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Les iconophobes tunisiens de l'an de grâce 2011
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 11 - 2011


Par Adnan Louhichi
« Les arts et les sciences sont le produit de la pensée qui distingue l'homme des animaux » Ibn Khaldun, Al-Muqaddima - (trad Vincent Monteil t.2 p. 817-818)
La fureur des groupuscules iconophobes en réaction à la projection de Persepolis sur Nessma TV aurait pu passer inaperçue si elle n'avait pas dégénéré en actes de violence et de déprédation à l'encontre du domicile de Nabil Karoui, propriétaire de cette chaîne de télé. La police a fait son devoir: interpellation et arrestation de quelques déprédateurs. La justice a fait son devoir en les jugeant. Verdict : une amende de 9… DT. Combien ça coûte de griller un feu rouge pour un automobiliste ? Bon passons. Moi je dis qu'on a le droit de manifester publiquement pour défendre une cause ou pour désapprouver une idée ou un choix politique ou encore un film, à condition de le faire pacifiquement et de respecter le règlement régissant les manifestations.
La contestation ne s'arrêta pas là puisque «les avocats iconophobes» ont surgi pour intenter un procès contre Nabil Karoui et ses collaborateurs. Le procès est en cours et je n'ai pas la compétence d'un juriste pour évaluer sa conformité aux lois en vigueur. Néanmoins, en tant que citoyen tunisien attaché au droit à la libre expression, je dis que ce procès est en soi scandaleux pour un pays qui vient de déboulonner une dictature féroce et qui s'évertue à instaurer une démocratie garantissant les libertés individuelles. Et si Nabil Karoui était le réalisateur du film, qu'aurait-il encouru ? Le lynchage ? Une longue peine de prison? Ce procès est un précédent grave. Ce procès est un glissement inquiétant vers la tyrannie des idées. La tyrannie est plus redoutable que la dictature, surtout lorsqu'elle est sous-tendue par le dogme. Une question à l'adresse des juges chargés du procès : vous jugez un délit ou un prétendu péché ? A vous de juger.
L'autre jour, des élèves d'un lycée de la capitale se répandirent en invectives contre leur professeure de dessin d'art. La raison : l'Islam (le leur) interdit les images. L'Ecole des Beaux-Arts de Tunis a aussi été la cible des iconophobes. Ils ont tagué (ils taguent eux aussi) sur les murs de l'Ecole des graffitis hostiles à l'enseignement des arts plastiques. D'autres incidents similaires se sont produits au campus de Tunis, à Kairouan contre une professeure qui donnait un cours sur Michel-Ange...
Avoir si peur des images, c'est leur accorder des pouvoirs qu'elles n'ont pas. Persepolis de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi n'est qu'un film. Ni Dieu, ni Maître de Nadia Elfani n'est qu'un film. Ce comportement, inédit jusque-là en Tunisie, est mené par des fondamentalistes qui sont en fait redevables de leur liberté à la Révolution du 14 Janvier. Cette liberté si chèrement payée par les Tunisiens, ils l'utilisent d'une manière déloyale et belliqueuse pour museler ceux qui ne pensent pas comme eux. D'ailleurs, leur action est foncièrement hypocrite aussi puisque avec Internet et les centaines de chaînes de télé disponibles, on peut regarder dans le confort de son salon tout ce qu'on veut comme films.
La société civile peut jouer un grand rôle par rapport à ce qui se passe. La persuasion serait la meilleure conduite à tenir. Nos ulémas se doivent d'intervenir en mettant en exergue les vraies valeurs de l'Islam : la tolérance, le respect des biens et des personnes. Les ténors politiques, tous partis confondus, se doivent de condamner catégoriquement ces menées qui nuisent à l'ordre public, à la sérénité de nos temples du savoir et qui visent à semer la terreur dans le cœur des artistes. Enfin, le nouveau gouvernement se doit d'agir au plus vite en promulguant des lois garantissant la sécurité des enseignants et la liberté d'expression des médias, des artistes et des penseurs, en prenant des mesures visant à rendre la culture et les arts accessibles à tous afin de prémunir la société contre les fanatiques car «dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit » (Victor Hugo, L'art d'être grand-père).


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