VARSOVIE (Reuters) — Plus de 100.000 Polonais ont rendu hommage, hier à Varsovie, aux 96 victimes de la catastrophe aérienne du 10 avril en Russie qui a coûté la vie au Président Lech Kaczynski et à son épouse, Maria. Cet hommage solennel, sur une grande place de la capitale, intervient à la veille des obsèques du couple présidentiel à Cracovie, l'ancienne capitale royale, en présence de nombreux dirigeants étrangers. La foule varsovienne, qui arborait pour beaucoup des drapeaux aux couleurs rouge et blanc de la Pologne ceints de rubans noirs, s'est pressée sur l'immense place Pilsudski, dans le centre-ville. "Ils ont eu leurs rêves et leurs espoirs pour l'avenir de leur patrie", a déclaré à la foule en deuil le Premier ministre polonais, Donald Tusk. "Nous vivons une épreuve difficile — comment comprendre ces espoirs et les traduire dans le futur". Le chef de l'exécutif, rival politique du chef de l'Etat défunt, a ajouté‑: "C'est ce que nous avons de mieux à faire pour eux. Nous sommes ici pour nous souvenir (des victimes de la catastrophe de Smolensk)". "La Pologne est ici pour se souvenir d'elles. Nous n'oublierons pas‑!", a lancé l'orateur. Derrière l'estrade figurait une grande croix blanche devant deux vastes panneaux noirs portant les portraits de toutes les victimes, dont les noms ont été égrenés un par un par un comédien. Le frère jumeau du Chef de l'Etat disparu, Jaroslaw, actuel chef de l'opposition, siégeait au premier rang des personnalités aux côtés d'autres membres de la famille Kaczynski. La cérémonie d'hier à Varsovie, qui comportait aussi une salve de trois coups de canon et une messe de requiem, précède l'inhumation du couple présidentiel dans une crypte du "Panthéon" du Wawel, la cathédrale de Cracovie, dans le sud du pays, où reposent traditionnellement les anciens rois de Pologne et les héros de la nation. Incertitudes dues au nuage volcanique On attend à cette occasion — à condition que le ciel européen soit rouvert au trafic normal — de nombreux "grands de ce monde", dont l'Américain Barack Obama, le Russe Dmitri Medvedev, le Français Nicolas Sarkozy et l'Allemande Angela Merkel. Selon la météorologie nationale, le nuage de cendres volcaniques venu d'Islande qui recouvrait hier la totalité du territoire polonais devrait se dissiper partiellement dès ce dimanche matin. Le président et une bonne partie de l'élite politique et militaire de la Pologne se rendaient par avion dans l'ouest de la Russie pour assister aux cérémonies du 70e anniversaire du massacre de 22.000 officiers et intellectuels polonais à Katyn sur ordre de Staline. La catastrophe aérienne du 10 avril a laissé la Pologne en état de sidération. Des dizaines de milliers de personnes se sont inclinées dans les rues de Varsovie au passage des cercueils des victimes rapatriés de Russie. Le quartier situé en face du palais présidentiel, dans la vieille ville, s'est transformé en sanctuaire à la gloire des défunts, avec une profusion de bougies, de fleurs, de crucifix et de drapeaux nationaux. Le chef de l'Etat par intérim, Bronislaw Komorowski, a déclaré que le drame de Smolensk avait uni tous les Polonais au-delà des clivages politiques. Il a également dit sa gratitude aux dirigeants russes pour leur aide immédiatement après l'accident aérien et leurs gestes de solidarité.