Chargé des médias et de la communication au sein de l'Instance indépendante supérieure pour les élections, Larbi Chouikha, également enseignant à l'Ipsi et politologue, présente dans cet entretien les grandes lignes de la loi électorale nouvellement publiée au Journal officiel. Et, notamment, les chapitres concernant l'organisation de la publicité politique. Comment définissez-vous la publicité politique ? C'est l'utilisation par un parti politique ou une liste indépendante des différents médias publics et privés ou des panneaux d'affichage, à titre onéreux ou gratuit, dans le but de présenter son candidat et son programme. Cette opération, qui accompagne les élections, doit être réglementée : d'où le texte de loi, publié dans le Jort N° 67 du 6 septembre 2011. A partir du 12 septembre et dès que nous aurons terminé l'affichage des listes définitives en compétition pour les élections à la Constituante, nous rentrerons dans la phase de précampagne électorale. Les candidats seront autorisés alors à engager leurs actions de publicité, notamment après le tirage au sort le 13 septembre des passages à la télé et à la radio des partis et des formations indépendantes en lice : une opération qui sera contrôlée par le monitoring des médias. Est-ce que l'Instance indépendante supérieure pour les élections est habilitée à intervenir sur ces thématiques de financement et de marketing politiques ? La question revient régulièrement depuis quelque temps dans les débats. Il faut savoir que le décret-loi du 10 mai 2011 reconnaît à l'Isie une compétence générale pour l'organisation et la supervision de l'élection de la Constituante et que le bon déroulement des élections s'étend même à la période qui précède la campagne électorale. Ce qui a nécessité la mise en place d'un cadre contribuant à limiter le rôle des financements de nature politique et leurs effets sur les élections, l'interaction entre les listes en compétition et les médias ainsi que les modalités d'utilisation des panneaux publicitaires. L'objectif final de l'Instance étant de garantir le traitement équitable de toutes les listes en lice. Quelles dérives peuvent menacer les actions de marketing politique ? Les dérives peuvent provenir des agences de communication ou des formations politiques. Plusieurs scénarios pourraient être envisagés à ce propos. Nous n'aimerions pas recourir aux pratiques de sanction. Je souhaiterais par contre qu'émerge une prise de conscience générale, quant à la nécessité pour nous tous de tenir compte et de privilégier les principes d'égalité et de transparence lors de la tenue de la prochaine échéance électorale. Nous avons besoin d'élaborer aujourd'hui un travail de sensibilisation dans ce sens. Pour nous, la première action à engager en cas de transgression grave de la loi serait de prendre à témoin l'opinion publique à travers des communiqués de presse. La récidive nous incitera à agir sur les financements publics qui seront accordés aux diverses listes. Dans la campagne qui se profile, l'argent est aujourd'hui mis en avant par rapport aux idées et aux programmes. Qu'en pensez-vous ? Je le regrette beaucoup. En principe, dans toute vie démocratique, c'est la confrontation des idées qui doit prévaloir sur les apparences. Je constate jusqu'ici que le débat ne transcende pas, qu'il reste superficiel et en deçà des enjeux de la période cruciale de transition démocratique que nous traversons. Je souhaiterais vivement que l'échange entre les listes porte sur les projets de société des uns et des autres dans une ambiance sereine où chacun ferait preuve d'un sens éthique, civique et citoyen au détriment des petits intérêts partisans.