•«Il y aura 20 mille jeunes Tunisiens qui seront aidés jusqu'à la fin 2015 et 20 mille autres par la suite, avec l'appui de la fondation CGI», selon le secrétaire général d'ENDA L'Association tunisienne des grandes écoles (Atuge) vient de confirmer l'annulation de son séminaire prévu au début de ce mois autour du thème «La gouvernance publique et paradoxes de l'autoritarisme et de la révolution en Tunisie». L'association annonce, par ailleurs, l'organisation, à Tunis, du mardi de l'Atuge, et ce le 22 novembre sur le thème «Sondages d'opinions entre visibilité et influence». L'Atuge vient de parachever les principales recommandations des différentes tables rondes et conférences de la 20e édition de son forum. L'évènement est annuel et organisé par les Atugéens et parrainé cette année par «HR Access». En tant que première manifestation post-révolution tunisienne, cette édition revêt une dimension symbolique. Les organisateurs annoncent qu'elle a suscité beaucoup d'intérêt eu égard à la grande acuité de la thématique. Tout au long du forum, les représentants du gouvernement, les entrepreneurs du secteur privé et les invités internationaux présents ont partagé leurs visions sur la manière dont la Tunisie, ses citoyens et ses alliés pourraient faire évoluer le pays vers un développement durable, et ce, en renforçant les acquis tels que la solidarité, le partage, la citoyenneté et débloquer son potentiel de croissance afin de ne pas passer à côté des buts de la révolution. M. Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales, qui a inauguré le forum, a expliqué les raisons qui ont conduit au soulèvement du peuple tunisien: «La justice sociale et l'équilibre régional représentent des impératifs pour la réussite de la révolution». Il a également évoqué «la nécessité de renforcer les liens entre le peuple et l'Etat ainsi que la solidarité entre tous les Tunisiens». M. Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional et local, a, pour sa part, noté que «le développement régional doit se faire dans un régime unitaire mais régionaliste, ce qui permettrait une réelle restructuration dans le pays». Pour M. Yadh Ben Achour, l'établissement de la Constitution et l'intégration du concept de bonne gouvernance restent essentiels dans les pratiques et non dans le texte constitutionnel. Le forum a permis de dégager les impératifs-clés pour aller vers un modèle efficace afin de sortir le pays des différentes crises qu'il rencontre actuellement comme la création de partenariats, la prise en charge du problème de l'emploi et de l'enseignement, la mise en place de politiques agricoles favorables, le développement des infrastructures, la recherche et le développement pour un meilleur accès au marché. Redécoupage administratif des régions Le forum s'est déroulé sur plusieurs espaces. Une première table ronde consacrée au «Rôle de l'Etat dans le développement régional : stratégies de développement, régulation, infrastructure, éducation et formation». M. Abderrazak Zouari a, dans ce cadre, relevé qu'il n'est plus question de raisonner sur des moyennes nationales, des indicateurs de développement tel que c'était le cas auparavant. Il faudrait exploiter des données détaillées par région pour mesurer notre performance et nos défis en matière de développement, sans quoi l'exercice budgétaire et le débat parlementaire ne peuvent être efficaces. Le ministère a lancé une réflexion sur la stratégie à mener et s'apprête à publier un Livre blanc sur ce sujet qui se base sur trois dimensions. En premier lieu, le lancement d'un plan de rattrapage dans les régions en retard de développement et dont l'Etat doit s'occuper. Ensuite, il est impératif de décloisonner les gouvernorats défavorisés de la bande côtière par un redécoupage administratif en cinq « régions de progrès». Enfin, il faut intégrer ces régions dans l'économie mondiale. Afin de réaliser ces objectifs, il faudra disposer de personnes compétentes et d' élus pour mettre en place ce concept de «régions de progrès». Une seconde table ronde a été tenue a l'occasion et avait pour thème «Vers une économie solidaire».M. Michael Cracknell, cofondateur et secrétaire général ENDA, a expliqué lors de son intervention qu'il faudrait remettre en cause ces politiques libérales, qui ont permis aux marchés financiers de n'avoir aucune limite, ce qui a conduit à une crise mondiale. Il faudrait repenser un autre modèle valable et surtout juste. M. Cracknell a indiqué, après présentation des dates clés d'ENDA et ses réalisations, que l'association a accordé 900.000 prêts dont 300.000 pour les micro-entrepreneurs. En 2005, ENDA comptait 17 antennes en Tunisie et en 2011 ils sont 65 antennes réparties sur tous les gouvernorats. M. Craknell a ensuite présenté, dans le même ordre d'idées, l'activité et les types de crédit accordés en insistant sur leur caractère apolitique qui soutiennent le tissu social (les bénéficiaires sont composés de 70% de femmes dont 30% rurales) . L'orateur a révélé une exclusivité durant le forum Atuge à propos de l'ENDA, qui vient d'intégrer le réseau de Clinton Global Initiative (CGI). Il y aura 20 mille jeunes Tunisiens qui seront aidés jusqu'à la fin 2015 et 20 mille autres par la suite, avec l'appui de la fondation CGI. Pour sa part, M. Mehdi Ben Abdallah, vice-président à British Gas, a présenté «La responsabilité sociale d'entreprise en Tunisie», et ce, en prenant l'exemple de sa propre entreprise. Selon lui, il serait fort opportun d'adopter quelques mesures d'urgence comme le fait de travailler étroitement avec l'autorité régionale et nationale, de maintenir la communication avec la population et les employés, d'effectuer un effort supplémentaire pour l'embauche, d'augmenter le financement à travers des micro-crédits en partenariat avec l'Etat... «Emploi : levier et axes d'amélioration» et «Modèle concret du développement d'une région» sont deux autres ateliers entrepris lors de ce forum. Lors de la conférence plénière de clôture, M. Mabkhout, partenaire associé chez Price Waterhouse Coopers, a fait une présentation d'un document élaboré en 2008, dans le cadre de la consultation nationale pour l'emploi, pour le compte de la présidence de la République, afin de comprendre les lacunes du système. Cette étude n'a pas été rendue publique et ses résultats qui restent d'actualité, montrent un cumul d'erreurs. Le premier constat concerne l'absence d'une stratégie de gestion du changement, puis l'étude relève que la fonction publique reste un maillon faible dans un marché compétitif. Le système universitaire a été délaissé avec un niveau de formation en déclin. L'absence de stratégie pour le développement régional. Autre lacune, la dégradation de la qualité de vie des Tunisiens, s'ajoute à cela un manque flagrant au niveau des TIC en plus d'une absence de toute opération d'audit objective et indépendante de l'Etat et de ses organes.