modernisation des divers équipements de la société pour un transport plus rapide et plus confortable ! Un jour ou l'autre, le matériel raccommodé mille fois finira par ne plus tenir. Nous avons pris connaissance des projets de la compagnie dans le cadre du XIème plan, et restons optimistes quant à leur réalisation effective. Nous craignons toutefois que, comme sur la plupart des trains de la SNCFT, la ponctualité ne fasse défaut là encore ! Badreddine BEN HENDA
En chiffres *Il existe en Tunisie 20 routes nationales. La RN 1 est la plus longue de toutes les autres. *Le réseau des autoroutes doit couvrir dans les prochaines années 780 kilomètres, les tronçons déjà achevés s'étendent sur 307 kms. * Le réseau ferroviaire tunisien est long de 2200 kilomètres. *En 2005, le transport terrestre a consommé deux milliards de TEP (Tonnes Equivalant Pétrole), dont 98 % par les moyens de transport routier et seulement 2 % par les chemins de fer *Quotidiennement, 58 trains assurent le transport des passagers sur les différentes lignes disponibles.