Le système national d'innovation et de recherche scientifique est en construction. Bien qu'il souffre de barrières et de freins, qu'il convient d'éliminer et de délimiter, les acteurs principaux qui œuvrent pour la promotion de la recherche et de l'innovation collaborent ensemble pour la mise en place d'un projet d'appui susceptible de dynamiser ce secteur, levier stratégique de développement socioéconomique. Ce projet, financé par l'Union européenne à hauteur de 12 millions d'euros, et dont la durée de réalisation s'étale sur quatre ans (2011-2014), vise à apporter des solutions aux principaux problèmes identifiés au niveau des différents acteurs de la chaîne de l'innovation. Ce qui va de l'entreprise qui est en relation directe avec le marché de la consommation et de l'emploi en arrivant au laboratoire de recherche qui produit la connaissance scientifique et technique, en passant par tout l'éventail des intervenants institutionnels, administratifs, financiers, techniques et universitaires. Ces facteurs sont supposés appuyer la transformation de la connaissance technique en produits ou services matériels. Ce projet et bien d'autres thèmes ont été largement examinés lors d'un atelier organisé hier à Tunis par l'Observatoire national des sciences et de la technologie (Onst) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD), au cours duquel les participants ont mis l'accent sur la coopération avec les pays méditerranéens dans le cadre du Projet «Mira», projet inscrit dans le cadre du 7ème Pcrd-capacités, activités de coopération internationale. L'objectif de ce projet est la création d'un instrument de coordination entre les activités des différentes institutions de l'Union européenne et des pays partenaires du pourtour méditerranéen dont la Tunisie, pour contribuer à la mise en œuvre de la Politique Européenne de Voisinage. La question de l'innovation est au centre des préoccupations des pays de l'Union européenne. Un nouveau cadre stratégique a été adopté en 2011, combinant trois aspects. Il vise en premier lieu à doter l'UE d'une base scientifique du meilleur niveau mondial stimuler la compétitivité dans tous les domaines et à s'attaquer à de grands défis sociaux (changements climatiques, utilisation rationnelle des ressources, sécurité énergétique et alimentaire, santé et vieillissement de la population ». Deuxièmement, il s'agit de rendre le financement par l'UE plus attractif et accessible pour les chercheurs et les entreprises. Par ailleurs, le cadre commun simplifiera le financement en couvrant l'ensemble de la chaîne d'innovation et en incluant la recherche fondamentale, la recherche appliquée, la collaboration entre universités et entreprises ainsi que l'innovation au niveau de l'entreprise. C'est cette expérience que l'Union européenne souhaite faire partager à son partenaire tunisien. Ainsi, la première étape a été marquée par le démarrage du projet d'appui au système de recherche et d'innovation qui va permettre notamment de rapprocher le monde de la recherche de celui de l'entreprise et d'intensifier les partenariats tuniso-européens dans les domaines de la recherche et de la technologie. Les trois objectifs du Pasri L'intervention du projet d'appui au système de recherche et d'innovation s'articule autour de trois objectifs. Il s'agit d'abord de renforcer les mécanismes de gouvernance du système national d'innovation qui régissent les relations entre les acteurs institutionnels et les entreprises, de dynamiser ensuite le milieu de la recherche ainsi que le milieu économique et l'interfaçage pour favoriser une meilleure synergie entre les acteurs et développer des relations de projet entre eux, destinés à satisfaire les priorités sectorielles et les besoins des entreprises et, enfin, à promouvoir des projets innovants. Ledit projet vise également à développer le «réseautage» au niveau national et international et à renforcer la capacité de la Tunisie à intégrer les programmes de recherche européens. Dans le cadre de ces différents axes, le Pasri agit sur des activités structurantes contribuant à la construction des bases d'un système national de recherche et d'innovation, la formation de nouveaux profils professionnels indispensables au fonctionnement des institutions, le diagnostic et l'appui aux instruments financiers dédiés à l'innovation… L'innovation technologique constitue l'enjeu stratégique sur lequel reposent les fondements de la compétitivité de l'entreprise. Des ambitions stratégiques Le ministère de l'Industrie et de la Technologie s'attache à la réalisation des objectifs liés à l'innovation et au développement technologique à travers le programme national de promotion de la recherche et de l'innovation (Pnri), inscrit dans les orientations de la stratégie de développement de l'industrie tunisienne à l'horizon 2016. Pour mettre en œuvre ce programme, un décret-loi portant création du Pnri et fixant les conditions et les modalités de son intervention est paru en août 2011. Ce programme a pour finalité le financement des projets de recherche, d'innovation, d'amélioration de la qualité des produits des entreprises industrielles, de développement de leurs capacités concurrentielles et de modernisation des mécanismes de production, et ce, à travers le renforcement de la coopération et du partenariat entre les entreprises industrielles, les structures de recherche et les centres techniques. Il est à noter que le ministère de tutelle contribue à hauteur de 80% du coût du projet de recherche et d'innovation, dans les limites de 200 MD. Quant à l'entreprise, sa contribution s'élève à 20% du coût global du projet. Les huit centres techniques industriels relevant du ministère de l'Industrie et de la Technologie ont identifié huit projets de recherche et d'innovation qui pourront bénéficier de l'aide financière du Pnri.