Elle vit en Suisse depuis 20 ans. Sa mère est libanaise, son père est irakien. Mais elle se sent irakienne plus que tout ; et pas un jour ne passe sans qu'elle ne pense à son pays d'origine qu'elle a décidé de raconter dans son premier long métrage de fiction, actuellement en phase de montage financier. Dans lequel de ces pays avez-vous vécu le plus? A vrai dire, j'ai très peu de souvenirs de mon enfance. De par le métier de mon père, on se déplaçait beaucoup. Mais ces trois nationalités m'enrichissent sur tous les plans, émotionnel surtout… La Suisse a respecté mon humanité, je suis également très liée à ce pays où j'ai étudié les arts plastiques et où je me suis spécialisée dans les arts de la vidéo. J'ai aussi vécu en Egypte, où j'ai obtenu un diplôme de cinéma. Pourquoi l'Egypte? J'avais besoin d'arabité, de perfectionner ma langue d'origine. Et puis, pour faire mes films, j'ai besoin de vivre dans un pays arabe, car mes sujets sont inspirés de la réalité de nos régions. C'est ainsi que vous avez réalisé un premier court métrage sur Bagdad… Il s'agit de mon film de fin d'études, un documentaire intitulé Gangs of Bagdad sur les kidnappings qui ont lieu depuis quelque temps… Actuellement, je suis en train de finir le montage d'un autre documentaire sur la prostitution masculine, produit par une société suisse, Day production. Qu'est-ce qui motive le choix de vos sujets? L'information. Il y a des réalités que seul le cinéma peut communiquer. J'aime les films utiles. Qu'en est-il de votre projet de long métrage? Il s'agit plutôt d'une fiction. A travers une famille irakienne, je raconte Bagdad, avant, pendant et après la guerre. Pour le scénario, je collabore avec un scénariste égyptien, un jeune écrivain très intéressant qui n'a pas encore la grosse tête des vedettes de l'industrie cinématographique égyptienne. Que pensez-vous du colloque sur la modernité auquel vous avez assisté à Sousse dans le cadre de la 15e édition du festival des femmes créatrices arabes ? Cela m'a beaucoup apporté d'y assister, même si parfois il y avait redondance. Le thème choisi nous a poussées à réfléchir d'une autre manière sur notre condition de femmes créatrices arabes et même occidentales. Vous trouvez cela normal que depuis la création des oscars, aucune femme n'ait obtenu celui du meilleur film? Dans l'édition 2010, le miracle a enfin eu lieu. On a beau faire l'éloge de la femme, de ses capacités à créer et recréer, mais il y a toujours quelque chose qui l'empêche d'être réellement égale à l'homme. Propos recueillis