Le nombre de pensionnaires n'est pas représentatif de la vraie demande. En effet, il y a seulement un peu plus de 66.000 élèves internes dans les établissements scolaires. Ces effectifs baissent avec la diminution des internats. Pourtant, ce mode de scolarité est de plus en plus sollicité par les parents. Ces derniers cherchent, par tous les moyens, à « caser » leurs enfants dans un de ces établissements. Leur intention est de les protéger contre les mauvaises fréquentations et de leur permettre de profiter de plus de temps. Dans les grandes villes, les enfants passent le plus clair de leur temps entre la rue et l'école. Les dangers sont nombreux, d'autant que, aux heures creuses, les collèges et les lycées ne réservent pas de permanence. De la sorte, on voit des bandes de jeunes traîner dans le périmètre des établissements scolaires et se livrer à des actes plus ou moins répréhensibles, voire carrément interdits. Cette peur chez les parents les pousse à chercher, en vain, une place en tant que pensionnaires pour leurs enfants. Cette possibilité est désormais difficile à réaliser pour la plupart des demandeurs. Si, par bonheur, on déniche une place dans un internat, il est généralement très éloigné du gouvernorat où on réside. Un élève du Grand-Tunis trouvera difficilement un internat dans la zone où il habite. Le département de l'éducation axe ses efforts sur les régions de l'intérieur, où les scolarisés sont pris en charge pour leur éviter les peines des déplacements en raison de l'éloignement des collèges ou lycées. La plupart d'entre eux sont boursiers. Aujourd'hui, de nombreuses familles croient aux vertus du système des internats. C'est une institution qui peut apporter beaucoup en termes de discipline, d'organisation et de travail. C'est pourquoi les personnes qui sont à la recherche d'une place pour leurs enfants sont prêtes à débourser les sommes nécessaires pour leur inscription. Mais, malheureusement, les autorités de tutelle n'ont pu répondre aux demandes réitérées provenant surtout des grandes villes. Les dangers que représente la rue méritent bien qu'on investisse dans cette direction et qu'on ne lésine pas sur les moyens. L'expérience a justement montré que le système du pensionnat forme des jeunes plus responsabilisés et plus organisés. C'est donc une chance supplémentaire de réussite. Le ministère pourrait réfléchir davantage sur ce point et étudier l'éventualité d'augmenter sa capacité d'accueil. Car il ne faut pas oublier que le profil des parents a beaucoup changé et que ce ne sera pas l'Etat seul qui prendra à sa charge les internes. Les autres contributeurs payants apporteront une nouvelle impulsion au secteur. Le créneau est vraiment porteur et nous pensons que l'occasion est propice pour entamer une nouvelle politique à ce niveau. Les futurs internes ne seraient plus que des boursiers, mais aussi de vrais «clients» payant cash. Ce qui ne manquera pas de renflouer le budget du ministère et allègera la contribution publique, tout en fournissant des prestations plus avantageuses et un encadrement pédagogique plus efficace. Les jeunes diplômés pourraient y trouver leur place sans se fixer uniquement sur l'enseignement.