La situation au poste frontalier Wazen-Dhéhiba est normale. La circulation est fluide dans les deux sens. Plusieurs camions chargés de marchandises pénètrent, continuellement, dans le territoire libyen. D'autres voitures privées et camions vides franchissent sans délai d'attente la frontière , dans l'autre direction.Le trafic routier est ainsi très bien organisé, depuis le mois de Ramadan. Parmi les ressortissants libyens, nous avons noté les habitants de la localité de Tkout, principalement, qui sont revenus, hier et aujourd'hui, en grand nombre pour terminer Ramadan en Tunisie. «Nous étions à Dhéhiba. On nous a dit que la guerre était finie. Nous sommes allés voir, sur place, nos demeures et nos biens, mais, à vrai dire, rien n'a été épargné. Tout a été saccagé et démoli . Il ne nous reste plus rien . Voilà , nous sommes de nouveau chez nos frères tunisiens», nous confie le vieux M'hamed , sur un air nostalgique. Son fils Hamed nous apprend que la localité de Tiji constitue le nœud essentiel pour résoudre le problème d'El Jebel El Gharbi . C'est le seul centre où sont rassemblées les milices loyalistes qui mènent leurs contre-attaques à partir de ce point stratégique. Même les forces de l'Otan sont dans l'incapacité de libérer ce village; pourtant encerclé par les rebelles. Les pro-Gueddafi y détiennent 150 jeunes, tous de la tribu des «Syânes», en otage, et l'Otan, après deux attaques successives, ne veut plus poursuivre ses bombardements pour ne pas exposer la vie de ses innocents au danger. D'autre part, un convoi humanitaire composé de quatre grands camions est arrivé à Dhéhiba, en provenance de quelques associations de bienfaisance libyennes installées en Europe. Les véhicules sont chargés de couvertures , médicaments et produits alimentaires et portaient une banderole sur laquelle est écrit «pour la tribu des Syânes». «Cette caravane a eu du mal à passer», nous dit Kilani Ben Aissa , membre de l'association de fraternité pour l'accueil des réfugiés à Dhéhiba. «Elle a été interceptée et empêchée de continuer sa route par des Libyens, apparemment des partisans de Gueddafi. Il a fallu l'intervention de l'Armée tunisienne qui a gardé le convoi sous surveillance une nuit entière avant de le laisser franchir la frontière», poursuit-il.