Par Kraïem YOUSSEF Je tiens par le présent article à vous rappeler qu'en Tunisie, qui est un pays de droit, nous avons des lois et des institutions. Nous aurons bientôt une nouvelle Constitution. Pour ces raisons de civilité et de citoyenneté, la fatwa, décision unilatérale de je ne sais quoi que vous ne cessiez de prêcher tout au long de votre carrière de violence, ne s'inscrit ni dans notre culture, ni dans nos lois. Gardez cela pour vous et foutez-nous la paix. Je ne juge pas les intentions, mais je note que le parti islamiste Ennahdha ne se reconnaît pas en vous et n'épouse pas vos idées. La tolérance et la raison n'ont paraît-il pas de sens chez vous. Sinon comment expliquer l'appel au meurtre contre les dirigeants des pays du Maghreb. Votre comportement violent au nom de la religion n'engage que votre propre personne. La dernière preuve est donnée ces derniers jours, lorsque vous avez appelé au meurtre en direct à la télévision Al Jazeera. «Je lance une fatwa d'assassiner Mouammar Al Kadhafi, de l'exécuter sans attendre». Pourquoi ne l'avez-vous pas fait pour H. Moubarak et biens d'autres ? Les médias occidentaux ont sauté sur cette occasion inespérée pour conforter leurs thèses sur l'Islam, surtout que cela vient d'une référence religieuse «incontestée». Votre Islam n'est pas le nôtre. Notre Islam prêche la tolérance et le respect de l'autre. Chez nous en Tunisie, l'appel au meurtre sans même passer à l'acte est un crime condamnable. Vous ne faites que déchaîner les masses, l'un sunnite, l'autre chiite, l'un est mécréant, l'autre doit mourir, et ainsi de suite. En un mot, vous êtes un homme dangereux et pour les Arabes et pour l'Islam. Je reconnais que vous maniez bien le verbe et la rhétorique pour les gens simples, dans le but d'exacerber les luttes confessionnelles. Vous entraînez ainsi les foules dans un cercle de violence. Votre principal mobile se base sur la violence. A titre indicatif et surtout pas limitatif (vos exemples de haine sont illimités), je vous rappelle votre intervention sur les caricatures de notre Prophète. Au lieu de répondre par la raison, vous appelez au meurtre. Vous avez bien dit : «Quiconque est en colère et ne déchaîne pas sa colère est un âne, et nous ne sommes pas une nation d'ânes qu'on chevauche, nous sommes des Lions qui rugissent! Nous sommes des lions qui protègent nos tanières et lavons l'affront subi par ce qui nous est sacré. Nous ne sommes pas un peuple d'ânes, mais un peuple qui se déchaîne pour l'amour d'Allah, de son Prophète et de son Livre...Nous devons nous déchaîner et le montrer au monde entier...». Un bon prédicateur devrait dire nous sommes un peuple éduqué, cultivé qui ne prête pas attention aux idioties et aux comportements malveillants touchant notre Prophète. Notre sublime religion est tellement noble qu'en ne peut descendre aussi bas. Pourquoi l'appel au meurtre uniquement contre les dirigeants du Maghreb et de Syrie ? Est-ce religieux ou intentionnellement politique ? Et les pays du Golfe dans tout cela. Bahreïn, Arabie Saoudite, etc. Vous considérez que la révolte des peuples contre leurs dirigeants et leurs aspirations démocratiques constituent des causes légitimes que la morale islamique encourage. Pour Le Bahreïn, pays gouverné par une monarchie autoritaire sunnite dont la majorité de la population est chiite, vous vous rétractez pour expliquer qu'il ne s'agit nullement de révolte d'un peuple contre le despotisme mais d'une révolution confessionnelle des chiites contre des sunnites. Par contre, pour la Libye où les Sarkozy et compagnie occidentaux sont venus bombarder la population, il s'agit d'une révolte ! Allons Monsieur, un peu de raison quand même. Votre Islam sur la brutalité de la répression des services de sécurité contre des manifestants pacifiques change complètement de sens. Là vous imposez le clivage doctrinal entre sunnites et chiites. Enfin, concernant les femmes, c'est la misogynie au pluriel. Dans votre livre sur le licite et l'illicite, vous dites: « L'homme est le seigneur de la maison et le maître de la famille d'après sa constitution, ses prédispositions naturelles, sa position dans la vie, la dot qu'il a versée à son épouse et l'entretien de la famille qui est à sa charge. Pour toutes ces raisons, la femme ne doit pas se rebeller contre son autorité, provoquant ainsi la détérioration de leur association, l'agitation dans leur maison ou son naufrage du moment qu'elle n'a plus de capitaine. Quand le mari voit chez sa femme des signes de fierté ou d'insoumission, il lui appartient d'essayer d'arranger la situation avec tous les moyens possibles en commençant par la bonne parole, le discours convaincant et les sages conseils. Si cette méthode ne donne aucun résultat, il doit la bouder au lit dans le but d'éveiller en elle l'instinct féminin et l'amener ainsi à lui obéir pour que leurs relations redeviennent sereines. Si cela s'avère inutile, il essaie de la corriger avec la main tout en évitant de la frapper durement et en épargnant son visage. Ce remède est efficace avec certaines femmes, dans des circonstances particulières et dans une mesure déterminée. Cela ne veut pas dire qu'on la frappe avec un fouet ou un morceau de bois». Je tiens à vous rappeler qu'en Tunisie les préceptes de l'Islam sont bien appliqués. Il n'y a pas de capitaine à bord, mais une vie de famille où chaque partie du couple a un rôle bien précis à jouer. Ici on partage, on ne règne pas.