• S'agissant du critère de l'«efficience du marché du travail », la Tunisie a régressé de 27 positions Les derniers classements internationaux de l'économie nationale semblent dévoiler plusieurs insuffisances de l'environnement local des affaires, et aussi une bonne part des défis futurs. En effet, la Tunisie a reculé de six positions dans le classement du Doing Business 2012 et a perdu huit places à l'échelle internationale, selon le rapport sur la compétitivité mondiale 2011-2012 publié, mercredi, par le Forum économique mondial (WEF) de Davos. S'agit-il d'une défaillance structurelle de l'économie nationale ou seulement d'un passage conjoncturel délicat ? En effet, l'histoire a montré que dans toute phase de transition démocratique, l'économie passe par de nombreuses secousses avant de redémarrer. Elle obéit à une courbe en J : un phénomène de détérioration initiale suivi d'un redressement. Mais aussi, le secteur tant public que privé, souffre de plusieurs dysfonctionnements structurels entravant la bonne marche des affaires. D'après le rapport du WEF de Davos, le classement reflète «une incertitude croissante quant à la future orientation de la politique économique et une plus grande conscience des citoyens des faiblesses structurelles de l'Etat, résultant d'une évaluation plus négative des institutions publiques et privées». De toute évidence, l'incertitude qui a marqué la phase de transition qu'a traversé le pays, justifie la baisse des notations de la Tunisie. S'agissant du critère de l' «efficience du marché du travail», la Tunisie a régressé de 27 positions, passant à la 106e place. En matière d'infrastructure, elle perd 6 places, occupant désormais la 52e place mondiale. Pour ce qui est des «institutions», le pays a chuté de 18 places au 41e rang. Il n'atteint que la 29e place mondiale pour ce qui est de la «confiance publique dans les politiciens», la 35e place pour le «favoritisme dans les prises de décision gouvernementales» et la 39e place au niveau de «la transparence des politiques gouvernementales». Cependant, après les résultats des élections de la Constituante, les couleurs de l'assemblée sont connues et les tendances politiques et économiques sont de plus en plus claires, voire quasi définies, conformément aux programmes des trois principaux partis élus. D'un autre côté, le rapport Doing business 2012 : «Entreprendre dans un monde plus transparent», édité par la Banque mondiale (BM), évalue les réglementations mises en œuvre par les pays étudiés pour améliorer la capacité des entreprises locales à entreprendre. Pour ce faire, les pays sont classés en fonction de la facilité d'y faire des affaires sur la base de 10 domaines d'activités liés à la création d'entreprise, à l'octroi de permis de construire, au transfert de propriété, à l'obtention de prêts, à la protection des investisseurs, au paiement des impôts, au commerce transfrontalier et à l'exécution des contrats. Une rubrique portant sur le solutionnement de l'insolvabilité et sur l'accès à l'électricité constitue la nouveauté de l'édition 2012. Compte tenu de ces critères, l'amélioration du classement de la Tunisie est largement tributaire du rendement des services publics. Sur ce plan, une réforme des procédures administratives s'impose pour réduire les délais et alléger les charges des demandeurs et des employés du service public. A cet égard, il convient de préciser que l'administration tunisienne regorge de compétences, mais le dispositif mis en place ne permet pas une optimisation de ces ressources. En effet, dans des conditions de travail, peu confortables, parfois, ces compétences manquent de volonté et de motivation dans l'exercice de leurs fonctions. Du coup, la qualité des services rendus par la majorité des institutions publiques demeurent déplorables. Avec les prémices d'une stabilité politique et l'ambition des dirigeants des partis au pouvoir, le temps est pour les révisions et les réformes en vue d'améliorer le rendement des opérateurs publics. Pendant les prochaines années, on aura besoin d'un climat d'affaire propice à l'investissement et à l'entrepreneuriat pour réduire le chômage des jeunes et atténuer les disparités entre les régions.