M. Kamel Morjane, président du Parti l'Initiative, a donné, hier à Hammamet Sud, dans une salle archicomble, la grande salle des congrès «Hannibal» de la Médina, le coup d'envoi de la campagne électorale de son parti pour la Constituante. Dans une ambiance de liesse populaire, les militants et les militantes du Parti de l'Initiative, venus nombreux pour assister au premier baptême électoral de leur parti, ont dû attendre jusqu'à 11h00 pour voir leur mentor, M. Kamel Morjane, monter sur la scène sous une standing-ovation assourdissante. Entre- temps, les organisateurs de l'événement avaient occupé l'assistance par des airs chantant l'amour de la patrie à l'image de : «Ahimo bi Tounes el Khadhra» (je suis passionnée par la verte Tunisie) de Latifa Arfaoui, « Maân min ajli Tounes maân» (Ensemble pour la Tunisie) de Lotfi Bouchnak ou bien I said I loved you but I lied (J'ai dit que je t'aimais, mais j'ai menti) de Michael Bolton, avec son célèbre refrain You are the one, you are the one (Tu es l'unique, tu es le seul). Ainsi, après avoir entonné l'hymne national, M. Kamel Morjane, en présence des têtes de liste, a affirmé lors de son intervention que ''la Tunisie appartient à tous les Tunisiens sans exclusion, ni marginalisation ou discrimination et que l'intérêt du pays passe avant celui des partis''. Toutefois, il a tenu à rappeler que son parti, l'Initiative, est un parti centriste, moderne et indépendant qui s'inspire des mouvements réformistes qu'a connus la Tunisie dans son histoire contemporaine. Il a ajouté : «Nous sommes appelés à plus de vigilance contre les forces occultes et rétrogrades. Notre parti ne peut pas dévier de ses principes qui sont l'esprit moderniste et contemporain». Il a fait part aussi de l'attachement constant de son parti à la Tunisie, de sa fidélité aux sacrifices consentis par le peuple tunisien et de son engagement aux objectifs de la révolution. «Nous n'avons pas pris le train de la révolution, c'est un mot que je déteste. Cette révolution est la révolution du peuple et personne ne peut se l'approprier. C'est le peuple qui l'a provoquée par son courage», scande M. Morjane, dans un tonnerre d'applaudissements. Concernant l'orientation politique de son parti, M. Morjane a rappelé que l'Initiative, au début, était pour la solution de la mise en place d'une commission d'experts dont la tâche était de proposer deux projets de Constitution. Le 24 juillet, date prévue initialement pour le rendez-vous électoral, le peuple tunisien aurait eu à trancher pour l'un de ses deux projets à travers un référendum. Selon lui, cela aurait été une opportunité pour gagner du temps en organisant par la suite les élections législatives et présidentielles : «Notre souci était essentiellement de retrouver un équilibre. La période de remous que nous traversons est une étape obligatoire, mais on met en péril nos institutions en nous éternisant dans le provisoire. Il faut que le gouvernement retrouve une légitimité au plus vite, pour sa crédibilité tant nationale qu'internationale. Mais on a fini par suivre la mouvance générale dans le cadre du consensus, car l'intérêt du pays à ce moment n'avait pas besoin de divisions entre les partis». Quant au projet de Constitution, comme le voit le parti de l'Initiative, M. Kamel Morjane insiste sur le fait que son parti a toujours appelé à un régime présidentiel réformé et réajusté, et non pas pour un régime présidentiel spécial, avec un pouvoir législatif à une seule chambre, et non pas bicaméral. Pour le pouvoir judiciaire, M. Morjane a rappelé que son parti a toujours appelé à une justice libre et indépendante, avec un haut conseil des magistrats élu par les juges ainsi qu'à l'instauration d'une Cour constitutionnelle comme garde-fou. Il a jouté : «Notre projet de Constitution est pour un nouveau découpage territorial avec 6 provinces. Notre parti a été le premier à énoncer cette idée qui a été par la suite reprise par les autres partis. Ces provinces seront dirigées par des présidents élus au suffrage universel». A propos des relations qui lient son parti aux autres partis politiques, ainsi que les éventuelles alliances, le président de l'Initiative a bien mis les points sur les « i » en déclarant : «Notre parti est composé dans sa majeure partie de militants destouriens et de bourguibistes… Nous n'avons pas d'ennemis, mais plutôt des adversaires. C'est pour cela que j'appelle tous nos militants durant la période de la campagne électorale à plus de retenue. Il ne faut pas céder aux provocations. Il faut démontrer que notre parti est un exemple de parti démocratique et civique. Concernant les éventuelles alliances, il n'est pas à exclure de former un pôle avec des partis qui partagent avec nous les mêmes idées, à l'instar du Parti réformiste destourien, du parti Al Watan (La Patrie) et du Parti de l'avenir (Al moustakbal). Sans oublier une éventuelle collaboration avec des listes indépendantes qui partagent les mêmes orientations, surtout dans les circonscriptions où l'Initiative n'est pas représentée par une liste». Enfin, M. Kamel Morjane a appelé ses partisans et les militants de son parti pour le compte de cette campagne électorale à bien faire connaître les valeurs du parti tout en mettant en exergue l'emblème choisi pour figurer dans le bulletin de vote : «La tête d'aigle», ainsi que le slogan de la campagne «Noubader hobbana litounes» (Nous prenons l'initiative par amour pour la Tunisie).