Le poste frontalier de Wazen-Dhehiba est pris d'assaut,depuis trois jours, par un très grand nombre de voitures privées, transportant des familles fuyant les combats sur le territoire libyen. Au début de la semaine, le flux a atteint un nombre record et la majorité des véhicules proviennent de la ville de Zaouia où les combats faisaient rage. Ils transitent par Nalout et prennent la direction de Dhehiba. La majorité d'entre eux semble appartenir à une classe aisée. Ils prennent la direction du sud-est (Djerba et Zarzis) ou le nord du pays. D'autres ressortissants sont accueillis par l'Association de fraternité pour l'accueil des réfugiés (Afar) et l'Armée nationale pour être placés soit dans le camp de Dhehiba ou celui de Tataouine, soit transférés vers un autre camp à Ben Guerdane, selon leur appartenance, nous dit-on . Plusieurs autres voitures continuent de franchir illégalement la frontière, empruntant des pistes sahariennes très dangereuses, des pro-Gueddafi essentiellement. «Le traître n'a pas cessé de pilonner Zaouia. Les tirs d'obus et de missiles Grad s'abattent sur tous les endroits et les environs de la ville. Les dégâts sont énormes. Nous l'avons échappé belle, ma famille et moi, et nous avons souffert le martyre en traversant des routes montagneuses avant d'arriver, ce matin, sur le sol de notre deuxième pays. Que Dieu active la chute de ce traître !», confie Abdelaziz, un enseignant à Zaouia. «Les sirènes des ambulances n'arrêtent pas de retentir jour et nuit. Elles transportent des blessés vers l'hôpital régional de Tataouine ou vers des cliniques privées à Sfax», nous dit M. Kilani Ben Aissa, toujours présent au poste frontalier. «J'ai même appris que des hauts gradés militaires ont été évacués à bord d'hélicoptères vers l'hôpital militaire de Tunis», ajoute-t-il. A signaler que l'Armée tunisienne déploie de gros efforts et gère la situation avec beaucoup de savoir-faire, sans aucun incident. Dans l'autre sens, le trafic routier à partir du point de passage se poursuit incessamment à longueur de journée. Des véhicules chargés de marchandises ainsi que des voitures privées transportant des familles entières font la queue pour accéder au territoire libyen, en direction de Jbel Nafoussa. Les insurgés bombardés par l'Otan Dans la région de Jebel El Gharbi, les combats se poursuivent certes, mais sporadiquement. Toute la zone ou presque est sous contrôle des rebelles. Hier, les troupes de Gueddafi massées à Badr ont attaqué la ville de Tiji et ont vite quitté la localité, de peur d'être repérées par les forces de l'Otan. Ces dernières se sont effectivement rendues sur les lieux et ont commis l'erreur en bombardant les insurgés qui ont repris le contrôle de Badr entre-temps. L'attaque a fait 10 morts et plusieurs blessés transférés immédiatement vers l'hôpital de Zentène et celui de Tataouine, nous apprend un témoin oculaire qui se livrait au commerce entre les deux rives depuis des mois.