* C'est encore le déficit de communication Juste après la fin de chaque trimestre et après la tenue des conseils des classes, les parents sont invités à venir dans les établissements (collèges et lycées) rencontrer les professeurs de leurs enfants. Cette rencontre est d'une importance capitale, car c'est l'occasion pour les parents de discuter des résultats de leurs enfants et surtout d'écouter les conseils pédagogiques qui les aideront à mieux les encadrer et éventuellement, les aider dans leurs études para-scolaires afin d'améliorer leurs résultats au prochain trimestre. On remarque depuis des années que cette présence de plus en plus massive des parents est due, sans doute, à l'intérêt accordé à ce genre de contact d'une part, et à leur souci de voir leur progéniture atteindre un niveau meilleur. On doit encourager et consolider ce dialogue entre professeurs et parents à une époque où l'on assiste, non seulement chez nous mais partout dans le monde, à une crise de confiance entre la famille et l'école et à une démission quasi-totale de la part de certains parents lesquels, vivant certainement sous des contraintes sociales et professionnelles, ne peuvent assumer leur rôle éducatif. En tant qu'enseignant, vivant l'expérience depuis des années, je voudrais faire quelques remarques concernant l'organisation de ces rencontres trimestrielles, les attentes des interlocuteurs (parents et professeurs) et le rôle de l'Administration.
Faute de temps D'abord, le temps imparti à ce rendez-vous tant attendu (vendredi de 15H à 17H), est insuffisant et ne permet pas de mener à bien la discussion surtout quand il s'agit de cas d'élèves en butte à des difficultés scolaires diverses. Certains professeurs sont obligés d'abréger l'entretien, ô combien utile, pour pouvoir parler à tous les parents qui sont censés rencontrer, en ce temps record, la totalité des enseignants répartis dans plusieurs salles. C'est ainsi que certains parents, passant le temps à chercher tel ou tel professeur, faisant la queue parfois pour attendre leur tour, n'arrivent pas à s'entretenir avec certains professeurs et même s'ils y parviennent, la discussion n'est que courte et superficielle. Dans de telles conditions, les parents manifestent un certain mécontentement, car tous les professeurs, faute de temps, n'ont ni la disponibilité ni l'aisance pour satisfaire tous les parents présents. Imaginez l'angoisse et la tension que ressent l'enseignant devant une foule de parents avides de tout connaître sur la scolarité de leurs enfants. Dans d'autres pays, la France par exemple, on a remédié à ce problème en faisant répartir cette rencontre sur trois journées, en procédant par niveaux ou par cycles. Chez nous, vu l'infrastructure et les moyens, on peut réserver deux journées, la première pour les classes terminales (brevet et baccalauréat) en raison de l'importance accordée par nos élèves et leurs parents à ces classes ; et la deuxième journée pour les autres classes. Ainsi, on évitera un tant soit peu cette attente inutile et par conséquent, l'enseignant pourrait facilement accorder le temps nécessaire à l'entretien. Ensuite, parmi cette présence massive des parents lors de cette rencontre, on remarque malheureusement un nombre relativement réduit de parents des élèves dits « faibles ». Pourtant, ces derniers sont les plus concernés par ce genre de contacts, afin de dialoguer avec les professeurs sur les insuffisances et les problèmes rencontrés par leurs enfants au cours du trimestre. Ils restent donc en retrait pensant que les enseignants connaissent leur métier et qu'il n'est pas nécessaire d'intervenir dans leur domaine, ignorant ainsi que le dialogue avec les enseignants est un moyen très efficace qui contribue énormément à l'amélioration du niveau de leurs enfants. C'est le rôle de l'Administration qui doit insister essentiellement sur la présence des parents de cette catégorie d'élèves dans la convocation même qui leur est envoyée avec le bulletin trimestriel.
Et la discipline ? De même, cette réunion parents-professeurs ne doit pas se limiter au seul débat sur le résultat obtenu par les élèves, mais c'est l'occasion de parler aussi de la conduite et de la discipline : cette étape de scolarité (collège et lycée) coïncide avec la période de l'adolescence, période difficile à gérer aussi bien pour les élèves que pour les enseignants et les parents. En effet, en classe, le professeur peine souvent à se faire entendre ; et, à la maison, les parents ne sont plus écoutés. D'où la nécessité de coopérer sérieusement afin de mieux encadrer ces adolescents et faire de sorte que leur adolescence ne soit pas un obstacle à leurs études. Enfin, je voudrais ajouter un mot sur l'accueil réservé aux parents lors de ces rencontres. Un tableau à l'entrée de l'établissement affichant des flèches montrant aux parents le sens de la visite et des salles de classes, aménagées pour la circonstance, cela ne suffit pas. Les parents sont des invités qui viennent non seulement s'enquérir du parcours scolaire de leurs enfants mais ils sont là aussi pour manifester leur volonté de collaborer à la vie éducative. Aussi faut-il les accueillir avec beaucoup de chaleur et les remercier d'être venus. Certains directeurs d'établissements organisent à cette occasion une petite réception au début ou à la fin de chaque rencontre à laquelle prennent part les enseignants et les cadres administratifs, histoire de faire honneur aux parents et par la même occasion de les réconcilier avec l'école et resserrer les liens parents-professeurs afin d'optimiser les chances de réussite de nos élèves. L'avenir de l'école est tributaire de la bonne coopération du triangle traditionnel de l'éducation (élèves, professeurs et administrations, parents).