• En dépit des mesures préventives prises par l'Etat, l'Aïd El Kébir s'annonce dur pour le couffin de la ménagère. Eclairage. La Presse — Les premiers troupeaux d'agneaux commencent à prendre corps et à gagner du terrain un peu partout dans le pays, en prévision de l'Aïd El Kébir qui frappe à nos portes. Plusieurs familles tunisiennes s'y mettent déjà en prenant congé de l'effervescence croissante des élections du 23 octobre pour se consacrer à une autre campagne, celle de l'Aïd. Les premiers troupeaux d'agneaux commencent à prendre corps et à gagner du terrain un peu partout dans le pays, en prévision de l'Aïd El Kébir qui frappe à nos portes. Plusieurs familles tunisiennes s'y mettent déjà en prenant congé de l'effervescence croissante des élections du 23 octobre pour se consacrer à une autre campagne, celle de l'Aïd. «J'irai assurément aux urnes, mais j'ai aussi une pensée pour le mouton de mes enfants», avoue H.B., banquier de son état, qui ne cache pas son inquiétude «quant aux premières nouvelles loin d'être optimistes concernant la disponibilité du bétail et ses prix de vente». Lui emboîtant le pas, R.K., institutrice, avertit que «si l'Etat ne fait pas montre de vigilance et d'une main de fer dans un gant de velours, les spéculateurs nous rendront la vie difficile et gâcheront notre fête». Ces propos qui sonnent comme un carton jaune, l'Etat en est sans doute conscient, qui a pris récemment une batterie de mesures préventives qui vont de l'approvisionnement du marché local en quantités suffisantes de têtes ovines, à l'imposition de prix accessibles par toutes les bourses, en passant par l'intensification de la lutte contre spéculateurs et contrebandiers. A notre humble avis, c'est bien ce dernier point qui suscite la préoccupation principale des citoyens. A cause des marchés libyen et algérien En effet, de l'aveu même des ministères concernés (Commerce, Agriculture, Intérieur et Finances), l'Aïd El Kébir post-révolution se jouera à… nos frontières avec la Libye et l'Algérie. Explication : outre les centaines de milliers de familles libyennes qui ont décidé de passer l'Aïd dans nos murs après avoir fui le conflit qui ravage leur pays, le Sud tunisien est devenu, ces jours-ci, un terrain de prédilection pour les contrebandiers libyens qui viennent s'y approvisionner en moutons avant de rentrer au bercail, via les voies clandestines du Sahara, pour écouler la marchandise au triple (voire plus) du prix réel. Et cela ne peut évidemment que faire la joie de nos propriétaires de bétail, prompts à sauter sur des occasions pareilles qui leur garantissent des ventes aux moindres efforts et à l'abri des contrôles. Le marché algérien, lui, a paradoxalement… mis de l'huile sur le feu, en stoppant l'exportation, jusqu'ici abondante, de ses moutons vers la Tunisie. Du coup, en pâtit le marché local, désormais, exposé, jusqu'à nouvel ordre, à une pénurie ovine doublée d'une hausse des prix. A la grande joie des agriculteurs, qui ont déjà bien des soucis avec leurs problèmes d'élevage qu'on connaît. Les points de vente en sauveurs ? Face à ce puzzle, le consommateur ne semble plus s'accrocher qu'à un seul espoir : les points de vente des moutons. Ceux-ci, aménagés et gérés par les municipalités, ont au moins ceci de rassurant et de tentant, qu'ils prémunissent contre les abus sur les prix, et que le bétail y est scrupuleusement contrôlé et vacciné contre le virus des spéculateurs parmi nos incorrigibles «gacharas»! «On n'a qu'à nous rabattre sur ces points de vente», soutient un père de famille qui émet le vœu de «les voir approvisionnés en quantités suffisantes pour que l'offre réponde à la demande».