Tous les ingrédients étaient réunis pour que nous assistions à cette 90e édition de "l'Arc". Cette prestigieuse épreuve est sans conteste la plus grande course au monde sur la distance classique de 2.400 mètres, où les chevaux doivent faire preuve à la fois de tenue et de vitesse. Un temps magnifique (mais très chaud quand même), plus de 50.000 spectateurs, un véritable concours d'élégance dans les enceintes, une piste très rapide, un brassage de chevaux venus de divers horizons et aux valeurs classiques titrées, dont le vainqueur de la dernière édition à 3 ans Workforce. Dès le départ, la course est partie sur les chapeaux de roues. Treasure Beach (Galileo), vainqueur de l'Irish Derby et deuxième du Derby d'Epsom (Grs1), a joué le leader de luxe. Il a tout de suite assuré un rythme très élevé et ses adversaires ne pouvaient pas se permettre de le laisser partir, puisque compte tenu de sa qualité, il pouvait être difficile à rattraper. La course a été limpide, sans aucun faux rythme. Treasure Beach a logiquement rétréci son action dans la ligne d'en face et a tout de suite été relayé par St Nicholas Abbey (Montjeu). Le rythme imposé par les protégés d'Aidan O'Brien a été tellement soutenu que beaucoup de leurs adversaires se sont essoufflés (avec en plus la chaleur exceptionnelle qui régnait à Paris…) et n'ont sans doute pas pu faire leur course. Dans la ligne droite finale, St Nicholas Abbey avait toujours l'avantage et subissait l'attaque de la Aga Khan Shareta (Sinndar) qui a, elle, bien apprécié le rythme effréné. Danedream (Lomitas), dans son proche sillage, est venue librement sur la ligne de tête à trois cents mètres du but. Elle a mis un peu de temps pour s'équilibrer et, à deux cents mètres du poteau, elle s'est bien allongée. C'est à ce moment qu'elle a cloué sur place ses adversaires… se détachant du peloton et en leur affichant cinq longueurs ! Elle a même établi un nouveau record de l'épreuve en 2'24"49. En belle et sportive «allemande» Danedream a montré qu'elle avait une vitesse de plus que les autres, plus que Snow Fairy (Intikhab) et Sarafina (Refuse to Bend), qui sont pourtant connues pour leur fin de course tranchante. Après avoir laissé éclater sa grande joie le jockey allemand Andrasch Starke : livrait ses impressions‑: « A quatre cents mètres du poteau, je savais que j'avais gagné. J'ai pu avoir un parcours superbe. Je me suis calé dans le sillage du japonais Hiruno d'Amour et l'ouverture s'est faite quand il fallait. Dans le dernier tournant, j'étais très confiant. Je voyais des chevaux commencer à reculer et moi, j'allais très bien. Elle passait un vrai test aujourd'hui. Elle venait de bien gagner en Allemagne, mais, ici, l'opposition n'avait rien à voir. Avant le coup, on savait que Danedream allait bien courir, mais on signait déjà des deux mains pour une place dans les quatre premiers. Au début, Danedream était une pouliche qui ne montrait rien à l'entraînement. D'ailleurs, encore aujourd'hui, elle ne montre toujours rien. En juin, si on m'avait dit que j'allais monter "l'Arc" avec Danedream, je ne l'aurais pas cru… Quand j'ai gagné le premier Gr1 de Danedream, Dominique Bœuf m'avait dit quelques minutes plus tard : “ Tu as là une pouliche pour courir "l'Arc" Il s'est avéré qu'il avait raison…»”. L'entraîneur Peter Schiergen les yeux dans le vide avait de la peine à croire ce qui lui arrivait…Un peu plus de quinze mois après avoir débuté victorieusement sur l'hippodrome de Wissembourg, Danedream achetée pour 9.000 euros à 2 ans à Baden Baden remporte le Prix de l'Arc de Triomphe (le championnat du monde des pur-sang !). Un vrai conte de fées… et c'est là la beauté des courses.