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Indépendance, dites-vous ?
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 07 - 2010


Par Hmida Ben Romdhane
La République démocratique du Congo (RDC) a fêté hier un demi siècle d'indépendance. Une célébration avec un faste assez déplacé au regard d'une population qui n'a jamais été aussi pauvre, et compte tenu aussi des résultats désastreux accumulés par le pays depuis l'indépendance du 30 juin 1960 jusqu'à ce jour.
Généralement, quand un pays anciennement colonisé fête l'anniversaire de son indépendance, il célèbre les réalisations accomplies en termes d'édification des structures politiques, de construction des infrastructures et de développement économique et social.
Il faut avoir le courage de poser la question : en déployant un tel faste, qu'est-ce que la RDC a célébré hier ? L'indépendance ? Il faut avoir le courage d'en parler aussi. Le quotidien congolais Le Potentiel a à peine effleuré la question mardi dernier dans son éditorial en ces termes : «Sorti de l'humiliant esclavage colonialiste, le Congolais de plus en plus pauvre ne vivrait-il pas sous la domination arrogante de compatriotes de plus en plus riches ?»
Le problème du Congolais maintenant est beaucoup plus grave que la simple «domination arrogante de compatriotes de plus en plus riches.» En toute honnêteté, si ce Congolais regarde aujourd'hui derrière lui pour faire l'évaluation de ce demi siècle d'indépendance, il ne trouvera pas grand-chose à célébrer.
Pour schématiser à l'extrême, disons que le demi siècle d'indépendance se divise en trois phases distinctes aussi calamiteuses l'une que l'autre.
Première phase : 1960-1965. A la proclamation de l'indépendance le 30 juin 1960, l'ex-colonie belge entra aussitôt en guerre civile. N'arrivant pas à se mettre d'accord sur qui gouverne le pays après le départ des Belges, les Congolais se battirent pendant 5 ans dans une guerre sanglante qui a fait un demi million de morts. Le carnage inter-congolais ne s'arrêtera que grâce à l'intervention des forces étrangères.
Deuxième phase : 1965-1997. Le général Mobutu Sese Seko a fini par s'imposer comme l'unique dépositaire du pouvoir en 1965. Il avait une occasion d'entrer dans l'histoire par la grande porte en construisant le pays. La nature était à ses côtés puisqu'elle a doté le Congo de réserves minières colossales au point que des économistes parlaient de «scandale géologique», tellement les richesses du sous-sol sont abondantes. Mobutu a raté l'occasion en faisant main basse sur les richesses faramineuses du pays, distribuant des miettes pour acheter les loyautés nécessaires à la stabilité de son régime, et tout le reste allait garnir ses comptes en Suisse, en France, en Belgique et Dieu sait où encore.
En 32 ans de règne, il est difficile de citer une seule réalisation au profit du peuple. Le Zaïre de Mobutu avait vécu plus de trois décennies avec le paradoxe honteux de pays le plus riche d'Afrique en termes de ressources minières, mais l'un des plus pauvres en termes d'infrastructures économiques et sociales et de revenu par tête d'habitant.
En dépit du caractère extrêmement nuisible du régime politique mis en place après l'indépendance, Mobutu bénéficiait de la bienveillance des grandes puissances parce qu'il a su, dans le contexte de la guerre froide, s'imposer comme le «défenseur de l'Occident» en Afrique et l'ennemi des régimes pro-soviétiques africains.
Avec la fin de la guerre froide, le Zaïre a perdu toute valeur stratégique et Mobutu est lâché par ses protecteurs d'hier, ce qui a facilité grandement la tâche de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération, dirigé par Laurent Désiré Kabila, qui a mis fin en mai 1997 à un régime qui a saigné à blanc le pays.
Troisième phase : 1997 jusqu'à ce jour. Laurent Désiré Kabila n'aura pas le temps de faire régner la paix et d'entamer un processus de développement qui tarde à se déclencher. Il sera assassiné le 16 janvier 2001, et c'est son fils Joseph qui le remplace. Le Zaïre, devenu entre temps République démocratique du Congo (RDC), ne connaîtra aucun répit. Les rébellions et les guerres se succèdent à un rythme infernal. Les morts se comptent en millions, les femmes violées et mutilées en centaines de milliers et les enfants enrôlés de force dans la guerre en milliers, sans parler du cannibalisme forcé (des enfants sont obligés de manger la chair de leurs parents) et autres horreurs incroyables. Les guerres non-stop de la RDC ont fait le plus grand nombre de victimes depuis la Seconde Guerre mondiale, et les 20.000 soldats du MONUC, dépassés par l'ampleur des violences, n'ont pu faire grand-chose pour arrêter le carnage.
Tel est en bref l'état d'un pays où, après un demi siècle d'indépendance, les deux tiers des 60 millions de ses habitants vivent toujours avec un dollar par jour, malgré les richesses minières faramineuses dont ils disposent. Tel est l'état d'un pays dont les dirigeants ont choisi de fêter hier avec faste un demi siècle d'indépendance, bien qu'il n'y ait pas la moindre réalisation à présenter au peuple en guise de cadeau offert par cette même indépendance.
L'indépendance en RDC aujourd'hui est tout sauf une réalité sur le terrain. Et si l'indépendance veut dire avant tout effort collectif continu dans le sens de la construction et de l'édification, si elle signifie bien-être du peuple libéré du joug du colonialisme, elle demeure en République démocratique du Congo une simple idée qui attend depuis 50 ans d'être concrétisée.
Le peuple en RDC a moins besoin de célébrer avec faste une idée en suspens que de s'engager dans un vaste débat qui lui permettrait de tirer les leçons du passé et de comprendre pourquoi la voie de la guerre a prévalu pendant si longtemps. Le peuple en RDC a besoin surtout de réconciliation, seul et unique moyen de commencer enfin à construire le pays et à célébrer ensuite l'indépendance non pas en tant qu'idée, mais en tant que réalité palpable dans la vie quotidienne des Congolais.


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