• «Vamp» presque dans le vrai sens du terme, Hind Rostom aura incarné de son vivant, et mieux que toute autre star, le rôle de la femme fatale Le décès du plus célèbre sex-symbol du cinéma arabe, Hind Rostom, est venu comme pour annoncer la fin d'une belle époque, celle du cinéma d'après-guerre, dominé par des icônes d'une beauté légendaire. La sensualité animale qu'elle dégageait, son charme et sa séduction reposaient indubitablement sur le côté glamour de sa personnalité. La mort subite de Hind Rostom, survenue dans la nuit du lundi 8 août suite à un infarctus du myocarde, a plongé le monde du cinéma en Egypte et dans le monde arabe dans l'affliction. Pourtant, la célèbre actrice a mis fin à ses activités cinématographiques au début des années 1970, avec son apparition dans Hayati adhab (ma vie est un calvaire). Ce film a sonné le glas d'une longue et riche carrière qui s'est poursuivie une quarantaine d'années durant. Portée aux nues et comparée à son avantage à la grand star hollywoodienne, Marlyin Monroe, Hind Rostom aura incarné le mythe d'un authentique monstre sacré dans tout l'éclat de sa beauté et de sa vulnérabilité. Née à Alexandrie le 11 novembre 1929, au sein d'une famille de la grande bourgeoisie d'origine turque, elle est vene très tôt au cinéma, à une époque où la concurrence était rude et âpre. Elle devait affronter et soutenir la rivalité avec Mariem Fakhreddine, Leïla Fawzi, Madiha Yosri et surtout, la belle Camélia. De son vrai nom, Liliane Cohen-Lévy, cette dernière, Egyptienne de confession juive, était la maîtresse attirée du roi Farouk. Elle devait périr tragiquement en Suisse, en 1951, dans un accident d'avion, un biplace ultraléger motorisé. Un accident probablement signé par les «Moukhabarat» (services de renseignements égyptiens) qui la soupçonnaient d'intelligence avec le Shin Beth ennemi. Si on devait réduire la longue carrière de Hind Rostom à quelques films, on doit obligatoirement citer : La anam (Nuits sans lendemains) de Ezzeddine Zulfikar, Rodda Kalbi (Mon cœur revit) du même metteur en scène, Chafika El Kiptiya (Chafika la copte) et Bab el hadid (Gare centrale) de son compatriote alexandrin, Youssef Chahine. Dans ce film culte, elle a campé le personnage d'une marchande de boissons gazeuses aux côtés de Farid Chaouki et du metteur en scène Y. Chahine, dans le rôle de Kennawi, le pied-bot. Ce film admirable de tous les points de vue a représenté dignement l'Egypte au festival de Cannes en 1954. Il faut également citer sa prestation dans Al jassad (La chair) réalisé à l'orée des années 1950. Film érotique avant l'heure, brisant le tabou et la censure et provoquant les foudres d'El Azhar. Ce rôle lui a permis d'étaler généreusement sur l'écran sa plastique et de figurer sur la liste des dix femmes les plus sexy du cinéma international d'après la revue newyorkaise Variety. Mariée deux fois, d'abord avec le cinéaste égyptien Hassan Ridha, père de son unique enfant, une fille, elle devait récidiver avec un célèbre médecin d'origine syro-libanaise Dr Emile Fayyadh. Paix à son âme.