Comme nous l'avons déjà écrit, un bon nombre d'associations et de syndicats se sont créés (ou recréés) depuis le 14 janvier pour promouvoir le cinéma tunisien et défendre le métier de cinéaste. Parmi ces associations, nous citons l'Atica (Association des techniciens intermittents du cinéma et de l'audiovisuel) qui a choisi pour son plan d'action, de commencer par le commencement : décrocher une indemnité pour les techniciens qui leur permettra de survivre en attendant d'avoir du travail. Mais l'autorité de tutelle qui n'a pas eu d'objection a proposé d'accorder cette indemnité sous une condition : inviter les intermittents à faire quelque chose en retour. C'est ainsi que les membres actifs de l'Atica ont eu l'idée d'organiser des ateliers de «mise à niveau» et de formation dans les métiers du cinéma, sous l'égide du ministère de la Culture. Priorité aux priorités. Le premier atelier a tourné autour du scénario qui constitue les fondations du film. L'Atica a lancé un appel à participation dans face book à tous les cinéastes, jeunes diplômés ou professionnels confirmés et qui ont des projets de courts métrages à développer. Très vite, l'association a eu des réponses de la part d'un bon nombre de jeunes et de moins jeunes qui n'ont pas perdu espoir malgré, nous diton, toutes les injustices qu'ils ont pu subir en mettant le pied dans la profession. Leurs scripts ont été acceptés sans présélection. L'essentiel, nous expliquent les organisateurs, est de les réunir pour créer une certaine synergie, et leur permettre d'exprimer leurs rêves et de les mettre en forme sous le regard critique d'un formateur. Le coup d'envoi du premier atelier a été donné le 20 de ce mois au Centre culturel international de Hammamet. Autour de la piscine de la Maison de Sébastien, et à côté de l'administration, deux groupes ont déjà entamé le processus de réécriture de leurs scénarios sous la direction de Naceur Sardi (critique de cinéma), et Hichem Jerbi (réalisateur). Après quatre jours de discussions et de débats autour des intentions de l'auteur, de la construction des personnages, de l'intrigue et des évènements du film, la majorité des participants à la première session sont repartis chez eux pour céder la place à deux autres groupes et deux autres formateurs. Le 25 août, et dans les loges du théâtre, une deuxième session a commencé. Mais après lecture des scripts, les nouveaux formateurs ont senti le besoin d'intervenir autrement. Il ne s'agit plus de réécriture. Le souci de Kamel R'gaïa (réalisateur tunisien vivant en France) et de Habib Mestiri (réalisateur tunisien vivant en Italie) est plutôt d'aider ces jeunes à développer leur créativité et à élargir leur vision du monde. C'est dans l'imaginaire que se situe le point faible des participants. Dans l'étape où ils sont, le conseiller en matière de scénarisation ne les aidera pas à identifier leur point de vue d'artistes sur la vie et les choses, et à se positionner — à travers leurs fictions — dans la société où ils vivent. Ces jeunes qui ont l'air d'être pressés de faire aboutir leurs projets, seraient-ils enfin partenaires dans le processus ? En tout cas, une chose est sûre, ils en veulent. Ils projettent déjà de ne rater aucun autre atelier qui les confortera dans leur identité d'artistes. Le 28 août, ils diront au revoir à leurs formateurs dans l'espoir de les retrouver pour un feed-back (retour d'information) de leur évolution. En attendant, les membres de l'Atica préparent un deuxième atelier qui aura lieu avant la fin de l'été : il concernera une nouvelle population, celle des assistants à la réalisation.