Une fois n'est pas coutume, le Festival International de Carthage entamera son programme cette année par un spectacle cinématographique. C'est au cinéaste tunisien Abdellatif Ben Ammar que reviendra l'honneur d'ouvrir Carthage le 8 juillet avec son nouveau film Les palmiers blessés. Un choix inédit à travers lequel les organisateurs ont parié sur le 7e art. Certes le public du théâtre romain s'est habitué, depuis quelque temps, à des soirées cinéma où il pouvait, chaque année, découvrir, vers la fin du festival, les films qui seront à l'affiche pour la saison suivante. Mais de mémoire d'homme, jamais le festival n'a programmé de film à la soirée d'ouverture généralement consacrée au théâtre et à la musique. Faire honneur cette fois-ci au 7e art, en général, et au cinéma national, en particulier, mérite d'être salué. La vie culturelle en Tunisie se distingue par cette particularité un peu spéciale pendant la saison estivale qui consiste en une multitude de festivals d'été qui pullulent ça et là dans les quatre coins du pays. Pratiquement, chaque ville et chaque conglomérat possèdent aujourd'hui leur propre festival d'été. Même les petits villages les plus reculés du pays ne font plus exception. Une diversité nécessaire et indispensable pour certains qui croient en une sorte de «démocratisation de la culture» mais une forme de «pollution» nuisible et d'aberration pour les autres qui dénoncent une programmation improvisée et un recours quasi systématique au divertissement dépourvu de tout intérêt culturel ou intellectuel. En tous les cas, et sur un plan purement statistique, personne ne peut être indifférent à l'égard de ce phénomène culturel essentiellement tunisien. Face au rétrécissement fatal du parc des salles de cinéma, et à la baisse inéluctable de la fréquentation des quelques salles du pays qui «résistent» encore, certains cinéastes ont choisi de profiter de plus de 400 festivals de par le monde pour diffuser leurs films. Le fait que les organisateurs du Festival International de Carthage consacrent la soirée d'ouverture à un film tunisien ne peut que valoriser notre cinéma et susciter l'intérêt du large public. Selon Abdellatif Ben Ammar : «aller à la rencontre du public même dans les festivals d'été n'est pas seulement une simple alternative pour remédier au manque des salles de cinéma dans le pays, mais également une forme de respect envers un public assoiffé d'images». Et d'ajouter : «Quand le public ne vient plus voir les films, il faut aller le chercher là où il est. Car le cinéma tunisien ne peut se faire sans le spectateur tunisien» Mieux; il croit dur comme fer que c'est d'abord au cinéaste de faire l'effort de défendre son art et ses œuvres. Et que si le public semble aujourd'hui moins disposé qu'auparavent à accueillir les films tunisiens, ce n'est pas uniquement de sa faute. «Pourquoi ne pas tenter l'expérience si les conditions de projection cinématographique sont bonnes? se demande-t-il, car le cinéma est aussi un spectacle qu'on peut partager aussi bien en plein air que dans une salle obscure». Pour lui, monter sur la scène du théâtre antique afin de présenter son film est un grand honneur. «Depuis des siècles, des artistes montaient sur cette scène pour présenter leurs oeuvres et depuis des siècles, le public venait les voir et les encourager. C'est dire à quel point la culture n'a jamais été étrangère à ce pays et à son peuple !», s'exclame le réalisateur de Sejnane d'une voix émue. Maintenant le film, tel qu'en lui-même, met au grand jour l'héroïsme ordinaire d'une jeune tunisienne d'aujourd'hui qui tente par tous les moyens de connaître ses origines en menant une enquête douloureuse sur la mort de son père durant la guerre de Bizerte, en 1961. «chema symbolise cette quête simple, nécessaire et courageuse de la vérité», affirme A. Ben Ammar avant d'ajouter : «Mon film décrit cette éternelle recherche de sens et de vérité historique en opposition avec la malhonnêteté et le manque de courage de certains historiens qui déforment la réalité des faits à des fins personnelles». C'est un film où l'auteur a choisi d'interpeller la jeune génération en rupture totale avec son Histoire et qui, par conséquent, aborde son avenir avec beaucoup de méfiance et d'incertitude. «Les jeunes générations manquent de repères et de référents», constate le réalisateur « C'est pourquoi, affirme-t-il, ces jeunes trouvent beaucoup de difficultés à se projeter dans l'avenir qui semble de plus en plus complexe». Enfin, le réalisateur tient à faire remarquer qu'il a voulu rendre hommage à certaines figures emblématiques du monde culturel et journalistique tunisien à travers une scène où il fête, à sa manière, les arts et les artistes. Parmi eux : Nouri Bouzid, Lassaâd Ben Abdallah, Sghaïr Aouled Ahmed, Nja Mahdaoui, Hammadi Ben Saâd, Khaled Tebourbi et d'autres…
Interprètes Leïla Ouaz Néji Najeh Hassen Kachache Rym Takoucht Jawher Basti Aïda Guechoud Dalila Meftahi Slah Msaddek Taoufik El Behi Fethi Msalmeni Salah Ben Youssef Fethi Akkari Taoufik Bahri Ridha Boukadida Participation exceptionnelle Nouri Bouzid Nja Mehdaoui Hammadi Ben Saâd Sghaïer Ouled Ahmed Khaled Tébourbi Lassaâd Ben Abdallah Rachid Tarres Larbi Zekal Aïssa Harrath Slim Mahfoudh Musiciens : Nawfel El Manaa Ahmed Adnène Hichem Laamari Mohamed Abdelkader Bel Hadj Kacem Fiche technique Scénario et dialogues : Abdellatif Ben Ammar Musique : Farid Aouameur Chant et paroles : Aïda Niati Montage : Arbi Ben Ali Ingénieur de son : Faouzi Thabet Chef décorateur : Taoufik El Béhi Directeur de la photographie: Christophe Paturange Directeur de production‑: Mimoun Mahbouli Producteurs exécutifs : Sidi Ali Mazif (Algérie), Chiheb Aoun (Tunisie) Producteur délégué : Abdelaziz Ben Mlouka Production: Dumar Films-CTV Services- Procom International Durée : 1h06 mn Année : 2010 Format : 35 mm couleur- Dolby 5.1 Coproduction Tunisie-Algérie, (ministères de la Culture tunisien et algérien) l'OIF et la Télévision tunisienne.