Par Saïd Ben Kraiem Après de longs mois de silence, inquiétant le moins qu'on puisse dire, à l'égard de la violente répression du mouvement de contestation du régime syrien, la position américaine semble s'améliorer en faveur de la population syrienne. Une décision qui devient de plus en plus ferme allant jusqu'à demander ouvertement de Bachar Al Assad de partir. Il s'agit là d'une prise de position tardive et qui n'est pas à la hauteur des évènements dans un pays qui ne ménage aucune arme pour faire taire toute une population en quête de liberté, de dignité et de bien-être. Or, les Etats-Unis sont les mieux placés pour mieux saisir la nature sanglante d'un système despote qui a gouverné la Syrie durant plus d'un demi-siècle avec une brutalité hideuse. C'est que les derniers évènements ont mis à nu non seulement les pratiques barbares de ce système mais aussi l'hypocrisie de la politique étrangère d'un pays qui a toujours prôné les valeurs démocratiques et humaines. Et voilà des Américains, qui pour une fois, respectent la volonté du peuple syrien et promettent de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de ce pays ! Pire encore, ils maintiennent la présence de leur ambassadeur dans ce pays au moment où bon nombre de pays, dont la Tunisie d'ailleurs, commencent à retirer leur représentants diplomatiques. Fermes avec Gueddafi, tolérants avec Al Assad, les Américains ne semblent pas prêts à s'impliquer directement dans la crise syrienne comme c'est le cas avec la Libye. Avec la révolution libyenne, les Américains se sont montrés très généreux : bombardement des troupes de Gueddafi, entraînement militaire des rebelles, reconnaissance du Conseil national de transition libyen en tant que représentant unique et légitime du peuple libyen… Par contre, le soutien américain, notamment militaire, pour les Syriens qui mènent une révolution pacifique contre un pouvoir qui utilise tout type d'armes contre son peuple, n' a pas dépassé le stade de dénonciation et l'imposition de sanctions contre le clan Al Assad. Les Américains craignent-ils Al Assad et ses alliés dans la région, le Hezbollah et l'Iran ? Si cette question demeure sans réponse claire, il est certain que les Américains sont très prudents de s'engager dans une crise sur les frontières d'Israël. Cela dit, il semble que pour un pays déjà surendetté comme les Etats-Unis, la facture d'une éventuelle guerre contre le régime syrien sera très salée. Une facture que la Syrie même débarrassée de Bachar ne pourra pas payer. En fin de compte, que représente ce pays dépourvu de richesses naturelles ? Pour les Américains, ce n'est ni la Libye ni le Koweït.