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La croissance des pays à faible revenu: Réformes institutionnelles ou aide au développement ?
Publié dans L'expert le 07 - 09 - 2010

Rechercher et expliquer l'origine des différences de niveau de revenus et de bien-être qui existent entre pays riches et pays pauvres constitue une vieille préoccupation chez bon nombre d'économistes du développement. Pour quelles raisons certaines économies se développent-elles en créant de plus en plus de richesses tandis que d'autres semblent condamnées à s'appauvrir continuellement ? Et, surtout, comment les pays pauvres peuvent-ils rattraper leur retard par rapport aux pays riches ?
Pour caractériser la situation des pays sous-développés, on invoque généralement une multitude de facteurs tels que la faiblesse de l'enseignement, les insuffisances du système de santé, l'absence d'infrastructures, le retard technologique ou la désorganisation des marchés. Mais, au-delà de ces causes immédiates, les spécialistes du développement s'interrogent sur l'existence de raisons plus profondes qui expliqueraient la disparité de richesse et de prospérité entre les nations.
Quelles sont les causes fondamentales qui peuvent aider à comprendre, par exemple, que le revenu moyen aux Etats-Unis soit plus de vingt fois supérieure au revenu moyen dans les pays de l'Afrique subsaharienne ?
Si l'on met de côté l'intégration au commerce international qui demeure un facteur relativement controversé parmi les économistes, deux causes plus ou moins déterminantes sont généralement identifiées : la géographie et les institutions.
Les tenants de l'explication naturaliste soutiennent que les conditions géographiques jouent un rôle capital dans l'accumulation quantitative des facteurs de production et déterminent, par conséquent, le niveau de développement. Le climat, les ressources, le degré d'isolement ont une influence certaine sur la productivité, la qualité du capital humain et le degré d'intégration au commerce international.
La plupart des pays les plus pauvres ne se trouvent-ils pas aujourd'hui dans des zones soit très enclavées, soit très chaudes, souvent autour de l'équateur, où sévissent, de surcroît, les grandes endémies tropicales ?
Mais la corrélation mise en évidence empiriquement n'est pas suffisante pour établir un lien de causalité entre la croissance et la situation géographique ou le degré d'ouverture.
L'abondance de ressources naturelles peut être un facteur d'appauvrissement
Elle n'exclut pas non plus que l'abondance de ressources naturelles peut, dans certaines conditions, être un facteur d'appauvrissement. Dans les années 1970, l'exploitation des gisements pétrolifères et gaziers a souvent donné lieu à un processus de désindustrialisation (syndrome hollandais). En outre, l'une des principales critiques formulées à l'endroit de l'explication naturaliste est précisément tirée de l'observation historique. Beaucoup de régions du monde, jadis prospères, sont aujourd'hui sous-développées; d'autres qui étaient pauvres se sont considérablement enrichies. Au regard du critère géographique, les potentialités naturelles des unes et des autres auraient dû pourtant induire une évolution économique plus cohérente.
Il est de plus en plus admis que l'abondance ou l'insuffisance de ressources naturelles n'est pas le facteur le plus déterminant dans la destinée économique d'un pays.
De nombreux travaux réalisés au cours de ces dernières années indiquent qu'il faut chercher plutôt les facteurs explicatifs de la croissance à long terme dans les institutions sociales entendues comme l'ensemble des conventions, normes et procédures qui régissent les relations entre les acteurs économiques.
Les institutions jouent un rôle primordial dans l'amorce du processus de développement économique et, surtout, dans sa pérennité. C'est, généralement, dans les sociétés où les droits de propriété sont respectés, le pouvoir des gouvernements limité et l'égalité des chances assurée à tous les citoyens que l'on a observé une dynamique continue de création de richesse au cours du siècle dernier.
Plusieurs études économiques faites notamment par le Fonds
Monétaire International tendent à confirmer que l'amélioration des institutions a une incidence significative sur le revenu et croissance. La qualité des instructions semble avoir également un effet important sur l'instabilité de la croissance économique
Plus la qualité des institutions s'améliorent, plus l'instabilité de la croissance se diminue.
Une double exigence
Ces études induisent que, pour impulser et stimuler à long terme la croissance dans des pays comme ceux de la région subsaharienne, des réformes institutionnelles profondes sont nécessaires. Ces réformes supposent que le profil et les prérogatives des « bonnes institutions » à mettre en place soient identifiés dans le cas de chaque pays.
D'une manière générale, il semble que celles-ci doivent répondre à une double exigence.
Elles doivent pouvoir générer la confiance de manière à attirer les investissements, à encourager la formation des ressources humaines et à favoriser le progrès technologique. Mais elles doivent, en outre, être adaptées à l'héritage historique et au contexte socioéconomique des pays africains.
Il va sans dire cependant que, quelque soit le choix fait en matière institutionnelle, celui-ci requiert un minimum de consensus social qui garantit l'adhésion des citoyens et concourt à la stabilité politique.
Les économies africaines présentent une grande vulnérabilité aux chocs exogènes. Dans les années 70, la forte augmentation des prix du pétrole a entraîné un brutal ralentissement de la croissance de ces économies.
Plus récemment encore, les pays africains au Sud du Sahara ont vu leur croissance subitement ramenée, sous l'effet de la crise financière internationale, à moins de 1,5% en 2009 après avoir enregistré un taux de l'ordre de 5 % durant la décennie précédente.
L'expérience enseigne que les répercussions des chocs extérieurs provoquent toujours un accroissement des inégalités et de la pauvreté et constituent une source de conflits sociaux et de risques de désordre interne. Seules des institutions nationales à la fois performantes et bien ancrées dans les réalités sociales du pays peuvent gérer ces conflits sans briser la dynamique de développement.
Cette nécessité de tenir compte des spécificités historiques et culturelles n'est pas propre à l'Afrique. Les pays en développement qui ont réussi leur démarrage économique ne se sont pas contentés d'importer des modèles institutionnels préconçus. Pour asseoir leur prospérité, ils ont emprunté des chemins nouveaux et souvent divergents en fonction de leurs propres particularités.
La forme des institutions peut, par conséquent, varier dès lors qu'elles remplissent leur fonction et, au bout du compte, inspirent la sécurité et la confiance aux investisseurs.
L'exemple de pays comme la Chine montre en effet de manière spectaculaire que des dispositifs institutionnels différents des standards traditionnels peuvent produire de meilleurs résultats en termes de protection de la propriété, d'incitation du marché ou de stabilité macroéconomique.
Dans le même temps, ces pays ont adopté des politiques publiques en adéquation avec leurs choix institutionnels.
S'il est parfois difficile de dissocier l'impact de la qualité des institutions proprement dites de celui des politiques mises en œuvre, il est néanmoins établi que, pour avoir des chances de succès, l'action des pouvoirs publics doit nécessairement s'appuyer sur de bonnes institutions. Certes, le rôle des gouvernements demeure sensible dans le processus de gestion de la croissance mais, en l'absence d'institutions appropriées, les politiques économiques ne peuvent avoir, en définitive, que des effets limités voire négatifs.
Nonobstant l'importance du paramètre institutionnel, réduire la condition du développement à l'existence de « bonnes institutions » est une simplification peut-être séduisante mais sans doute abusive. En schématisant, cela reviendrait à dire, par exemple, que l'Angleterre ou les
Etats-Unis se sont développés uniquement parce qu'ils ont su se donner de « bonnes institutions ». Quelque soit la prépondérance du rôle des institutions dans le processus de croissance de ces pays, on ne peut pas ignorer l'influence de facteurs tels que la dotation en ressources naturelles, ni faire table rase des conséquences de phénomènes historiques majeurs tels que le colonialisme ou la traite des esclaves.
Un alibi idéologique
Parce qu'elle enseigne que le sous-développement résulte simplement de la carence des institutions nationales, l'explication institutionnelle est, en outre, souvent accusée de servir d'alibi idéologique destiné à exonérer les pays riches de la responsabilité morale et historique d'aider les pays les moins avancés (PMA).
Les problèmes auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres sont aujourd'hui d'une complexité et d'une acuité telle que les recettes de « bonne gouvernance » ne sauraient, à elles seules, en venir à bout.
Les institutions financières internationales qui les ont préconisées depuis les années 90, en
Afrique notamment, ne sont pas arrivées à assurer une croissance durable, ni à améliorer de manière significative la bonne gouvernance dans ces pays.
Leurs efforts se sont heurtés, entre autres obstacles, au manque de ressources, à la faible productivité, au retard technologique, à l'exiguïté des marchés et à l'insuffisance des infrastructures dans les secteurs de la santé et de l'éducation. En dépit des réformes structurelles, du désengagement de l'Etat et de la libéralisation des marchés, les programmes suivis n'ont pas été capables, en définitive, d'attirer les investissements nécessaires pour soutenir une croissance durable.
Les résultats d'une étude réalisée en 2008 sur les caractéristiques institutionnelles de 85 pays montrent que les pays africains concernés, à l'exception du Botswana, présentent un profil qui les classe parmi le groupe des pays en développement les plus pauvres ou pays dits « divergents » par rapport aux pays dits « convergents » c'est-à-dire les pays qui ont accumulé assez de ressources pour amorcer de manière décisive leur décollage économique. Pour ces derniers, l'application de réformes visant à instaurer les règles de bonne gouvernance dans le fonctionnement de l'économie et de la société semble en effet être le chemin indiqué pour rattraper le niveau de vie des pays développés. En revanche, les pays à faible revenu, quant à eux, auraient besoin avant tout de ressources supplémentaires pour pouvoir s'arracher à l'emprise de la pauvreté.
L'échec des politiques de développement mises en œuvre depuis les années 90 dans les pays de l'Afrique subsaharienne résulterait, en grande partie, de la non-prise en compte de cette exigence.
Dans son remarquable rapport, la Commission sur la Croissance et le Développement présidée par le prix Nobel d'économie Michael Spence souligne qu'« aucun pays n'enregistre de croissance rapide et durable sans maintenir un taux extrêmement élevé d'investissement public dans l'infrastructure, l'éducation et la santé».
La question n'est plus de savoir si l'existence d'institutions capables de protéger les droits de propriété, de garantir la juste application des lois et de conjurer la corruption a un impact positif sur la croissance du PIB et sur les performances économiques d'une manière générale.
Elle est plutôt de savoir si, s'agissant des pays à faible revenu, un cadre institutionnels amélioré est, à lui seul, suffisant pour promouvoir le développement.
Les changements institutionnels les plus vertueux ne peuvent donner des résultats déterminants dans un contexte marqué par l'absence d'infrastructures, la carence d'investissements étrangers et la rareté des ressources locales.
« Le piège de la pauvreté »
C'est la première contrainte qui entrave la croissance économique. Ces pays sont pris dans ce que J. Sachs appelle le piège de la pauvreté duquel ils ne pourront se dégager sans une forte impulsion de l'aide provenant de la communauté internationale.
Certaines réticences traditionnelles à l'augmentation de l'aide publique commencent à céder.
Après y avoir longtemps adhéré, bon nombre d'institutions de développement commencent à remettre en cause l'idée selon laquelle, la « capacité d'absorption » des pays les plus démunis étant limitée, tout surplus d'aide est forcément gaspillé.
Les bailleurs de fonds deviennent en outre plus enclins à juger les résultats des politiques publiques plutôt que les instruments mis en œuvre pour y parvenir. Il en découle une plus grande responsabilisation des gouvernements des pays bénéficiaires.
Aujourd'hui, les bailleurs de fonds sont dans l'ensemble acquis à l'idée que les pays les plus pauvres ont besoin à la fois d'une croissance forte et soutenue. Or l'amélioration du cadre institutionnel est de nature à favoriser la croissance sur le long terme mais, pour initier une croissance vigoureuse, une aide extérieure d'envergure est indispensable.
Les auteurs du rapport de la Commission sur la Croissance et le développement précité font le constat que « les pays en développement ne peuvent croître sans l'aide des pays avancés».
C'est encore plus vrai pour les plus sous-développés d'entre eux, notamment en Afrique.
Malgré les nombreuses déclarations d'intention, les concours extérieurs apportés à ces pays sont restés en deçà du seuil critique capable d'enclencher un processus de croissance durable.
Avant que l'épargne nationale ne soit en mesure de prendre le relais en vue de financer les investissements que requiert une économie en phase d'expansion, il est nécessaire, pour briser le cercle vicieux de la pauvreté, d'accroître massivement le volume de l'aide publique au développement.
L'idée d'une sorte de Plan Marshall pour l'Afrique, prônée souvent au niveau international, donnerait au continent une réelle opportunité de parvenir à une croissance économique à long terme à condition que les engagements maintes fois pris par la communauté des bailleurs de fonds soient suivis d'effet.
Selon les spécialistes, les besoins de financement d'un tel plan peuvent être couverts par une contribution des pays riches de l'ordre de 0,5% de leur revenu national brut soit beaucoup moins que la contribution minimale de 0,7% recommandée, en vain, par les Nations Unies depuis l'année 1970.

Choisi par Raoul FONE,
Source : Cercle des économistes


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