M. Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale, a donné hier au siège du ministère à Tunis une conférence de presse qu'il a consacrée à la présentation des principaux indicateurs de la situation économique au cours des sept premiers mois de l'année 2011 et des perspectives de la période future. Il a, à cet effet, noté que durant les sept premiers mois de l'année 2011, la croissance économique a connu un ralentissement palpable dû, notamment, à une situation sécuritaire incertaine, aux grèves et aux sit-in qui se sont multipliés au cours de cette période. Tous ces facteurs auront, ainsi, généré une chute de la production dans plusieurs secteurs et principalement dans ceux du pétrole (-14,4%), du phosphate et dérivés (-54%) et du ciment (-6,4%). Le tourisme, un secteur fortement secoué par les effets de la révolution a, toutefois, connu une évolution de son activité au cours du mois de juillet. Le recul enregistré au niveau du nombre des nuitées pour les sept premiers mois de l'année 2011 se situe en effet aux alentours de -47% contre -53% durant les six premiers mois de l'année. Par ailleurs, souligne encore le ministre, certains secteurs ont enregistré une hausse de leur production, il s'agit notamment des industries électriques (1,9%) et des industries mécaniques, textile-habillement, cuir et chaussure et agroalimentaires. La production céréalière a, elle aussi, enregistré une hausse tangible et a atteint les 23 millions de quintaux. Le secteur des services a lui aussi connu un évolution positive de son activité et ce sont principalement les secteurs de la télécommunication et du commerce qui ont enregistré une nette évolution. Ainsi, relève encore M.Triki, la baisse du PIB se situe au niveau de -1,6% au cours du deuxième trimestre contre -3,3% durant le premier trimestre, soit une diminution de -2,3% au cours du premier semestre 2011. Tous ces indicateurs laissent prévoir une amélioration de la situation économique et confirment, note encore M. Triki, que l'économie nationale saura dépasser la phase critique et serait en train de sortir de sa léthargie. Il a relevé, par ailleurs, que la croissance du PB reste tributaire de la reprise de l'activité dans les secteurs du pétrole, du phosphate et du ciment, ajoutant que la réalisation d'une croissance positive située entre 0,2% et 1% demeure possible. Evoquant l'activité commerciale, le ministre a précisé que les exportations ont enregistré au cours des sept premiers mois de l'année 2011 une évolution de 10,2% contre 20,1 % au cours de la même période de l'année 2010, les industries alimentaires ont enregistré, elles, une hausse de leurs exportations de l'ordre de 35,3% contre une baisse de 8,3% en 2010 et les exportations de produits manufacturés ont augmenté de 13,3%. Les importations se sont contentées d'une hausse de 3,2% contre 31,3% au cours de la même période de l'année 2010. Une baisse principalement due à la baisse des importations des produits d'équipement de l'ordre de -10,8%. D'un autre côté, l'indice des prix à la consommation des ménages a augmenté au cours des sept premiers mois de 3,2%contre une hausse de 4,8% au cours de la même année. Le conférencier attire, en outre, l'attention sur les perturbations enregistrés durant les derniers mois au niveau de l'offre de certains produits tels le sucre, l'eau minérale et les légumes à cause notamment de l'importance des exportations vers la Libye. Il note, par ailleurs, qu'en vue de protéger le pouvoir d'achat du consommateur, le budget consacré à la compensation a été revu à la hausse, précisant qu'au cours de l'année 2011, les dépenses liées à la compensation ont atteint les 3.3 milliards de dinars. M. Triki a, également, annoncé, en marge de la conférence, que les investissements ont enregistré un recul en termes de volume , fait qu'on peut établir grâce à un ensemble de constats et notamment la diminution des importations des produits d'équipement, le ralentissement au niveau de la réalisation des projets financés par le budget de l'Etat. Les IDE ont connu au cours des sept premiers mois de l'année une baisse de 17,3% , leur volume est, en effet, passé de 992,5 millions de dinars durant les sept premiers mois de l'année 2010 à 820,8 millions de dinars au cours de l'année 2011. Il est, toutefois, important de noter que les sept premiers mois de l'année 20110 ont connu l'entrée en phase de production de 98 nouvelles entreprises à participation étrangère et la réalisation de 136 opérations d'extension et la création 6.720 nouveaux emplois. Par ailleurs, 78 entreprises étrangères ont suspendu leurs activités, ce qui a généré la perte de 5.900 postes d'emploi. Ces décisions de départ et de suspension d'activité sont, principalement, provoquées par les demandes parfois excessives des ouvriers, les grèves et les sit-in à répétition et la dégradation des services administratifs offerts notamment dans les régions intérieures. Cependant, certains indicateurs positifs sont palpables et confirment la bonne santé du climat des affaires en Tunisie. En effet, les intentions d'investissement dans le secteur manufacturier ont augmenté de 22,2% alors qu'elles ont baissé de 8,3% au cours de la même période de l'année 2010. Les investissements relatifs aux programmes de mise à niveau ont également augmenté , les investissements approuvés dans ce cadre ont atteint les 412,5 millions de dinars au cours du premier semestre 2011 contre 276 millions de dinars au cours du premier semestre 2010. Tous ces indicateurs montrent le regain de confiance des investisseurs étrangers dans le site Tunisie. Pour ce qui des perspectives futures de l'année , le ministre note qu'en vue de limiter les effets négatifs et de répondre au mieux aux aspirations des citoyens, le gouvernement de transition a mis en place un programme économique et social complet qui vise à dynamise l'activité économique et à traiter les facteurs qui ont généré une détérioration de la situation. C'est à ce propos qu'on peut citer la mobilisation de ressources étrangères dont le montant s'élève à 1.850 MD dont 1.600 MD ont été retirés pour répondre aux besoins les plus urgents. M. Triki relève, enfin, qu'on s'attend à ce que l'année 2011 se termine avec un déficit des paiements extérieurs qui s'élèvera à 5,7% et un déficit du budget de l'Etat qui se situera aux alentours de 5,1%, ce qui génèrera une augmentation des besoins en termes de financements étrangers de l'ordre de 3.500MD. En prenant en compte les 1.850 MD mobilisés et les 300MD provenant de financements divers ( prêts, dons), le déficit final se situera aux alentours de 1.350 MD. Les investissements directs étrangers (IDE) seront de l'ordre de 2.000 MD. Toutes ces perspectives, note enfin M.Triki, demeurent tributaires de la stabilisation de la situation sécuritaire et de la célérité du traitement des dossiers des promoteurs par les services concernés.