La Presse — Le rideau est tombé, Ennahdha arrive en tête et remporte la plus grande proportion des sièges dans les circonscriptions où la compilation est achevée et dont les premiers chiffres officiels ont été annoncés hier par l'Isie. En effet, des résultats partiels ont été enfin rendus pubics par l'Instance supérieure indépendante pour les élections dans cinq circonscriptions (Jendouba, Sfax1, Sfax2, Kebili et Sousse). Et comme attendu, Ennahdha récolte le plus gros lot de la mise et totalise 15 sièges parmi les 39 prévus pour ces circonscriptions. Le CPR a gagné 6 sièges, la Pétition populaire a totalisé 5 sièges et Ettakattol 4 sièges. D'après ces résultats et ceux d'hier relatifs aux Tunisiens résidents à l'étranger (9/18 pour Ennahdha), la couleur dominante de la Constituante est déjà annoncée. Ce sont les islamistes qui vont mener la barque avec déjà 24 sièges garantis, soit plus de 10% d'un total de 217 de la Constituante. Et cela provoque déjà plusieurs craintes et anime plusieurs discussions dans les coulisses du Palais des congrès et même ailleurs. Ces discussions sont nourries par ailleurs par les résultats collectés par une station radio privée de la place (profitant d'un vide juridique) et qui semble devancer l'Isie, trop critiquée pour cette lenteur. Plusieurs journalistes et observateurs sont surpris par les résultats de la Pétition populaire de Hechmi Hamedi qui a gagné des sièges à Sousse, Kébili, Jendouba, Sfax 1 Et Sfax 2. Mais selon plusieurs sages rien n'est définitivement gagné. Cette longueur d'avance des islamistes est juste une épreuve, pour tester dans quelle mesure ils seraient capables de relever le défi de la démocratie, accepter et respecter les autres tendances. N'oublions pas aussi que l'héritage de Ben Ali n'est point facile à gérer aussi bien sur le plan économique que social. Et là les dirigeants d'Ennahdha semblent bien assimiler la teneur de la responsabilité. Dans leurs discours au cours de la campagne et même avant ils ont essayé d'être rassembleurs et ils ont promis de ne pas exclure les autres tendances politiques de la gestion du pays. Enfin le dernier challenge de la prochaine période transitoire sera sans aucun doute celui du renforcement de ce processus démocratique déjà fragilisé par les contestations exprimées après le scrutin. Pour plusieurs analystes, la démocratie naissante en Tunisie est aussi fragile qu'un bébé d'à peine quelques heures. Les Islamistes sauraient-ils le relever dans un contexte arabo-musulman ? La réponse pratique à cette question sera déterminante aussi bien pour l'avenir de la Tunisie qu'à celui de la région. Voici par ailleurs les résultats par circonscription annoncés hier lors d'un point de presse : Circonscription de Jendouba (8 sièges) Ennahdha : 2 sièges Pétition populaire : 1 siège Ettakattol : 1 siège PDP : 1 siège CPR : 1 siège Annidhal ijtimaîi (le militantisme social, indépendante) : 1 siège Watad : 1 siège Sfax 1 (7 sièges) : Ennahdha : 3 sièges CPR : 1 siège Pétition populaire : 1 siège Ettakattol : 1 siège Albadil Athawri : 1 siège Sfax 2 (9 sièges) : Ennahdha : 4 sièges CPR : 1 siège Pétition populaire : 1 siège La voix de l'avenir (sawt almoustakbal) : 1 siège Ettakattol : 1 siège Afaq tounès : 1 siège Kébili (5 sièges) : Ennahdha : 2 sièges CPR : 2 sièges Pétition populaire : 1 siège Sousse ( 10 sièges) : Ennahdha : 4 sièges Moubadra : 2 sièges CPR : 1 siège Pétition populaire : 1 siège Ettakattol : 1 siège PDP : 1 siège L'Isie insiste par ailleurs sur le fait que ces résultats ne sont pas définitifs et que les dépassements constatés et annoncés ne permettent d'annuler aucune liste selon la loi électorale à l'exception des conditions de l'article 70 relatif au financement et dont l'examen est confié à une commission spécifique.