Par Ezzeddine Ben Hamida Faut-il répondre à la haine par la haine ? L'exécution du Tunisien Yousri Trigui, un mercredi matin en Irak, est aussi barbare et haineuse que ses actes. Un jeune désœuvré et en perte de repères qui est allé rejoindre ses frères Irakiens en pensant ainsi réaliser un acte de bravoure, de patriotisme et de nationalisme arabe ; il s'est retrouvé, hélas, au bout d'une corde pendu comme un vulgaire criminel, violeur de petite fille. Mes propos ne justifient en rien les actes de notre –tout de même- compatriote. Si sa cause demeure, à mes yeux, juste ; en revanche, je récuse entièrement et catégoriquement la manière dont il a opéré, qui est détestable et haïssable. Quoi de plus noble que de défendre sa patrie et sa nation contre l'envahisseur et l'occupant. Toutes les nations dignes de ce nom ont consenti, en effet, des sacrifices pénibles et terribles pour acquérir et préserver leur souveraineté. Toutefois, commettre odieusement des attentats et s'attaquer ainsi à des citoyens innocents est par nature inqualifiable et par conséquent impardonnable. Les jeunes arabes qui rejoignent des mouvements de résistance dans des pays frères ne font pas exception. Nombreux sont les jeunes Occidentaux et particulièrement Français de l'extrême-droite, des scouts catholiques, qui ont rejoint les milices criminelles de Ratko Mladic et de Rodovan Karadzic en Bosnie-Herzégobine au début des années 1990. En réalité, c'est le manque de projet politique — autoritarisme exacerbé — et d'avenir économique qui a poussé certains jeunes musulmans ou arabes à rejoindre des mouvements extrémistes. Saddam Hussein et notre misérable déchu sont autant responsables de ces actes odieux que leurs investigateurs. Pire encore, certains dirigeants occidentaux ne seraient-ils pas aussi responsables de ces crimes que nos anciens dictateurs ? Concrètement, la préoccupation fondamentale de nos jeunes est celle de décrocher des emplois dignes de ce nom. Des emplois stables et pérennisés qui leur permettent de fonder des foyers, des familles, de voyager et de rêver. Offrons donc à nos enfants et à nos jeunes la possibilité de rêver plutôt que d'aller se battre pour des causes qui pourraient trouver des issues heureuses par la négociation et la voie diplomatique. Pour finir, je lance un appel solennel aux nouvelles autorités tunisiennes pour abolir la peine capitale de notre Code pénal et d'inscrire cette abolition dans la nouvelle Constitution. Il ne faut donc pas répondre à la haine par la haine et à la barbarie par la barbarie.