Par Mohamed Lahbib STA Depuis quelque temps, la scène politique à Bizerte vit un état de fébrilité intense. Elle est d'autant plus fiévreuse que l'échéance électorale du 23/10 approche à pas de géant. Et comme pour l'électriser davantage, un nouveau sujet surgit au milieu de cette frénésie, laissant le champ libre à maintes interprétations, pour le moins diverses, mais très souvent peu convaincantes. Sans trop de détails, nul doute, la technique du référendum est l'un des attributs fondamentaux des régimes réellement démocratiques. On y a recours toutes les fois que l'intérêt supérieur du pays l'exige (révision de la Constitution, promulgation d'une nouvelle loi fondamentale, ou adoption d'un traité, etc.). Malheureusement, celui dont il est question, aujourd'hui, suscite beaucoup d'interrogation. De plus, il est loin d'obtenir l'accord de tous les partis de la classe politique. Cependant, il est bon d'y avoir recours, pour plus de démocratie, mais il est encore mieux de l'utiliser à bon escient, pour permettre au citoyen de participer à l'exercice du pouvoir. Paradoxalement, en dépit de son caractère démocratique, le référendum pourra comporter certains dangers, entre autres celui de légitimer un régime dictatorial, surtout lorsque le Parlement se trouve dominé par un parti unique, ou soumis à l'alliance de plusieurs nouveaux partis issus de milieux douteux. C'est pour cette raison que dans certains pays occidentaux, le référendum ne jouit pas d'un grand prestige (lire L'histoire de France, chapitre Napoléon). Déjà, neuf mois après le déclenchement de la révolution du 14 janvier, le fait saillant, c'est sans conteste la multiplicité des partis, et les discussions doublement chaudes sur le petit écran. Quant à moi, je crois fermement que créer des partis, à l'heure de la liberté et de la délivrance, ce n'est, certes, pas chose savante. Il s'agit maintenant d'être fidèle aux valeureux martyrs qui baignent désormais dans le bonheur éternel. La dictature est morte, ou sur le point de l'être, la démocratie simulée aussi. Il faut, enfin, hâter, sans bavure, le passage à la légitimité constitutionnelle. Car la Tunisie post-révolution n'admet plus de retard. Ensuite, viendra le moment de parler utilement de référendum, qu'il soit précoce ou tardif. Ni trop tôt ni trop tard.