• Un taux de croissance de 4,5% • Création de 75.000 postes supplémentaires • Augmentation des investissements de 18,4%v Un peu moins d'un an après la révolution tunisienne, l'économie tunisienne n'arrive pas encore à afficher des signes positifs, du moins rassurants. C'est toujours le flou total. Cela est d'autant plus vrai que cette révolution a tellement saigné, en profondeur surtout, le budget économique national qu'on parle aujourd'hui d'un coup de ralentissement préoccupant, et même de chute libre au niveau des différents indicateurs. Et la situation risque, et c'est bien ce qui inquiète le plus, de s'aggraver pour se transformer en une crise réelle, comme le craint la Banque centrale de Tunisie (Voir article et commentaire sur le sujet). Un tel constat a imposé le lancement de plans d'actions bien précis qui seraient en mesure de constituer des sorties de secours à cette situation préoccupante. De ce fait, l'on peut dire que le projet du budget économique pour l'année 2012 s'inscrit dans cette logique. Il propose un schéma de développement qui s'inspire totalement du projet économique et social quinquennal, proposé, depuis des mois déjà, par le gouvernement de transition, et qui a cherché à instaurer des réformes à court terme, et donc d'urgence. Ainsi, après avoir dressé un diagnostic de la conjoncture économique actuelle, le schéma de développement retenu passe aux projections. De ce fait, misant sur la capacité de l'économie tunisienne à se relancer , le projet pour l'année 2012 table sur une croissance d'environ 4,5%, ce qui aurait pour mérite de satisfaire les demandes additionnelles d'emploi. Cette croissance, plutôt optimiste, trop même, est qualifiée par le projet d'équilibrée car elle reposerait sur une meilleure contribution aussi bien de la demande intérieure que par l'export. Et c'est surtout ce dernier facteur qui serait en mesure de donner une certaine satisfaction après un ralentissement inquiétant tout au long de cette année. En effet, selon le projet du budget économique, les exportations des biens et services progresseraient de 7% contre une régression de 2,4% en 2011. Cette reprise des exportations tiendrait compte du bon comportement de certains secteurs, encore stratégiques, et notamment les IME avec +15% en perspective et le textile et le cuir avec +8%. D'un autre côté, on table sur une progression des investissements de 18,4% après une baisse importante en 2011, ce qui porterait leur participation au PIB à 24%, tout en accordant un intérêt particulier à la dynamisation des investissements dans le secteur public et notamment au niveau de l'infrastructure de base dans les zones intérieures. Au niveau de l'emploi, les projections misent sur la création de 75.000 postes supplémentaires, ce qui permettrait de couvrir toutes les demandes additionnelles. Toutefois, pour espérer concrétiser réellement un tel objectif, il est nécessaire d'activer encore plus les différents programmes chargés du dossier de l'emploi. En parallèle, et tenant compte de la conjoncture actuelle, le souci serait porté au cours du prochain exercice vers le maintien du déficit budgétaire dans une proportion ne dépassant pas les 6%, bien qu'elle soit qualifiée de bien élevée et donc préoccupante. Cela est d'autant plus vrai qu'un tel niveau de déficit implique automatiquement de nouveaux besoins en matière de financement, notamment extérieur. Réformes structurelles D'ailleurs pour satisfaire ces nouvelles exigences, les efforts seront orientés vers l'amélioration du niveau d'attraction des investissements directs étrangers ou encore les financements à avantages préférentiels, de telle sorte que le taux d'endettement ne dépasserait pas les 38,8%. Il faut rappeler à ce propos que ce taux a nettement progressé l'année dernière pour passer ainsi de 36,9% en 2010 à 38,2%. Toutefois, pour espérer concrétiser réellement tous ces objectifs, un intérêt particulier sera accordé à l'approfondissement des réformes structurelles avec le souci d'améliorer la qualité d'interventions des agents économiques, et à élargir encore plus les incitations à l'initiative privée et au travail indépendant, à améliorer l'environnement des affaires, à parfaire la concurrence économique à travers la garantie de la transparence, la modernisation du cadre d'entrepreneuriat, la modernisation de l'administration , et la généralisation des zones économiques. Sur ce dernier point, le projet de 2012 prévoit la réalisation de 24 nouvelles zones industrielles dont 17 au niveau régional, le réaménagement de 9 autres zones ainsi que la garantie d'une réserve foncière de 150 hectares. En plus de toutes ces dispositions, et avec l'espoir de retrouver une certaine dynamique économique selon une échelle de priorités bien définie, le nouveau schéma de développement prévoit la révision du Code d'incitation à l'investissement, l'amélioration du niveau d'encadrement des promoteurs, et la promotion des activités à haute valeur ajoutée. Mieux encore, et toujours avec l'objectif de concrétiser les différentes orientations retenues pour l'année 2012, le schéma de développement compte sur une meilleure implication de certains secteurs qu'on peut qualifier désormais de stratégiques. On pense surtout au secteur bancaire, toujours timide mais qui est en mesure de constituer une bonne solution de financement de l'investissement hautement efficace pour peu qu'il développe et diversifie ses mécanismes d'interventions, et surtout qu'il se montre plus entreprenant. On pense également au secteur de l'exportation qui est appelé à améliorer son niveau d'intégration dans les circuits internationaux, à la faveur surtout de la mise en application du troisième programme de promotion des exportations. La réalisation des objectifs fixés par le projet du budget économique pour l'année 2012 repose, par ailleurs, sur la relance des différents secteurs affectés par la conjoncture aussi bien locale qu'internationale et qui sont appelés désormais à retrouver leur dynamisme habituel et pourquoi pas en faire mieux. On pense en particulier aux secteurs du tourisme, et du transport. Pour prétendre réellement à cette relance sectorielle, il est important avant tout de valoriser davantage la composante innovation, la recherche et le développement notamment au niveau industriel, et également au niveau du secteur des services, le tout dans l'optique d'une offre à forte contenu technologique. Autre orientation prioritaire du schéma de développement, la concrétisation des différentes stratégies sectorielles et leur adaptation avec les exigences de l'étape à venir, tout en accordant, bien entendu, la priorité aux régions intérieures et surtout à la consolidation et la valorisation de leurs spécificités. En plus de l'économie, le projet du budget économique pour la prochaine année a retenu de multiples et importantes mesures qui cherchent dans leur ensemble l'élargissement du réseau de soutien aux populations défavorisées, l'amélioration du niveau du vie du citoyen et la garantie de son bien-être.