Par Hassen KLAI Le règne de la dictature était le partage du monde arabe depuis les années cinquante et soixante du siècle dernier. Une fois un pays a eu son indépendance du joug de la colonisation, il serait gouverné par l'un des dirigeants du mouvement de l'indépendance (un militant). Tôt ou tard, celui-ci serait déchu par une autre personnalité qui avait dirigé la lutte d'indépendance ou un colonel de l'armée suite à un coup d'état. Le coup d'état a été l'un des moyens les plus fréquemment utilisés pour accéder au pouvoir. Ce n'était que l'action de renversement du nouveau pouvoir par un rival, partisan d'un socialisme ou d'un capitalisme ou d'un nationalisme basé sur les dons spécifiques du pays ou de ses propres aspirations. Du coup, le nouveau président s'affiche comme le seul maître de la situation. Il fait de son peuple (qu'il croyait à lui) une bonne pâte à modeler selon ses tendances et son idéologie. Du fait des circonstances sociales, ce fétiche, investi d'une autorité absolue, et il est le président sans fin, sans mandat ou président à vie, légitimé par les institutions de l'Etat et soutenu par ses partisans sans exception. Tel était le cas du «combattant suprême» Bourguiba ou du «souverain Saddam», chacun d'eux est resté au pouvoir plus de 30 ans (excusez-moi d'avoir cité ces deux noms pour lesquels j'ai un respect particulier). Cependant, le peuple change de comportement et d'attitudes vis-à-vis de son gouverneur conservé depuis lors de ses belles années. Le peuple ne peut pas être une pâte à conserver durant des années et des années. Il évolue, se régénère et enfin il manifeste son mécontentement, il s'exprime implicitement ou manifestement. C'est un peuple en mouvement, il sait maintenant lire son destin, écrire l'histoire de son pays et crier bel et bien ses souffrances. Quand on crie, on a mal, mais quand on hurle, on défie le mal: le fétiche s'est fichu, il faut le faucher, le ficher et écrire «dégage !» et hurler «dehors !». Il faut comprendre le cri, les souffrances des peuples dans nos Etats Arabes et leurs rugissements. — Est-ce que la révolution du peuple tunisien est une singulière coïncidence ? — Est-elle une délivrance ? • Les Tunisiens et les Tunisiennes se sont préparés à l'assaut depuis des années et leur révolution mûrit le mois de janvier 2011 au soleil de l'hiver depuis l'événement de l'acte de rugissement à Sidi Bouzid. Quand le lion a faim, il devient dangereux, rien ne peut l'arrêter ni fusil de chasse ni cris ni menaces des chasseurs. • L'acte de Bouazizi, c'était un appel à la délivrance. Le proverbe arabe dit : «Un jour pour vous et un jour pour nous». Les jours se sont avérés beaux pour le président déchu, il les a passés à regarder son peuple mourant en face du balcon en tirant de ses poches des sous, et enfin il a tiré sur lui du haut des maisons, en vérité ce sont ses tireurs embusqués (snipers) censés faire plier les Tunisiens. Les jours ont effectivement embelli le ciel au peuple. Il a fait de ses étoiles des projectiles pour lapider le chasseur et l'expulser comme un voleur à mille miles de chez lui. Ainsi, la révolution tunisienne a su montrer bel et bien aux peuples arabes le chemin de la délivrance. «Dieu, le Miséricordieux, le Tout-Puissant dirige-nous dans le bon chemin», crient les peuples en Egypte, puis en Libye et puis au Yémen et encore en Syrie… Maintenant, le peuple, dans les pays arabes ont frayé des chemins dans l'histoire de la jungle. Il peuvent alors voir loin. Ils sont capables de renverser le pouvoir et contrecarrer les putsches à n'importe quel moment. Ils en déduisent que les calamités de la vie attaquent tous les genres humains, et qu'elles n'épargnent surtout pas les «grands-présidents» conservés et puis pourris dans leurs sièges… J'espère qu'on en a fini ave les putschistes. Ils sont déchus dans l'estime du peuple.