Le milieu rural du gouvernorat de Kairouan compte 388.360 habitants, dont 193.450 femmes, soit un taux de 49,8%. La situation de ces femmes s'est améliorée grâce, notamment, aux divers mécanismes mis en place et aux programmes de développement mis au point à leur profit. Résultat, une métamorphose dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'hygiène et de l'emploi. Néanmoins, plusieurs problèmes continuent de porter préjudice à la femme rurale, comme le taux élevé d'analphabétisme, la mentalité conservatrice des ruraux, l'abandon scolaire à un âge précoce et la pauvreté. Mais parmi les femmes qui ont pu émerger du lot en prenant leur destin en main et en osant prendre des risques, on cite l'exemple de Zohra Mensi, 44 ans, formatrice en artisanat et propriétaire d'un atelier spécialisé en tapisserie dans le village de Oued El Gssab (délégation de Oueslatia). De 1999 à nos jours, elle a formé une centaine de jeunes filles âgées entre 16 et 30 ans dans le domaine du tissage du tapis, aidée en cela par la délégation régionale de l'ONA, le FNE 21-21, le Fiap et l'Akad. Après avoir reçu la formation nécessaire, ces jeunes filles se sont installées à leur propre compte et ont créé des métiers domestiques. Tout en continuant de transmettre ses techniques et ses connaissances à d'autres jeunes filles au sein de son atelier, Mme Mensi poursuit sa collaboration avec celles qu'elle a déjà formées en les visitant chez elles, en les conseillant et en leur achetant la quantité de laine dont elles ont besoin. Une fois les tapis finis, elle les soumet au contrôle de l'ONA à Kairouan qui les estampille d'un label officiel portant la date de finition, la texture, les dimensions et le poids. «Etant donné que ma situation financière s'est améliorée, que mes quatre enfants ont grandi et que je roule en 4x4, je me permets de les aider à vendre ces tapis et à partager avec elles les gains...», nous confie-t-elle. «Grâce à mon sens de la solidarité et ma conscience quant à l'importance de l'encadrement de la femme rurale, tous les villageois et les citadins m'apprécient et j'ai, quotidiennement, des commandes qui me viennent de partout, notamment, de la part de parents qui préparent le trousseau de leurs filles», poursuit-elle. Son atelier simple, certes, mais au charme discret, est entouré de champs verdoyants à perte de vue et de collines aux pentes douces. On y admire de beaux tapis de haute laine et de texture 30x30. Certains ont des coloris discrets et naturels (marron, noir et blanc). D'autres sont finement colorés. Evidemment, Zohra Mensi suit l'évolution du goût des consommateurs, répond aux exigences du marché et essaye de développer la faculté de conception et d'innovation auprès des jeunes filles en vue d'accroître la production.