Devant un public peu nombreux, la maison de la culture Ibn-Rachiq a accueilli récemment le chanteur compositeur Noureddine Ben Aïcha et le parolier Mondher Ayadi. Depuis son passage au club Mawaheb (jeunes talents) où il s'est classé derrière Saber Rebaï et Faïçal Riahi, Noureddine Ben Aïcha a fait le choix décisif de se consacrer au tarab oriental et tunisien, interprétant notamment Ya chaghla bali de Ali Riahi et Machgoul âlik de Karem Mahmoud, et participant à plusieurs reprises au festival de la chanson. La carrière de Ben Aïcha est semblable à celle de Noureddine Béji. Il maîtrise les formes classiques de la musique orientale : le mouachah, le kassid, le daour et les chansonnettes (taktouka) ainsi que les chansons consistantes (Salah Abdelhay, Mohamed Abdelmottaleb, Mohamed Abdelwaheb…). Ces dernières années, il prit conscience de la nécessité d'avoir son répertoire personnel. Aussi, avec des paroliers comme Hammadi Zaïbet et Mondher Ayadi, il commença à composer des chansons romantiques et patriotiques. Sa rencontre avec Ali Ouertani sera probablement capitale dans sa carrière puisque celui-ci lui a écrit, entre autres, une belle chanson qui a eu un écho favorable‑: Loumi âlaya et une autre intitulée‑: Achouf khayalak. Souhaitons que cette collaboration se poursuive. L'orchestre qui a accompagné Noureddine Ben Aïcha était composé d'instrumentistes de talent, dirigés par Riadh Somaï lui-même au violon, Selim Jaziri au Qanûn, Faouzi R'houma au cello, Lassaâd Laâdhari et Noureddine Chelbi à la percussion. Un ensemble qui a réussi à nous créer une ambiance de tarab des années 30, surtout avec le daour, de Salah Abdelhay‑: Habibi houa, chanson composée par Mahmoud Chérif. Juste avant, Mondher Ayadi avait lu trois poèmes en dialectal et en arabe littéraire‑: Ya dar jit n'zourek, un poème chargé de nostalgie, évoquant des souvenirs de la demeure d'enfance et de ce qu'il en est advenu. Rappelons que conformément aux traditions des spectacles de ce genre, l'orchestre a commencé par jouer le «sammaï», célèbre Chad ârbane, suivi de Habibi houa. Ensuite, Ben Aïcha interpréta Amenti Bellah de Laure Daccache, puis Modhnaka de Mohamed Abdelwahab où il a intégré une improvisation de «Mawlaya wa rouhi…». Le chanteur a également interprété «Chams al assil» d'Oum Kalthoum ainsi que deux de ses propres chansons : «Loumi âlaya» et «Bellah ya tir». Entre-temps, Mondher Ayadi a déclamé quelques poèmes dont «El kilma illi kanet», un appel à la modestie et «Ya âlem ismaâ wa t'âllem» et des poèmes patriotiques «Ya watani» et «Ya lahmama illi baôuk ya lahmama illi habsouk». Ben Aïcha clôtura la soirée avec le célèbre dawr de Sayed Darwich: «Ahou da illi kan ou sar». Cet artiste a essayé de sortir de la routine invitant le poète Mondher Ayadi qui a réussi à retenir l'attention du public par ses textes et son évolution sur scène. Rappelons que ce duo complémentaire avait déjà présenté deux soirées à Kobbet Enhas (La Manouba) et à Kairouan. Bonne continuation.