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Attouga ou Agrebi ?
Cinéma - Plongée
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 06 - 2010

ON s'y attendait : le colloque «Cinéma et sport», organisé du 21 au 23 mai dernier au Centre culturel «Mohamed Jamoussi» de la ville de Sfax par le Ciné-club «Tahar Cheriâa» qui fait de la résistance sous la houlette de plusieurs adhérents passionnés, a été empreint d'une frise régionaliste. En effet, dès qu'il s'agissait de football, chaque intervenant y allait de ses préférences, comme si cette rencontre n'était qu'un simple prétexte pour désigner le «meilleur footballeur tunisien de tous les temps».
À un conférencier, étoiliste dans le sang, critique de cinéma et chroniqueur sportif, qui a affirmé que Sadok Sassi, alias Attouga, portier du Club Africain et de l'équipe nationale des années 60 et 70, était le «n°1», le «meilleur de tous les meilleurs», toutes périodes confondues, un intervenant sfaxien a répliqué, avec véhémence, en donnant de la voix, que «c'était faire offense à l'art et aux artistes du ballon rond que de ne pas placer Hamadi Agrebi, milieu offensif du Club Sportif Sfaxien et de l'équipe nationale des années 70, au fronton du football tunisien et que si on voulait parler des gardiens, Touhami, dernier rempart de la défense du CSS des années 50, restait un géant devant lequel Attouga, Mahmoud Kanoun, de l'Etoile Sportive du Sahel, ou feu Mohamed Ayachi, du Stade Soussien, n'étaient que des poucets.»
Ces avis partagés, ces plébiscites concurrentiels, assénés souvent sur un ton péremptoire, étaient sympathiques, mais ils traduisaient bel et bien les impasses de ce colloque qu'on voulait de « haut niveau scientifique», comme l'a martelé la vaillante Majida Boulila, présidente du Ciné-Club «Tahar Cheriâa», à l'ouverture des travaux de cette manifestation. Autrement dit‑: est-on venu à cette rencontre pour engager une autre approche du sport, et du football, d'une manière particulière, pour analyser les raisons de la désaffection du cinéma à l'égard du ballon rond ou pour reconduire, par automatisme et par paresse, tous les rituels usuels et galvaudés de la consommation sportive, avec ce zèle irrépressible de la distribution des bons et des mauvais points. Pourtant, le public présent à ce colloque était des plus avertis : des pionniers du journalisme radiophonique et écrit dans la région de Sfax, des universitaires, des pédagogues et des avocats. Somme toute, cette rencontre qui s'est étalée sur trois jours a valu moins par les deux communications présentées à cette occasion, l'une sur le documentaire de Hichem Ben Ammar «J'ai vu les étoiles à l'heure de la sieste» et l'autre sur «Le foot au cinéma», que par la qualité des débats auxquels elle a donné lieu.
Un discours simpliste et inoffensif
L'approche des cinéastes tunisiens qui se sont intéressés au foot est, dans l'ensemble, réductrice et arbitraire. On connaît toutes les inepties colportées sur ce sport populaire par un certain discours militant en vogue au cours des années 70 et 80‑: le foot est «un opium du peuple», les stades sont les «abattoirs où est immolée la conscience citoyenne et civique», un match de foot n'est que la «transposition, sur le plan ludique, d'une logique capitaliste déterminée par l'obligation de résultat et l'appétit du gain», etc. Ce type de verdicts cantonnés dans une grille idéologique et politique avaient de quoi séduire et rasséréner bien des têtes qui, rétifs à la réflexion et à l'analyse, ne cherchaient qu'à être gavés de slogans et qu'à sonner le branle-bas de combat. Des cinéastes amateurs ont jugé qu'il leur était nécessaire, dans le cadre d'un mouvement qui se voulait essentiellement un témoin des réalités sociales et un acteur clé dans l'éveil des consciences des gens, de dire leur mot sur le monde du foot dans notre pays. Mais comment ?
En 1980, Salah Khélifi, affilié au club des cinéastes amateurs de la «Cité Ettahrir», à Tunis, réalise en noir et blanc, un court métrage d'une trentaine de minutes intitulé Goal!, projeté dans le cadre de la compétition officielle des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Ce film consiste en une série d'interviews avec des spectateurs en train de regarder au stade un match du championnat national de football. Le réalisateur, plutôt que d'essayer de s'affranchir de tout parti-pris et de tout préjugé sur ce phénomène de société, procède à un questionnaire directif, à vocation oratoire où l'interpellation est une réponse, l'expression d'une certitude qui se veut indiscutable : le foot est une aliénation. Il ne manquait plus qu'à dire aux spectateurs : «Honte à vous de regarder un match de foot‑!» En vertu d'un discours prétendu «mobilisateur» et «progressiste», il fallait coûte que coûte culpabiliser les gens et installer en eux la mauvaise conscience. C'est ce simplisme ridicule qui caractérise également un film de 7 minutes réalisé en 2000 par Yasser Jradi, du Club des cinéastes amateurs «Tahar Haddad». Là encore, ce petit film, sans queue ni tête, sans point de vue, adopte la facilité de questions posées à des spectateurs qui suivent, dans des cafés (à Djerba‑?), une rencontre de l'équipe nationale de Tunisie à l'occasion de sa participation, peu glorieuse, à la Coupe du monde de 1998 en France.
Des occasions ratées
Il fallait immortaliser l'épopée argentine de la Tunisie en 1978. Tout le monde se souvient de ces moments inoubliables, où les regards happés par le petit écran et par la voix chaleureuse de feu Néjib Khattab qui faisait, à cette occasion, son baptême du feu à l'échelle internationale, on assistait aux magnifiques prouesses des Aigles de Carthage, vainqueurs du Mexique, ayant fait jeu égal avec les Allemands et battus par les Polonais par 1 à 0 sur une bourde d'Ali Kâabi, le vaillant arrière gauche. Ce sont la fraîcheur, la virtuosité à l'état pur d'un team national homogène et soudé qui ont poussé l'instance fédérale internationale de football à entrevoir l'opportunité de revaloriser la présence africaine en Coupe du monde.
Le film réalisé par Mohamed Ali Okbi «Un ballon et des rêves», sur ce périple de la bande à Chatali, sélectionneur national, dans le pays de Daniel Passarella, le libero de charme, et du n°10, Mario Kempès, le merveilleux goleador, n'est pas un documentaire avec un point de vue précis, une écriture personnelle, mais un gentil reportage sans relief de veine plutôt télévisuelle que cinématographique. Pourtant, il y avait au sein de cette équipe de Tunisie, que ce soit du côté des joueurs ou du staff technique, des données qui pouvaient être exploitées fictionnellement‑: la mise à l'écart d'Attouga, icône qu'on croyait intouchable, mais auquel a été préféré son compère du Club Africain, le jeune keeper Mokhtar Naïli, les parties de capture au filet du chardonneret auxquelles aimaient s'adonner, dans la région du Sahel, Chatali et son joueur Khémaïs Lâabidi, le solide stratège kairouanais, idéale courroie de transmission entre l'incomparable Néjib Ghommidh et le génial Tarek Dhiab. Cette passion de gamins indique ce qui a fait la réussite de cette équipe de Tunisie‑: un groupe d'amis mené par un entraîneur qui fut lui aussi, au cours des années 50 et 60, une vedette et qui, par conséquent, sait parler aux vedettes de son équipe. Mais ne fantasmons pas beaucoup sur un film qui se voulait festif et qui, de toute évidence, n'avait aucune autre prétention.
Feu Mohamed Mahfoudh, scénariste, journaliste et cinéphile de la première heure, et Mohamed Damak, son complice et ami, tenaient à monter ensemble un film sur le foot. C'était essentiellement une idée de Mohamed Mahfoudh connu pour son engouement pour le ballon rond et pour les nombreux portraits qu'il a faits de certains joueurs du Club Sportif Sfaxien, l'équipe de son cœur, dont notamment le regretté Mohamed Ali Akid et Hamadi Agrebi. C'est le scénario rédigé conjointement par Mahfoudh et Damak, au titre si évocateur «Sport et douleur» qui a constitué la première mouture de ce qui allait devenir ce film de fiction intitulé La Coupe, réalisé en 1986. On connaît le mordant de l'écriture de Mahfoudh, son sens critique avisé. De même qu'on connaît la malice de Damak, son ingéniosité et son sens de l'humour.
Ces deux talents conjugués, si complémentaires l'un de l'autre, aurait pu nous valoir un petit chef-d'œuvre sur l'ambiance du foot et ses répercussions sociales. Dans l'ensemble, le film ne tient pas la route, mais il n'est pas totalement dénué d'intérêt et parvient à pointer du doigt certaines réalités inhérentes au virus du foot. La Coupe qui réunit une bande d'acteurs tunisiens dont Slim Mahfoudh, Kamel Touati, Hassen Hermess, Nabil Kaaniche, Fethi Heddaoui et bien d'autres, est une fiction sur les itinéraires de quatre amis, Mustapha, Hassen, Hédi et Rached, qui s'apprêtent à assister à une finale de coupe de Tunisie et qui se mettent à fêter l'événement dès le samedi soir. Le résultat du match de dimanche ponctué par des scènes de violence n'est pas malheureusement conforme à leurs attentes.
Ce que filme Damak, ce ne sont pas seulement l'ambiance surchauffée sur les gradins et les foules en transe, mais aussi et surtout le retour de chacun des quatre personnages chez eux et les situations concrètes auxquelles ils sont confrontés. Que va dire Rached à sa mère avec qui il doit se rendre au mariage de son cousin ? Hédi aura-t-il le courage d'affronter son fils, supporter du club ennemi‑? Quant à Mustapha, il est cocu, mais il a eu la chance de gagner au Promosport et tout le reste lui importe peu.


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