Les avocats en charge de la défense de l'ancien ministre du Transport, Abderrahim Zouari, détenu actuellement à la caserne d'El Aouina, ont donné, hier, une conférence de presse pour faire la lumière sur ce qu'ils considèrent comme «des anomalies et des irrégularités ayant accompagné le mandat de dépôt à l'encontre de leur client alors que la chambre d'accusation a décidé, le jour même, sa libération dans l'affaire relative au RCD». Ils ont relevé que le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis (muté à la suite de la fuite de Saïda Agrebi à la Cour de cassation de Tunis) n'avait pas «à intervenir auprès du juge d'instruction en charge du dossier d'Abderrahim Zouari pour lui conseiller d'accorder à la police judiciaire une commission rogatoire lui permettant de maintenir notre client en détention, sous le prétexte de prévenir sa fuite à l'étranger, dans la mesure où il était poursuivi encore dans d'autres affaires». Ils estiment que les conseils prodigués par l'ex-procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis constituent «une immixtion inacceptable dans les affaires de la justice et une atteinte grave à son indépendance». Ils ont exprimé également leur refus et leur opposition aux déclarations exprimées par certaines parties, notamment le groupe des 25 avocats, initiateurs des procès intentés contre les anciens ministres du régime déchu. «Ces parties n'ont pas hésité à parler de corruption des magistrats à la suite de la décision de libérer certains anciens responsables. C'est là un comportement inacceptable qui nous pousse à poser la question de savoir où va la justice», ajoutent-ils. Ils précisent que la justice «ne doit pas s'exercer sous l'influence de la rue, loin de toute précipitation ou de toute tendance à la vindicte». Les avocats de la défense n'ont pas manqué de souligner, en répondant aux questions des journalistes, «qu'ils respectent la décision du juge d'instruction de suspendre la mise en liberté de leur client et qu'ils ne font que contester le recours à l'article 57 du Code de procédure pénale relatif à l'urgence de l'interrogatoire des prévenus». Ils sont convaincus qu'il n'y avait pas urgence pour que l'ancien ministre du Transport soit maintenu en détention dans la mesure où le juge d'instruction «avait les moyens d'ordonner son arrestation, de nouveau, à tout moment, s'il en jugeait l'utilité». Ils ont fait part de leur confiance en la justice qui «dira, en toute indépendance et liberté, son mot à propos des accusations portées contre notre client qui n'aura qu'à se soumettre à ses décisions». ------------------------------------------------------------------------ Une source judiciaire précise Commentant les déclarations des avocats d'Abderrahim Zouari, une source judiciaire a déclaré à l'agence TAP que le ministère de la Justice n'était pas au courant de cette conférence de presse, précisant que les décisions des magistrats sont prononcées en conformité avec les dispositions de la loi. La même source a ajouté que toute personne contestant les décisions de justice a droit à former un pourvoi conformément aux voies reconnues par la loi. Les chefs d'accusation adressés à l'encontre d'Abderrahim Zouari sont notamment l'usage de sa qualité pour se procurer ou pour procurer à un tiers un avantage injustifié, causant un préjudice à l'administration ou contrevenant aux règlements régissant ces opérations en vue de la réalisation de l'avantage ou du préjudice précités. L'ancien ministre de Ben Ali est également poursuivi pour implication dans des affaires relatives au ministère du Transport, dont la location du siège actuel du ministère et l'affaire du réseau ferroviaire rapide. Mercredi dernier, le juge d'instruction au Tribunal de première instance de Tunis a émis un mandat de dépôt à l'encontre d'Abderrahim Zouari pour implication dans une affaire de corruption relative à la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir-Zarzouna). Moncef Trabelsi, frère de l'épouse du président déchu, en état d'arrestation, et Ibrahim Laajimi, ancien PDG de la Stir, font, également, l'objet de poursuites dans la même affaire.