Les combats faisaient rage ces derniers jours dans toute la région de Jbel Nafoussa ou Jbel El-Gharbi et notamment à El-Galâa, Yefren, Zentène, Bir Ayed et Nalout, avant la descente des troupes de Gueddafi vers la plaine de Jefara. C'est probablement la raison pour laquelle l'exode massif des ressortissants a diminué au poste frontalier de Wazen-Dhehiba qui est encore sous contrôle des rebelles. Juste l'arrivée, par intermittence, de quelques familles, les après-midi. Par contre, dans l'autre sens, le trafic routier et le nombre de véhicules chargés de marchandises n'ont pas baissé. Brahim Ben Saïd, un Libyen qui vient de l'échapper belle et qui est encore sous le choc, nous confie: «Les mercenaires de Gueddafi n'ont épargné personne. Les maisons et les installations sont détruites, les enfants et les blessés n'ont plus rien à manger. J'arrive de Zentène. Mon quartier a été pilonné par des missiles Grad». Et d'ajouter : «Il y a à peu près 5 jours, les pro-Gueddafi ont pris la direction de la capitale Tripoli en passant par la plaine de Jefara, espérant tout ravager sur leur passage mais les insurgés ont bien résisté et ils continuent toujours à tenir bon. C'est ce qui explique la fuite des chamelles et des vaches élevées dans les champs et les prairies. Comme vous voyez, la présence de ces animaux domestiques, par centaines ici, a intensifié l'activité commerciale». D'autres témoins oculaires nous ont appris qu'hier, trois grosses cylindrées chargées de soldats pro-Gueddafi et d'un officier haut gradé se sont rendues à l'armée tunisienne. Ils ont fait défection en empruntant une piste saharienne. Et depuis, les hélicoptères n'ont cessé de survoler la région, le long de la frontière. Du côté de Ras Jedir, nous avons appris également qu'un groupe d'une vingtaine de dissidents a fait défection et est arrivé par voie maritime, hier, au port d'El-Ketf, à Ben Guerdane. Un signe de reconnaissance Les Tunisiens d'une façon générale et ceux de la zone frontalière, en particulier, n'ont pas lésiné sur l'effort pour accueillir leurs frères libyens généreusement, en leur offrant les services de première nécessité. Des bienfaiteurs libyens, pour leur part, l'avouent. Ils n'ont pas hésité, en signe de reconnaissance, de rendre la monnaie double aux habitants de Dhehiba. «Ils ont dépensé la somme de 200 mille dinars environ pour achever complètement les travaux d'extension, entrepris depuis longtemps, de la grande mosquée de la ville. Un autre Libyen, propriétaire d'un véhicule utilitairee (vide-fosse) circule tout le temps en ville et offre ses services gratuitement aux citoyens qui le désirent», confie M. Kilani Ben Aïssa, membre de l'Association de fraternité pour l'accueil des réfugiés. Par ailleurs, après la réunion tenue au début de cette semaine entre le maire de Tataouine et les responsables du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les organisations humanitaires mondiales comme le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Croissant-Rouge ont accentué les livraisons de leurs aides dans les différents camps de la région.