• La qualité des institutions publiques et le mode de gouvernance politique sont des leviers de croissance économique. • En une seule génération, on peut passer d'un pays pauvre à un pays riche Le rapport entre le mode de gouvernance et le niveau de développement est bel et bien fondé. Récemment, le Dr Daniel Kaufman, Senior Fellow à Brookings, a indiqué: «Assurer une bonne gouvernance pourrait permettre de tripler le PIB par habitant». Ce qui permet à un pays pauvre, dont le PIB/ habitant est de 3.000 dollars, de passer au rang des pays avancés, avec un revenu par habitant de 9.000 dollars, en une seule génération. Du moins pour son pays, le Chili, ça a contribué à la réduction du taux de pauvreté de 40 à 15%. Chez nous, dans cette étape transitoire, les politiciens, le secteur privé et même les citoyens portent un intérêt grandissant à tous les facteurs et les variables susceptibles de favoriser une relance de l'économie et garantir, en conséquence, le processus de transition démocratique et l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Car le régime mafieux qui avait la mainmise sur tous les secteurs de l'économie s'est accaparé de la grande part des richesses nationales et a manipulé toutes les administrations et toutes les procédures pour chasser tout concurrent. Cette opacité des marchés nous a coûté plusieurs points de croissance, et des milliers de postes d'emploi. Environ deux points de croissance et 20.000 postes sont perdus annuellement. A cela s'ajoutent les effets collatéraux de la révolution qui ont alourdi les charges des entreprises et l'instabilité qui a généré la perte de 170.000 postes d'emploi. Résultat : plus d'un million de chômeurs, un tissu économique affaibli et un secteur financier réticent. Et la situation risque de s'aggraver. Dans une telle situation, les investisseurs nationaux et internationaux se posent des milliers de questions sur le nouveau mode de gouvernement, leur situation sur l'échiquier national et le sort de leurs affaires. Surtout que certaines des principales forces politiques du prochain gouvernement ont manifesté leur désaccord avec le plan jasmin économique et social de la Tunisie et les dettes contractées par le gouvernement de transition. M. Ridha Saïdi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, a déclaré que le plan sera révisé et que leurs partenaires estiment que le gouvernement en place a dépassé les limites de son mandat en acceptant les récentes offres de crédits. Quels que soient les plans adoptés, les investisseurs et les citoyens aspirent à un meilleur rendement des services publics. Pour ce faire, les réformes et les restructurations doivent commencer au plus tôt et toucher tous les secteurs. Les études ont montré que la qualité des institutions publiques et le mode de gouvernance sont des leviers de croissance économique. A court terme, dans cette période de flottement, les négociations budgétaires doivent commencer dans les plus brefs délais et en toute transparence. Il est recommandé de publier tous les travaux et les rapports sur le Net. En effet, les gouvernements futurs auront pour tâche de hisser la Tunisie au rang des pays structurés, les moins corrompus. De nos jours, selon l'indice « The Ibrahim Index of Africa Government», la Tunisie se place à la neuvième position, avec un score de 61,7, loin derrière les pays du sud du continent. Pour positiver, on dirait qu'on a une marge de progression.