L'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) a publié un communiqué fort à l'occasion du 69e anniversaire du Code du statut personnel, texte fondamental pour les droits des femmes en Tunisie. Ce communiqué s'inscrit dans un contexte politique et social tendu depuis le 25 juillet 2021, marqué par un recul des libertés publiques, une montée des violences sexistes, ainsi qu'une crise économique sévère qui frappe particulièrement les femmes. Dans ce climat, l'ATFD alerte sur la dégradation des droits des femmes et dénonce la hausse des discriminations, violences et atteintes aux libertés, notamment avec l'emprisonnement de nombreuses femmes militantes pour leurs opinions ou engagements civiques. L'association souligne également la persistance de disparités importantes, comme l'inégalité salariale et le chômage féminin élevé.
Dans un communiqué publié par l'ATFD et signé par le Front pour l'égalité et les droits des femmes, avec le soutien d'associations, partis et militants engagés, les signataires exigent la libération immédiate des prisonnières d'opinion et de conscience, ainsi que l'arrêt des poursuites et des restrictions sur les libertés publiques, en conformité avec les lois nationales et les engagements internationaux. Face à ces violations répétées et à l'aggravation des conditions sociales et économiques, le communiqué demande également la fin des campagnes mensongères, qui constituent une forme de violence symbolique fondée sur le genre. Il réclame la mise en place de politiques publiques efficaces, capables de restaurer la souveraineté populaire sur les ressources naturelles et humaines du pays, en lieu et place de slogans creux, afin de combattre la pauvreté, le chômage, la précarité sociale et économique, la violence et les féminicides. Par ailleurs, il appelle à la solidarité, à l'unité et à la mobilisation pour défendre un modèle sociétal basé sur l'égalité, la liberté, la dignité et la justice sociale, ainsi qu'à dépasser la fragmentation actuelle. Une réflexion collective est aussi souhaitée pour construire une alternative démocratique et sociale, rompant avec l'autoritarisme et tirant les leçons des erreurs des dix années de transition démocratique, en s'appuyant sur les acquis et l'énergie insufflée par la révolution pour bâtir une Tunisie civile, démocratique, libre, juste, égalitaire et digne. Dans ce cadre, les signataires réaffirment leur soutien à l'Union générale tunisienne du travail, dernier rempart dans la lutte pour la justice sociale et les droits des travailleuses et travailleurs, aujourd'hui menacée par des attaques systématiques qui mettent en péril les acquis professionnels, le syndicalisme et le droit de grève. Enfin, le Front engage à intensifier la mobilisation pour défendre les droits politiques, civils, sociaux et économiques des femmes et des citoyennes, ces droits et libertés étant non négociables, sans compromis ni recul. Parmi les signataires de cet appel conjoint figurent notamment la LTDH, l'association Beity, le groupe Tawhida Ben Cheikh, Kalam, Intersection, Soumoud, Aswat Nissa, le CRLDHT, le FTDES, Mawjoudin, ainsi que les partis Al Massar, Ettakatol, Attayar, Al Qotb, le parti des Travailleurs, Al Joumhouri, et de nombreux militants.