A Bizerte, Sfax et plus en avant ailleurs, politique et sport flirtent à nouveau ensemble. Impardonnable! Pour ceux qui ont tendance à l'oublier, qui veulent noyer le poisson ou qui sont adeptes des procès d'intention, nous affirmons pour la énième fois que nous n'avons aucun problème avec les personnes, mais que, dès lors que celles-ci dépassent leurs prérogatives, c'est tout le jeu qui est faussé. Explications. Nous n'avons jamais cessé de dire et d'écrire que le mal principal de notre sport est la liaison dangereuse avec le monde politique. Ceci nous amène à une situation où le sport passe au second plan pour céder la place à la politique «politicienne». Le système était ainsi fait : des conseillers chargés des sports auprès du président de la République, au ministre des Sports en passant par le gouverneur, le délégué, le secrétaire général du comité de coordination au omda, tout le monde met la main à la pâte sportive. Même le ministère de l'Intérieur où l'on réunit les présidents et quelques membres de deux grands clubs à la veille d'un derby. A la limite, cela ne nous gêne pas outre mesure quand il s'agit d'assurer la sécurité ou de calmer les esprits mais, quand l'autorité politique devient l'autorité sportive, c'est tout le jeu qui est faussé. Notre sport en a d'ailleurs fait l'amère expérience au niveau des pratiques et des résultats. Aujourd'hui encore, l'autorité de tutelle a bien du mal à déloger ceux qui sont là par la grâce d'une décision politique. Pis encore, un bras de fer s'est installé entre tout le monde sportif et ceux qui rechignent à tenir des assemblées générales extraordinaires et électives. Nous n'avons pas encore résolu ce problème que voilà les mauvaises habitudes qui reviennent au galop. A Bizerte, c'est la démission en bloc des membres du bureau régional du PDP pour cause de redésignation de Mehdi Ben Gharbia tête de liste. Or Mehdi Ben Gharbia est le nouveau président élu du CAB et, franchement, cela n'aidera en aucun cas le grand club du Nord dans son entreprise de renouveau et de restructuration. Cela risque surtout de diviser toute une ville et des supporters alors que le discours initial de Mehdi Ben Gharbia était à l'union sacrée autour du club. Franchement, aussi, nous ne savons pas qui est le gagnant dans cette affaire mais nous savons d'ores et déjà que le CAB risque d'être le grand perdant dans cet imbroglio politico-sportif. Nous avons même le sentiment (et pas seulement) que la tendance ne va pas s'arrêter là. Déjà à Sfax, un personnage très influent dans la vie du CSS est officiellement candidat à l'élection de l'Assemblée constituante. Le phénomène risque donc de s'amplifier et de renvoyer aux calendes grecques l'assainissement de l'ambiance sportive en Tunisie. C'est que dans ce domaine si particulier et si délicat, il faut avant tout bénéficier de légitimité sportive et non recourir à une tout autre appartenance pour s'imposer de force et imposer sa propre loi. Alors, profiter de l'actuelle confusion pour replonger le sport dans le chaos, voilà l'erreur à ne pas faire. Le mélange sport-politique a peut-être profité aux politiciens. Jamais au sport!