Pour une première depuis sa création, l'UPR (Union républicaine populaire) a organisé hier, à Tunis, une conférence de presse où il a présenté ses listes en lice pour les prochaines élections de la Constituante, ainsi que son programme, et ce, en présence du secrétaire général du parti, Lotfi Mraïhi, et de sa coordinatrice générale, Leïla Kallel, en compagnie d'autres membres fondateurs, à l'instar de Mansour Chekir, Karim Akrout et Sadika Keskès. Lors de son intervention, Mansour Chekir a tenu à préciser que l'UPR sera représentée pour les prochaines élections du 23 octobre prochain dans 14 circonscriptions, avec 4 femmes têtes de liste, soit à peu près 30% (28,57%). De son côté, le secrétaire général du parti, Lotfi Mraïhi, a rappelé le fait que son parti "aborde les élections tout en regrettant ce choix adopté en faveur de la Constituante pour instaurer une pratique démocratique accomplie... Option qui n'est pas la meilleure alternative". Il a ajouté : "Notre parti figure parmi la pléiade de partis créés après le 14 janvier et la plupart de ses membres fondateurs n'ont jamais fait de politique avant cette date. Et il compte dans ses rangs à peu près 20.000 adhérents". Mraïhi tire sur tout ce qui bouge Concernant la polémique autour de la mise en place d'un référendum limitant la durée du mandat de l'Assemblée constituante et des prérogatives qui lui seront reconnues, le secrétaire général de l'UPR a fait la déclaration suivante : "Notre parti a déjà exprimé son refus de la tenue de ce référendum, et ce, pour deux raisons :premièrement, songer à limiter la durée de vie de la Constituante peut pousser le pays vers une catastrophe, surtout si l'Assemblée constituante élue n'arrive pas à achever l'écriture de la Constitution dans les délais. Car, dans ce cas, elle sera contrainte à se retirer, laissant derrière elle un énorme vide. Deuxièmement, les tâches qui seront retirées des prérogatives de cette Assemblée constituante seront attribuées à des gens non élus par le peuple. Alors, peut-on mettre sur un même pied d'égalité des gens élus et d'autres qui ne le sont pas ?... Face à ce constat, l'UPR propose que chaque candidat aux élections de l'Assemblée constituante mette le choix de la nature du régime (présidentiel/ parlementaire -Ndlr) parmi les priorités des travaux de la Constituante. Ainsi, dès que la décision sera prise à ce sujet, l'Assemblée constituante pourra organiser des élections en fonction du résultat, tout en continuant de travailler parallèlement sur les autres chapitres de la Constitution." D'autre part, M. Mraïhi a fait part de sa déception vis-à-vis de l'ambiance qui règne dans le milieu politique depuis le 14 janvier. Il a déclaré : "Tout le monde a cru que le 14 janvier serait une porte pour réaliser nos rêves mais, hélas, notre 14 janvier a été usurpé par certains individus. Ces derniers sont entrés dans le combat politique, non pas pour proposer des solutions concrètes contre les problèmes du pays mais plutôt pour faire de la politique politicienne. Par exemple, a-t-il poursuivi, la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique aurait dû assumer son rôle historique durant cette période de transition en réglant les questions du financement des partis politiques et de la publicité politique. Même des partis comme le PDP, Etakattol et Ennahdha ont joué le jeu… Mais, malheureusement, ces individus avec leur laisser-aller ont permis à des partis énigmatiques comme l'UPL (Union patriotique libre) d'apparaître dans les différents médias grâce à leur argent…". L'UPR dresse les grandes lignes de son programme Concernant le programme du parti, Lotfi Mraïhi en a donné les grandes lignes, car le détail s'étale sur 130 pages. Selon lui, "l'UPR a toujours appelé pour une Tunisie avec une présence plus renforcée de l'Etat travaillant en symbiose avec la société civile tout en encourageant les initiatives personnelles. L'UPR a été parmi les premiers à appeler à un nouveau découpage territorial de la Tunisie, une Tunisie avec 5 grandes régions dotées de plus d'autonomie via des conseils régionaux élus par le peuple. Concernant le régime politique, l'UPR est pour un régime androgyne : suite à des législatives, le Parlement forme un gouvernement dont le domaine de compétences s'arrête dès qu'il s'agit de désigner les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Ces deux derniers doivent être désignés par le président de la République." Pour ce qui est de l'orientation économique, Mraïhi donne l'éclairage suivant : "Notre parti a toujours cru que la politique fiscale qui préconise une baisse des impôts pour les projets établis dans les zones défavorisées ne veut pas dire que cela peut encourager les hommes d'affaires à y investir. Un homme d'affaires cherche avant tout la rentabilité de son projet et non pas un allègement de la charge fiscale pour investir. D'autre part, chaque région a ses spécificités et, qui dit croissance, ne veut pas dire augmentation du nombre de postes d'emploi. Ainsi, la baisse des impôts n'est pas la panacée. Le parti propose de garder les mêmes taux d'imposition. Mais il propose en contrepartie aux hommes d'affaires de recruter les jeunes de moins de 30 ans (la génération de la révolution), de leur accorder des salaires raisonnables au lieu de l'allocation de chômage de 200 DT, mais en étant exonéré de la couverture sociale durant 5 ans. Ainsi, le chef d'entreprise, au lieu de payer la Cnss, augmente le salaire de ces recrutés. Pour compenser ce manque à gagner, il est possible d'élever l'âge de la retraite à 62 ans au lieu de 60 ans. Durant ces deux ans, et avec un salaire élevé, on pourra rattraper les 5 ans sans couverture sociale". L'UPR appelle en outre à l'augmentation du Smig pour élever le pouvoir d'achat du Tunisien et relancer l'économie tunisienne par la consommation. Enfin, l'intégralité du programme est disponible sur le site: upr.tn