Le superbe ouvrage imprimé chez Finzi Editions par les soins de Beït Al-Hikma intitulé Aly Ben Salem, émotion de l'œil, passion de vivre fait suite à des actes du colloque organisé à l'Académie Beït Al-Hikma le 4 octobre 2010. Il s'agit d'un thème inédit et d'une première. Jusqu'ici, l'Académie s'est toujours illustrée par la publication d'œuvres à caractère scientifique et littéraire, et voilà qu'aujourd'hui elle innove en rendant un vibrant hommage bien mérité à un des précurseurs du mouvement pictural en Tunisie, Aly Ben Salem (1910-2001). Ce précieux bijou, immédiatement sorti de son écrit, a mobilisé les ténors de la critique picturale; certains ont même taquiné la muse de la peinture, si jamais il en existe une. De cette belle composition laborieusement édifiée, un touchant hommage en est sorti. En préambule et en guise d'introduction, un émouvant témoignage de la veuve de l'artiste Kerstin Ben Salem. Elle a parlé de sa première rencontre avec l'artiste. «C'était par une belle journée d'été suédois le 20 juillet 1948». Depuis, ils ne se sont plus jamais quittés. Kerstin B.Salem a évoqué le passé de militant nationaliste de son défunt époux, de son action en faveur de l'Indépendance lors de son exil suédois, de la confiscation de ses biens par les Forces coloniales, de l'arrestation de son frère aîné, Dr Hamadi Ben Salem ministre de la Santé et époux de la princesse Zakia, fille cadette du dernier souverain husseïnite, des amitiés qu'il a nouées avec des artistes de grand renom, dont Hatim El Mekki, Zoubeïr et Hédi Turki, Moses et Mello Lévy, Jellal Ben Abdallah et Aly Bellagha, ainsi qu'avec des politiques parmi les plus brillants de la scène publique en Tunisie et ailleurs. Des couleurs pour parure De par la beauté de cette vaste composition de dessins, tableaux, gouaches, aquarelles, peintures à l'huile, mosaïques et portraits que par le contenu de la critique picturale de ses œuvres, l'ouvrage Emotion de l'œil passion de vivre embaume les pages et répond un parfum de nostalgie, de rêves et de souvenirs que l'artiste libérait par touches successives au moyen des couleurs et du pinceau. C'est à travers dix témoignages apportés par des familiers et amis que le personnage de Aly Ben Salem transparaît dans toute sa vérité. Un artiste qui a réussi à faire l'unanimité autour de son nom. Il fut le précurseur d'une nouvelle tendance dans la peinture tunisienne, alliant l'empreinte du passé au parfum de la poterie. Les critiques étaient unanimes pour reconnaître et admettre l'influence qu'il a exercée dans l'art de la «munimana» (miniature) et de bien d'autres disciplines artistiques. Abderrahman Ayoub, dans son intervention Feuilles du temps, a établi un record de six ouvrages écrits sur le parcours de l'artiste. Un autre fait à signaler réside dans le nombre élevé, (une centaine) de tableaux reproduits reflétant fidèlement l'aspect, les couleurs, la technique ainsi que l'âme cachée de ces œuvres en dépit de l'étalement des dates dans le temps et l'espace, entre les années 1930 et 1990. Ont participé à ce colloque présenté par Khalil Gouia, Abdelwahab Bouhadiba, Bady Ben Naceur, Ammar Allalouche, Houcine Tlili, Brahim Azzabi, Abderrahman Ayoub, Abdelhay Sghaïer, Ali Louati, Mounir Chakroun, et, bien sûr, la veuve de l'artiste, Kerstin Hédia Ben Salem. • Aly Ben Salem, émotion de l'œil, passion de vivre — Actes de colloque de Beït Al-Hikma —Finzi Editions - juillet 2011.