Par Rym GHACHEM-ATTIA Plusieurs jours après les élections, le Tunisien a retrouvé son quotidien, se préoccupant de la pluie qui tombe et qui risque d'inonder sa rue et des fins de mois difficiles. La saison de football ayant démarré, il va s'y remettre, qu'importe le Code du statut personnel, le manque de respect vis-à-vis des figures historique qui ont construit la Tunisie et bien d'autres choses bafouées. Je suis vraiment effrayée de ce manque de civisme et de responsabilité. Comment peut-on accepter que notre monde soit bouleversé en une semaine sans rien pouvoir y faire ? Petit à petit, le Tunisien ne va plus regarder la télévision tunisienne (il va regarder plutôt les chaînes étrangères) et va continuer à ne s'occuper que des études de ses enfants et de leurs cours privés, de ce qu'il va faire aux prochaines vacances ou encore comment va-t-il faire face aux dépenses de l'aïd donc il continuera à se débrouiller en faisant de petites magouilles à gauche et à droite qu'il justifie par la nécessité de vivre Non, la Tunisie mérite mieux et le Tunisien encore plus, mais il doit continuer à se mobiliser et ne pas penser que Dieu le fera pour lui Quand on entend que la Tunisie a toujours été préservée et que c'est par la volonté de Dieu que la Tunisie s'islamise mais c'est du délire (le dimanche des élections, le temps était magnifique alors que le dimanche d'avant et d'après, c'était une pluie diluvienne) La Tunisie a toujours eu dans sa population une majorité de musulmans mais sans se définir uniquement par sa religion. Depuis quand et selon quel critère un pays se définit par sa religion? Non, nous sommes tous Tunisiens et ce problème « identitaire » est un subterfuge ou encore le symptôme d'un mal-être. La Tunisie va mal et je parle au niveau de la santé mentale, toutes les statistiques le montrent mais nous ne sommes pas fous mais en souffrance. Beaucoup de frustrations et de spoliations ont rendu le Tunisien capable de justifier l'injustifiable. Celui qui fait deux boulots ou même trois, qui rentre «crevé» et irritable, la maman qui fait la cuisine, travaille et qu'on culpabilise à la maison et au travail de ne pas faire les choses comme il faut. Oui, la famille tunisienne souffre de toutes les injustices qu'elle subit et met toute son ambition dans l'avenir de ses enfants, en leur faisant porter un poids trop lourd Essayons de voir l'avenir ensemble et de façon moins égocentrique. Pensons à l'avenir du pays et soyons moins «nombrilistes». Il reste du travail à faire et beaucoup d'effort à consentir pour améliorer notre qualité de vie Ce n'est surtout pas en restreignant la femme aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants (noble tâche évidemment mais à partager avec le père) et l'homme à « ramener de l'argent » qu'on pourra résoudre ce mal-être On sait que le père doit s'impliquer dans l'éducation des enfants et que son exclusion est psychotisante pour l'enfant et on sait aussi qu'une mère trop fusionnelle est pathogène. Alors, messieurs dames, entraidez-vous à apprendre à vos enfants le civisme et leur rappeler le devoir de convaincre pour vaincre. Je terminerai par cette citation : «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pourrez faire pour votre pays».