Le Premier ministre du gouvernement de transition, M. Béji Caïd Essebsi, a reçu, hier matin, au palais du gouvernement à la Kasbah, douze responsables de partis politiques représentés à la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Cette rencontre a porté sur l'évolution de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire qui prévaut dans le pays ainsi que sur la réforme des systèmes judiciaire et de l'information. A l'issue de l'entretien, la secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP) Maya Jeribi a déclaré que l'entretien a permis de mettre l'accent sur la nécessité de «prendre toutes les mesures nécessaires pour freiner la hausse effrénée des prix», à la suite de l'accroissement de la spéculation. L'accent a été mis, également, sur l'impératif pour le gouvernement d'adresser des messages positifs au citoyen pour le rassurer sur l'avenir de la révolution. Par ailleurs, elle a réaffirmé l'attachement du PDP à la date des élections de la Constituante prévue le 23 octobre 2011 et proposé de limiter sa période d'exercice à une année au maximum. Le secrétaire général du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), Ahmed Khaskhoussi, a, pour sa part, réitéré l'attachement à la date-butoir des élections de la Constituante, appelant toutes les parties à adopter un comportement civique, afin de couronner de succès cette échéance électorale. Quant au président du bureau constitutif du Parti du travail national démocratique (Ptnd), Abderrazak Hammami, il s'est prononcé en faveur de l'établissement d'un véritable consensus politique à même de favoriser la réussite de l'échéance du 23 octobre 2011, loin de toute forme de surenchères. Il a, dans ce contexte, estimé indispensable de rassurer les Tunisiens sur leur révolution, notamment à la suite de l'émergence d'un courant contre-révolutionnaire. Pailleurs, M. Hammami a dénoncé la défaillance de l'appareil sécuritaire et la faiblesse du rendement des magistrats, notamment à la suite du prononcé de jugements atténués et de la libération de personnes impliquées dans des affaires de corruption, ce qui a attisé les tensions et nourri la colère du peuple. D'autre part, M. Abderrazak Hammami a déclaré avoir examiné avec le Premier ministre du gouvernement de transition la question du chômage et de la flambée des prix, proposant, à ce propos, de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre ces phénomènes. Le porte-parole officiel du Mouvement des patriotes démocrates (MPD), M. Chokri Belaïd, a mis l'accent sur la nécessité d'élaborer un nouveau statut des magistrats et d'assainir le corps de la magistrature, à travers la création d'une commission mixte regroupant le ministère de la Justice et l'Association des magistrats tunisiens (AMT) pour examiner ces dossiers et dresser la liste des magistrats corrompus à écarter. Il a, également, recommandé de confier à un groupe de magistrats les grands procès dans les affaires de corruption. Par ailleurs, il a indiqué que les médias privés ont été victimes de l'influence de l'argent politique, mettant l'accent sur la nécessité de fixer des règles pour lutter contre ces pratiques. De son côté, M. Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl), a indiqué que la rencontre avec le Premier ministre a permis d'examiner les sources de tension dans le pays qui, a-t-il estimé, sont dues au sentiment de mécontentement face au rendement de la magistrature, de l'appareil sécuritaire et des médias. M. Mustapha Ben Jâafar a souligné l'impératif de lutter contre les réseaux de spéculation, mettant l'accent sur le rôle dévolu aux forces politiques, syndicales et sociales dans la lutte contre les actions revendicatives qui, a-t-il dit, n'ont fait qu'aggraver la situation économique et amplifier le phénomène du chômage.